
Trump ne parvient pas à se dépatouiller de l’affaire Epstein. Toutes ses tentatives ont échoué, la base MAGA est révoltée. Quelques puissants porte-voix mediatiques de Trump l’accompagnent. La fraction republicaine au Congres se fissure.
Si cette fracture se maintient, une partie de la base trumpiste pourrait « voter avec ses pieds » aux midterms. Dans ce cas, les Republicains pourraient perdre leur majorité parlementaire (sauf si les electeurs democrates aussi « votent avec leurs pieds…). Ce basculement au Congres serait évidemment une bonne chose.
Trop d’enthousiasme serait pourtant déplacé. En effet, que se passe-t-il dans les têtes des fans trumpistes? C’est la question cle, qui conditionne l’evolution possible.
Pour les MAGA, Epstein et sa mort en prison valident les théories du complot les plus délirantes sur « l’élite pédophile » protégée par son « deep state ». Ces gens ont donc voté pour le candidat Trump qui leur a promis de faire toute la transparence. Or, le fait que leur president jette cette promesse à la poubelle ébranle-t-il leur croyance? Pas du tout, au contraire!
Loin de s’affaiblir, le complotisme se renforce dans le mouvement MAGA. Les fans trumpistes s’enfoncent dans l’idée que « l’elite » et son « deep state » sont encore plus puissants et pervers qu’ils le croyaient, au point de tirer les ficelles dans l’entourage immédiat de Trump (la ministre de la justice, Pam Bondi, entre autres, est dans le collimateur).
On peut certes s’amuser de constater que le boomerang du complotisme revient violemment dans la gueule de Trump, Bondi, Pattel, Noem, Johnson et toute leur bande de sauterelles avides. Mais, en même temps, ce complotisme se radicalise encore plus à l’extreme-droite, notamment à travers des propos antisemites sur Epstein, soi disant agent du Mossad (au point qu’un ministre de Netanyahou a dû dementir).
Dans cette affaire, il est remarquable que la « realite parallele » de la these complotiste l’emporte sans difficulte sur des faits qui sautent pourtant aux yeux. En particulier le fait que Trump a été plus de 10 ans le meilleur ami d’Epstein, que ces deux individus ont pratique ensemble la « chasse aux (jeunes) filles », que 26 femmes au moins ont dénoncé les abus sexuels de Trump qui a d’ailleurs été condamné pour abus par la justice. Au lieu de conclure que Trump a de solides raisons pour tourner la page Epstein, sa base conclut qu’il est mal entouré. C’est un cas de dissonance cognitive de masse.
On ne peut donc se contenter de se réjouir de la crise entre Trump et sa base. Trump semble fragilisé, oui, mais, en même temps, le complotisme qui est son fonds de commerce se durcit – s’enkyste pour ainsi dire – et l’extreme-droite (Steve Bannon, Tucker Carlson, etc.) renforce son emprise sur cette base. Notamment parmi les jeunes hommes blancs sous influence masculiniste. Or, cette extrême droite a besoin de Trump autant que l’inverse.
Au-dela même des redoutables talents de menteur, de manipulateur et de faux-jeton de Trump, je ne pense pas raisonnable de miser sur l’affaire Epstein pour entraîner un basculement politique aux midterms. Le trumpisme est enraciné dans des tendances lourdes. Il faut plus qu’un scandale pour renverser celles-ci, et autre chose qu’un parti democrate: une convergence de luttes ecosociales /ecofeministes de masse, et une alternative politique de rupture avec le capitalisme pourrissant.
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