Après un tassement de la mobilisation contre la réforme des retraites la veille, plusieurs actions ciblées ont été menées.
Après un tassement de la mobilisation contre la réforme des retraites la veille, plusieurs actions ciblées ont été menées au 44e jour du mouvement, vendredi 17 janvier, dont une intrusion au siège de la CFDT, syndicat dit réformiste car favorable au système universel de retraite par points dénoncé par les grévistes.
L’intrusion a été qualifiée de « violente » par le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, arguant que les individus ont « agressé verbalement et physiquement des salariés ». Des images vidéo postées sur les réseaux sociaux montrent des individus pénétrer dans le hall du bâtiment et chanter des « On est là, même si Berger ne le veut pas (…) », dans une ambiance plutôt bon enfant. Mais dans une vidéo plus longue et postée dans un second temps sur le site Là-bas si j’y suis, la situation apparaît plus tendue. On voit notamment un membre de la CFDT réclamant « on peut travailler » se faire prendre à partie par les grévistes, sans que l’on puisse pour autant qualifier les faits d’« agression physique ».
Selon une source policière, ce sont des militants de la CGT, le second syndicat français, en pointe dans la mobilisation contre la réforme des retraites, qui se sont introduits dans le hall. De nombreux responsables politiques et syndicaux, dont la CGT, ont dénoncé cette action et exprimé leur solidarité à la CFDT. « Ces violences sont une honte pour notre démocratie », a réagi le président Emmanuel Macron dans la soirée.
« Jusqu’au retrait »
Plus tôt dans la matinée, plus d’une centaine de manifestants ont bloqué l’entrée de la pyramide du Louvre en agitant des drapeaux et en scandant : « On ira jusqu’au retrait ! » Ils appelaient les touristes massés devant les barrières de sécurité à s’associer au mouvement : « Les touristes avec nous ! » – sans succès, s’attirant même quelques huées en retour.
Les salariés de la culture restent très mobilisés avec un appel de la CGT-Spectacle à manifester lors des vœux du ministre de la culture à la profession, lundi à 18 h 30 à la Bibliothèque nationale de France (BNF). Une cérémonie que la rue de Valois a annulée vendredi soir, estimant que les conditions n’étaient pas « réunies » pour qu’elle « se déroule sereinement ».
Du côté de la SNCF, le trafic sera encore perturbé ce week-end par la grève mais devrait connaître une nouvelle amélioration avec davantage de TER (9 sur 10) et de Transilien (8 sur 10) en circulation. Le service des TGV sera « quasi normal », a annoncé la direction.
Taux global de grévistes important
Le taux global de grévistes à la SNCF, remonté à 10,1 % jeudi pour la sixième journée de mobilisation nationale interprofessionnelle, est redescendu vendredi à 4,6 %. Il était au plus haut (55,6 %) lors du premier jour de la grève illimitée, le 5 décembre, et au plus bas lundi (4,3 %).
La grève était moins observée cette semaine dans l’énergie où, selon le ministère de la transition écologique, seulement une moitié des raffineries connaissaient jeudi des perturbations de leurs expéditions. Mais les ports et docks ont pris le relais. L’opération « ports morts » lancée par la CGT jusqu’à jeudi soir s’est déjà traduite par des pénuries de certains produits frais – lait, fromages ou jambon – dans les grandes surfaces des territoires d’outre-mer, a constaté l’Agence France-presse.
A la Banque de France, le mouvement de grève engagé lundi par plusieurs syndicats dont la CGT se poursuit sur plusieurs sites. Au centre fiduciaire de La Courneuve, il concerne une dizaine d’agents, les opérateurs de monnaie ayant repris le travail. Selon Pascal Gabay, de la CGT Banque de France, « le mouvement va s’étendre aux transporteurs de fonds [qui alimentent les distributeurs], notamment en Ile-de-France ».
Le 24 janvier en point d’orgue
De leur côté, les avocats ont décidé de reconduire pour une semaine leur mouvement de grève après avoir multiplié vendredi les actions lors des audiences solennelles de rentrée des cours d’appel.
Une centaine d’entre eux ont ainsi observé un sit-in silencieux à Lyon. A Grenoble, ils ont formé une haie d’accueil des autorités invitées à l’audience de rentrée. A Caen, quelque 300 avocats ont observé une minute de silence. A Orléans, ils ont accroché des ballons noirs aux grilles du palais de justice et à Bourges, ils ont chanté « Bella ciao » avant de jeter leurs robes à terre.
L’intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU, CFE-CGC et des organisations de jeunesse) a appelé à de nouvelles actions et manifestations la semaine prochaine, avec une septième journée de mobilisation interprofessionnelle en point d’orgue, vendredi 24 janvier, à l’occasion de la présentation du projet de réforme des retraites en conseil des ministres.
Macron sur l’intrusion à la CFDT: «Ces violences sont une honte pour notre démocratie»
«Ces violences sont une honte pour notre démocratie», a déclaré vendredi sur LCI Emmanuel Macron à propos de l’intrusion dans l’après-midi d’opposants à la réforme des retraites au siège de la CFDT, relate l’AFP.
«Je condamne avec la plus grande fermeté ce qui s’est passé cet après-midi. J’ai appelé le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, les violences à l’égard de syndicalistes, quelles que soient d’ailleurs les confédérations syndicales, sont une honte pour notre démocratie et inacceptables», a déclaré le chef de l’Etat.
«Je veux apporter toute ma solidarité non seulement à cette confédération syndicale mais à ses salariés et ses engagés qui ont subi ces agressions. La justice passera, je l’espère, le plus vite possible», a ajouté M. Macron.
«Il est clair que le débat démocratique n’est possible que dans le calme et dans le respect (…) Dans une démocratie, les idées peuvent s’échanger. On vote pour choisir ses dirigeants, ce sont nos représentants qui votent nos lois. Cette liberté, elle requiert le respect, elle requiert la décence, elle doit condamner tous les discours de haine et de brutalité», a-t-il encore dit.
Intrusion violente
Des opposants à la réforme des retraites se sont introduits «violemment» vendredi dans les locaux de la CFDT à Paris, où ils ont «agressé verbalement et physiquement des salariés», a dénoncé dans un tweet le secrétaire général de la confédération, Laurent Berger.
De nombreux responsables politiques de la majorité comme de l’opposition ont condamné cette intrusion et exprimé leur solidarité à la CFDT.
«Sans syndicats, pas de démocratie sociale. Aucun désaccord ne peut se régler dans l’intimidation ou la violence», a insisté la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye.
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