Edwy Plenel : « La catastrophe, c’est que tout continue comme avant »

Ajoutée le 18 mars 2019

Dans « La victoire des vaincus » publié aux Éditions de La Découverte, Edwy Plenel livre son analyse du mouvement des gilets jaunes, de la violence d’Etat contre la violence sociale, parle de la gauche et de l’épuisement de la vie démocratique.
Il est l’invité de #LaMidinale. http://www.regards.fr VERBATIM Sur les violences de ce weekend « Tant que ce pouvoir ne donne pas de réponse politique, la colère monte. »
« Réduire les gilets jaunes aux violences des samedis est évidemment une caricature. » « Les gilets jaunes essaient d’inventer des réponses à la crise sociale, démocratique et écologique. » «
L’événement de ce weekend, c’est la convergence sociale, écologique et des quartiers populaires sur les violences policières. » Sur la responsabilité des médias « Depuis le début, les gilets jaunes mettent à l’épreuve un système médiatique d’infos en continu. » « Ce qu’il aurait fallu faire, c’est de prendre le temps de comprendre ce mouvement inédit mais ça ne va pas avec la logique des audiences. » « Ces médias veulent absolument des représentants, des leaders, des chefs de gilets jaunes donc ils en inventent. » « Les gilets jaunes ne forment pas sont pas un mouvement qui peut se réduire à des porte-paroles. »
Sur la rencontre de Macron avec les intellectuels organisée par France Culture « Je ne crois pas que ça soit au service public d’organiser des rencontres dans le cadre de la campagne politique du président de la République. »
« Je ne crois pas que ça soit là que se jouent les réponses à notre pays. »
Sur les gilets jaunes « La vraie question aujourd’hui est posée aux partis de l’émancipation, aux gauches dans leur diversité qui, pour beaucoup, ont été trop frileuses par rapport à ce mouvement : que font-ils ? »
« Ce mouvement des gilets jaunes devrait être relayé par les entreprises et par tous les travailleurs. »
« La responsabilité de tous ceux qui sont pour l’émancipation, c’est d’accompagner ce mouvement. » Sur la sortie de crise « La question qui unifie dans leur diversité les travailleurs, les travailleurs pauvres, les retraités, les petits patrons et qui les politise et les amène à réfléchir ensemble, c’est la question démocratique. »
« La catastrophe n’est pas devant nous, la catastrophe, c’est que tout continue comme avant : qu’on n’ait que des logiques d’appropriation, de consommation, d’enrichissement égoïste, de prévarication, d’indifférence à ça. Il faut que ça s’arrête. »
« Les solutions, c’est au peuple de les inventer, pas à moi. »
Sur la question démocratique « Il y a déjà une réponse démocratique dans le cadre de la Ve République que Macron refuse : il pourrait déclencher des élections anticipées et un référendum. Je rappelle que le Général de Gaulle a fait les deux. »
« Le Général de Gaulle est plus démocrate que ne le sont ses successeurs. »
« Il y aurait pu y avoir un débat public organisé selon les normes de la commission nationale du débat public, transparent, équitable, égal, ce que demandait Madame Jouanno. »
« À un moment, il faut bloquer pour que ça change. »
Sur l’état de la presse et les pressions sur Mediapart « On fait notre travail et on dérange parce qu’on est indépendant. » « La dépendance économique des principaux médias est un problème. » « Quelle que soit la qualité des rédactions, il y a des propriétaires qui ont des intérêts à défendre. »
« Le pouvoir a tenté de nous intimider avec cette tentative de perquisition mais ça nous vaut de la popularité, du soutien. Notre force est du côté du public. »
Sur l’affaire Benalla « On est déjà dans une affaire d’Etat, bien sûr. »
« C’est une affaire d’Etat que Benalla ait continué à voyager avec des passeports diplomatiques ;
c’est une affaire d’Etat qu’il ait négocié, alors qu’il était à l’Elysée, un contrat russe avec un oligarque russe pour la sécurité privée d’un type proche de Poutine ; c’est une affaire d’Etat qu’il se soit senti l’impunité de violer son contrôle judiciaire et d’effacer des preuves. »
« Nous allons continuer à documenter le fait que monsieur Benalla a une place dans le dispositif de monsieur Macron qui est exceptionnelle, qui est hors de l’ordinaire, et qui fait qu’il n’est pas lâché : il y a toujours une forme de soutien de monsieur Benalla par la garde rapprochée du président de la République. »
« Ce fait divers dont nous ne connaissons pas la clef, pose une vraie question sur l’éthique et la vertu de cette présidence. »
Sur la gauche « Je vois comme tout le monde, quelle que soit la qualité des gens, que les gauches vont aux européennes en ordre dispersé alors que sur le terrain, il y a une vraie convergence. »
« On a une bataille où chacun va essayer, dans une petite course de chevaux, de dominer l’autre. »
« On utilise les européennes comme un galop d’essai de la présidentielle.
C’est un tue-l’espoir cette histoire de présidentielle. »
« C’est à la société de faire vivre les convergences et les causes communes qui sont pour moi l’urgence. »
Ce champ est nécessaire.

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