
Quand le mot « PAIX » devient la caution morale pour intervenir militairement pour renverser une nation riche.. de son pétrole !
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Le prix Nobel de la paix 2025, attribué à María Corina Machado, a suscité un tonnerre d’applaudissements en Occident, mais aussi un profond malaise chez nous qui voyons dans cette décision un symbole détourné de sa mission première. Sous les apparences d’une récompense à la démocratie, ce Nobel porte l’empreinte d’un agenda politique où la paix devient l’ombre docile des puissants.
Le Venezuela, terre de pétrole et de résistance, incarne depuis deux décennies le refus de l’asservissement. Avec ses 300 milliards de barils prouvés, il détient la plus grande réserve mondiale de pétrole, devant l’Arabie saoudite. C’est dire l’enjeu. Et dans ce contexte, Washington, sous la présidence Trump, rêve d’en finir avec le régime de Nicolás Maduro, coupable d’un crime impardonnable : refuser de plier, refuser de trahir les alliances avec la Chine, la Russie, et le monde émergent des BRICS.
C’est là qu’entre en scène María Corina Machado, présentée comme l’incarnation du courage démocratique. Une opposante farouche, certes, mais aussi une figure largement soutenue par les cercles politiques et médiatiques américains. Sa consécration à Oslo apparaît alors non comme une récompense pour la paix, mais comme une manœuvre symbolique, un coup de communication diplomatique visant à légitimer une future transition politique au goût de Washington.
Ce Nobel révèle ainsi la dérive d’un prix jadis sacré. Il semble oublier celles et ceux qui, à travers le monde, se battent réellement pour la dignité humaine, sans calcul, sans appui, sans stratégie d’influence. Et parmi eux, un nom s’impose : Francesca Albanese.
Rapporteuse spéciale de l’ONU pour les droits de l’homme dans les territoires palestiniens, Francesca Albanese s’est dressée, seule souvent, face à l’hypocrisie des grandes puissances. Elle a dénoncé, avec un courage rare, les crimes commis contre le peuple palestinien, refusant le silence, refusant la complicité. Sa voix a été celle de la conscience, sa plume celle de la vérité nue.
Elle n’a pas cherché la gloire, ni les honneurs, ni la lumière. Elle a simplement fait ce que tant de dirigeants refusent de faire : défendre l’humain contre la brutalité, la vérité contre la puissance.
Et pourtant, ce Nobel ne lui a pas été attribué.
Il a choisi la conformité à l’Empire plutôt que la fidélité à la justice. Il a préféré saluer une figure soutenue par Washington plutôt qu’une femme qui a risqué sa carrière, sa sécurité et sa réputation pour dire ce que d’autres taisent : que la paix n’existera jamais tant qu’on écrasera un peuple sous les bombes en prétendant défendre la liberté.
Ainsi, la distinction d’Oslo révèle une fois de plus la fracture morale du monde. D’un côté, le prix de la paix utilisé comme instrument d’influence ; de l’autre, des voix sincères, comme Francesca Albanese, que l’on marginalise parce qu’elles dérangent l’ordre établi.
Le Venezuela, la Palestine, l’Afrique et tant d’autres terres blessées rappellent une évidence : la paix ne peut être offerte par ceux qui imposent la guerre économique, militaire ou médiatique. Elle se construit dans la justice, la dignité et le respect mutuel entre les peuples.
Le Nobel aurait pu être un cri de vérité, un hommage à la compassion et au courage. Il a choisi la politique, et par là même, il s’est éloigné de la paix qu’il prétend célébrer.
Aly Traoré – 10 octobre 2025
Source : NobelPrize.org, The Guardian, AP.
Merci à Didier Lagasse de Locht 

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