Le journal classé à gauche titre « Mains sales, tête basse » en première page. Une référence au slogan du Front national lors des législatives de 1993.
PRESSE – « Mains sales, tête basse ». C’est avec ces mots imprimés en gras et une photo de Marine Le Pen en noir et blanc, semblant avachie, que le journal L’Humanité représente en Une, ce mardi 1er avril, la « défaite » du Rassemblement national après la condamnation de sa cheffe de file à une inéligibilité immédiate pour cinq ans.
Le titre choisi par le quotidien, fondé par Jean Jaurés et classé à gauche, est une référence à un slogan emblématique du Front national (FN), ancien nom du parti d’extrême droite devenu le RN. Lors des législatives de 1993, alors que Jean-Marie Le Pen est président du parti, le FN scandait : « Mains propres, tête haute ». Une manière de se prôner en défenseur de la morale publique et de faire campagne contre les politiciens corrompus en ces « temps d’affairisme et de scandales politico-financiers multiples ».
En 2014, Marine Le Pen avait repris l’argument de son père à son compte, dénonçant alors les 3 « M » : « magouilles, manœuvres, mensonges, qui caractérisent la vie politique », disait-elle.
« Coupable » pour « Libération »
Mais ces slogans anticorruption semblent aujourd’hui rattraper le parti lepéniste, alors que Marine Le Pen a été condamnée à une peine d’emprisonnement de quatre ans dont deux ferme aménagés sous bracelet électronique en plus de sa condamnation à une inéligibilité immédiate de cinq ans dans l’affaire des assistants parlementaires du Front national Parlement européen. Le tribunal correctionnel de Paris a mis en avant le « rôle central » de l’ex-présidente du RN dans le système mis en place pour détourner l’argent de l’institution. Pourtant, Marine Le Pen a continué de se dire « innocente » et a dénoncé une « décision politique » au JT de TF1.
L’Humanité n’est pas le seul quotidien français à avoir des mots durs envers Marine Le Pen, Libération titre « Coupable » en lettres capitales.
Du côté des journaux classés à droite, le ton n’est pas le même. Pour Le Figaro, c’est un « séisme démocratique », tandis que pour Les Échos la cheffe des députés RN est « empêchée », rappelant que sa candidature à la présidentielle de 2027 est comprise.
Quant au Parisien, le quotidien régional titre « Marine Le Pen inéligible : L’Onde de choc » et La Croix choisit sobrement : « Inéligible ». Si chaque journal a choisi ses mots en fonction de sa couleur politique, les quotidiens sont unanimes : la route de Marine Le Pen vers l’Élysée semble très compromise.
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