Attac France, 8 avril 2019
Ce lundi 8 avril, le gouvernement met en scène la restitution du Grand débat sous les ors du Grand Palais. Après 21 semaines de mobilisation des Gilets Jaunes, il se montre incapable d’entendre les aspirations à la justice fiscale et sociale.
Depuis le début du quinquennat d’Emmanuel Macron, les cadeaux fiscaux se sont multipliés pour les plus riches (ISF, Flat tax…) tandis qu’on demandait au reste de la population de faire encore plus d’efforts. D’où le surgissement du mouvement des Gilets Jaunes. Le gouvernement pense pouvoir y répondre en réprimant toujours plus les manifestations et en organisant un simulacre de grand débat, entre questionnaire biaisé et campagne électorale déguisée de LREM.
De fait, les conclusions du grand débat étaient déjà contenues dans la « lettre aux français » d’Emmanuel Macron : « Nous ne pouvons, quoi qu’il en soit, poursuivre les baisses d’impôt sans baisser le niveau global de notre dépense publique. » Restait aux français à choisir quels impôts ils voulaient baisser et en conséquence quels services publics et quels pans de la protection sociale détruire. Emmanuel Macron avait également prévenu : « Nous ne reviendrons pas sur les mesures que nous avons prises ». C’est ainsi que le questionnaire du grand débat ne demandait pas aux français s’ils voulaient rétablir l’ISF, quand bien même cette revendication est au cœur des revendications des gilets jaunes.
Faisant le constat que le questionnaire était biaisé, Attac avait diffusé un « Autre questionnaire », qui a recueilli plus de 10.000 réponses pour partager les richesses et répondre à l’urgence écologique : lutte contre l’évasion fiscale, taxe sur les transactions financières, suppression des niches fiscales inutiles comme le CICE, TVA à taux zéro sur les produits de première nécessité, taxe écologique sur les entreprises les plus polluantes, renforcement de la progressivité de l’impôt sur le revenu et sur le capital… Ces mesures sont largement plébiscitées par les français [1]. Comme on pouvait s’y attendre, aucune d’entre elles, même quand elles sont apparues dans le grand débat, n’a été mentionnée par Edouard Philippe, laissant ainsi entendre qu’elles ne seraient pas mises en œuvre.
Hasard du calendrier, le même jour arrive en discussion à l’Assemblée Nationale le projet de « taxe GAFA ». Présentée comme une mesure de justice fiscale par Bruno Le Maire, cette taxe est pourtant symbolique et ne résoudra en rien le problème de l’évasion fiscale pratiquée massivement par les géants du numérique comme vient de le montrer Attac dans une note de décryptage [2].
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