Christophe Prudhomme
Le 13/06/2020
Billet d’humeur du jour
Misère
Je vais parler aujourd’hui du manque de matériel et de la dégradation des locaux dans mon service, le SAMU 93. Nous sommes un des plus importants SAMU de France dans le département qui a payé jusqu’à présent le plus lourd tribut au coronavirus. Mais nous sommes aussi un des départements qui possède le plus faible ratio de lits de réanimation rapporté à sa population. Au quotidien, nous devons nous battre pour avoir suffisamment de tenues disponibles et, plus grave, nous manquons de matériel essentiel pour la prise en charge des patients dans nos ambulances comme par exemple les pinces de surveillance de la saturation en oxygène dans le sang. Appareils qui sont essentiels pour la surveillance des patients atteints de troubles respiratoires. Il y a quelques jours, nous avons même été obligés d’utiliser un appareil de secours acheté par un de nos infirmiers anesthésistes ! C’est un nouvel exemple de la misère de l’hôpital public français. Oui, vous ne rêvez pas, nous ne sommes pas dans un pays du tiers-monde, mais en Seine-Saint-Denis dans un hôpital de l’Assistance Publique, plus important groupe hospitalier d’Europe.
A cela s’ajoute la dégradation de notre bâtiment qui souffre d’un manque d’entretien chronique avec des portes de garage qui ne fonctionnent pas un jour sur deux, des déjections de pigeons devant l’entrée, des douches dans nos chambres de garde dans un état de saleté repoussant, etc.
Nos cadres qui assument la responsabilité de la gestion des commandes et de la logistique sont désespérés de l’absence de réponse de la direction de l’hôpital qui ne parle que des économies à réaliser. Nous pourrions l’excuser en expliquant qu’elle est soumise elle aussi à des contraintes qui lui sont imposées si elle ne nous envoyait pas des huissiers quand nous manifestons dans l’enceinte de l’hôpital comme je vous l’ai décrit dans un précédent billet.
Dr Christophe Prudhomme
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