L’affaire de la manifestante septuagénaire gravement blessée à Nice lors d’une charge n’est pas close. Si le procureur et le chef de l’Etat assurent qu’elle n’a pas été touchée par un policier, d’autres sources remettent en cause cette version.
Geneviève Legay, une militante d’Attac grièvement blessée lors de l’acte 19 des Gilets jaunes à Nice, a-t-elle été victime de violences policières ? Ses filles ont déposé une plainte pour «violences volontaires en réunion avec arme par personnes dépositaires de l’autorité publique et sur personne vulnérable». Emmanuel Macron, de son côté, a assuré dès le 25 mars, soit deux jours après l’incident, dans un entretien à Nice Matin que «cette dame n’a[vait] pas été en contact avec les forces de l’ordre».
Le même jour, le chef de l’Etat estimait que Geneviève Legay était présente au mauvais moment, au mauvais endroit : «Je souhaite d’abord qu’elle se rétablisse au plus vite et sorte rapidement de l’hôpital, et je souhaite la quiétude à sa famille. Mais pour avoir la quiétude, il faut avoir un comportement responsable. […] Quand on est fragile, qu’on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits et on ne se met pas dans des situations comme celle-ci.»
Images de vidéosurveillance contre images de télévision
S’appuyant sur des images de vidéosurveillance, le procureur de Nice, Jean-Michel Prêtre avait lui aussi assuré le 25 mars, lors d’une conférence de presse : «J’exclus une cause : j’exclus qu’elle se soit cassé la figure toute seule. […] Ce dont on est sûr aussi à la vue des images, pixels par pixels, c’est qu’elle n’a pas été touchée par les forces de police, par un bouclier ou par un homme.» Selon le procureur, qui «exclut qu’elle était en train de courir» et soit tombée seule, il y avait derrière elle trois personnes, «un journaliste qui filmait, une autre manifestante et une autre personne à la casquette marron».
On voit bien que le rideau [des forces de l’ordre] bouscule Geneviève Legay qui tombe
Arié Alimi, l’avocat de Geneviève Legay, a rapidement contesté cette version des faits. Au cours d’une conférence de presse, le 26 mars, il a déclaré que sa cliente avait été «poussée délibérément». Pour justifier son propos, il s’est appuyé sur une vidéo de CNews, notamment relayée par le site Arrêt sur images, où l’on peut voir un membre des forces de l’ordre charger en direction d’une personne tenant un gilet jaune dans la main.
Pour le site de vérification des faits, qui assure avoir reçu un témoignage confirmant qu’un policier avait bien touché Geneviève Legay, s’il n’y a pas eu de contact avec un membre des forces de l’ordre, «la seule hypothèse restante est celle où le policier pousse violemment une personne qui entraînerait dans sa chute Geneviève Legay».
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