Monique Pinçon-Charlot sur les riches

Les travaux des Pinçon-Charlot sur la grande richesse et les classes dominantes ont marqué un tournant dans les sciences humaines. Devenue incontournable sur la grande bourgeoisie, Monique Pinçon-Charlot s’empare à présent du lien entre grande richesse et chaos climatique.

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La sociologue Monique Pinçon-Charlot, ancienne directrice de recherche au CNRS et spécialiste des familles des plus riches. Elle est l’auteure d’un nouveau livre ‘Les riches contre la planète, violence oligarchique et chaos climatique’ (Textuel Éditions) dans lequel elle décrit une oligarchie prédatrice qui se met soigneusement à l’abri du désastre tout en continuant à brûler du carbone en toute liberté. La sociologue qui préfère parler de « classe dominante », « de capitalistes », « d’oligarchie », une préférence sémantique qu’elle fonde sur le système théorique de Marx de l’exploitation de classe et la théorie de la domination de Bourdieu. Lesquelles permettent de mieux comprendre, selon elle, comment il est possible que les dominés acceptent cette exploitation, voir l’intériorisent par des manipulations idéologiques. Ce sont ces deux influences intellectuelles qui les ont emmenés, son mari Michel et elle, sur leur manière d’appréhender le système économique.

Une élite bourgeoise qui défie le temps

La sociologue commence par effectuer une distinction au sein de l’élite fortunée. Elle souligne que si l’on peut être très riche sans appartenir à la grande bourgeoisie, l’intégration à ce cercle privilégié passe, selon elle, par une forme de validation et de projection intergénérationnelle : « Les nouveaux riches qui envisagent leur fortune non comme une simple possession, mais comme un héritage à transmettre – à l’instar de figures comme Bernard Arnault, Dassault ou François Pinault – sont susceptibles d’être cooptés par les membres des dynasties plus anciennes, de la noblesse et de la grande bourgeoisie« .

Ce qui caractérise fondamentalement cette grande bourgeoisie française, c’est son ancrage dans l’histoire, avec des « quartiers de noblesse et de bourgeoisie, transmis quelquefois sur plusieurs siècles, à tel point qu’ils se perçoivent comme des usufruitiers qu’ils doivent transmettre, afin que jamais les richesses ni les pouvoirs ne ruissellent« . Monique Pinçon-Charlot insiste également sur la perpétuation de « mécanismes bien rodés – la cooptation, la transmission, l’accumulation des richesses – qui définissent cette bourgeoisie et contribuent à un séparatisme des riches. Dans notre système capitaliste occidental, la possession des moyens de production, des médias ou encore du secteur de la santé où tout est financiarisé, cela engendre un resserrement des liens entre les oligarchies à l’échelle de la planète pour préserver l’avenir du système capitaliste. Puisque au fond, c’est toujours le même système qui s’entretient de lui-même. Au sein de cet univers, un entre-soi tenace permet aux jeunes générations d’apprendre l’amour de leur semblable, et apprennent à reconnaître leur dissemblable pour éviter la mésalliance« .

Monique Pinçon-Charlot : « Je veux que les riches payent leurs impôts et contribuent à la hauteur de leur fortune »

Publié le vendredi 18 avril 2025

Les travaux des Pinçon-Charlot sur la grande richesse et les classes dominantes ont marqué un tournant dans les sciences humaines. Devenue incontournable sur la grande bourgeoisie, Monique Pinçon-Charlot s’empare à présent du lien entre grande richesse et chaos climatique.

Avec

La sociologue Monique Pinçon-Charlot, ancienne directrice de recherche au CNRS et spécialiste des familles des plus riches. Elle est l’auteure d’un nouveau livre ‘Les riches contre la planète, violence oligarchique et chaos climatique’ (Textuel Éditions) dans lequel elle décrit une oligarchie prédatrice qui se met soigneusement à l’abri du désastre tout en continuant à brûler du carbone en toute liberté. La sociologue qui préfère parler de « classe dominante », « de capitalistes », « d’oligarchie », une préférence sémantique qu’elle fonde sur le système théorique de Marx de l’exploitation de classe et la théorie de la domination de Bourdieu. Lesquelles permettent de mieux comprendre, selon elle, comment il est possible que les dominés acceptent cette exploitation, voir l’intériorisent par des manipulations idéologiques. Ce sont ces deux influences intellectuelles qui les ont emmenés, son mari Michel et elle, sur leur manière d’appréhender le système économique.

Une élite bourgeoise qui défie le temps

La sociologue commence par effectuer une distinction au sein de l’élite fortunée. Elle souligne que si l’on peut être très riche sans appartenir à la grande bourgeoisie, l’intégration à ce cercle privilégié passe, selon elle, par une forme de validation et de projection intergénérationnelle : « Les nouveaux riches qui envisagent leur fortune non comme une simple possession, mais comme un héritage à transmettre – à l’instar de figures comme Bernard Arnault, Dassault ou François Pinault – sont susceptibles d’être cooptés par les membres des dynasties plus anciennes, de la noblesse et de la grande bourgeoisie« .

Ce qui caractérise fondamentalement cette grande bourgeoisie française, c’est son ancrage dans l’histoire, avec des « quartiers de noblesse et de bourgeoisie, transmis quelquefois sur plusieurs siècles, à tel point qu’ils se perçoivent comme des usufruitiers qu’ils doivent transmettre, afin que jamais les richesses ni les pouvoirs ne ruissellent« . Monique Pinçon-Charlot insiste également sur la perpétuation de « mécanismes bien rodés – la cooptation, la transmission, l’accumulation des richesses – qui définissent cette bourgeoisie et contribuent à un séparatisme des riches. Dans notre système capitaliste occidental, la possession des moyens de production, des médias ou encore du secteur de la santé où tout est financiarisé, cela engendre un resserrement des liens entre les oligarchies à l’échelle de la planète pour préserver l’avenir du système capitaliste. Puisque au fond, c’est toujours le même système qui s’entretient de lui-même. Au sein de cet univers, un entre-soi tenace permet aux jeunes générations d’apprendre l’amour de leur semblable, et apprennent à reconnaître leur dissemblable pour éviter la mésalliance« .

 

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