C’est une bouteille en verre qui a mis le feu aux poudres. Direct. Et rarement les affrontements auront été si fulgurants. Pour l’acte XXII des Gilets jaunes, Toulouse a été choisie comme capitale de la contestation. Un rendez-vous annoncé depuis quelques jours sur les réseaux sociaux qui a drainé beaucoup de monde, même des profils extrémistes venus de l’étranger. Mais à dire vrai, les services de l’État avaient vu plus large encore puisque 13 000 personnes étaient attendues. Selon différentes sources policières, ils étaient 4 500 à 6 000 retraités, salariés précaires ou demandeurs d’emploi à s’être retrouvés dans la Ville rose pour hurler leur misère. Et leur désarroi face à un gouvernement qui ne «les entend pas», disent-ils.
Pourtant, les slogans ont été difficilement audibles, hier. La faute à des heurts très prompts survenus sur les allées Jean-Jaurès qui ont eu pour effet de scinder le cortège en trois. Peu après 12 h 30, alors que les Gilets jaunes s’élançaient sur les allées Jean-Jaurès en direction de la gare Matabiau, un jet de bouteille en verre sur les forces de l’ordre a déclenché les hostilités.
Le chantier des futures ramblas saccagées
Les lacrymogènes ont fusé sur le chantier des futures ramblas. Et il a souffert. Tout comme les gendarmes mobiles et les policiers qui ont notamment essuyé des jets de pierres destinées aux travaux. Des pavés taille XXL qui ont volé au-dessus de la remorque des ouvriers totalement embrasée. D’ailleurs, la suspicion de la présence d’une bouteille de gaz a contraint la mise en place d’un périmètre de sécurité sur les allées. Juste à côté, un scooter est parti lui aussi en fumée. Ce n’était qu’un début…
Les premières grenades de désencerclement sont alors dégoupillées et le cortège refoulé sur les boulevards. Dans le secteur de Jeanne-d’Arc, la situation s’est crispée un moment avant un nouveau tour de chauffe via la rue Alsace-Lorraine. Puis demi-tour, histoire de prendre le dispositif dressé à Esquirol à revers. Et forcément, la mobilité des plus révoltés a posé quelques difficultés aux 870 policiers et gendarmes mobiles déployés hier.
Le pire a quand même été évité
Dans l’ordre : voiture en feu rue Bellegarde, agence immobilière fracturée et pillée rue Bayard, peu ou prou même traitement pour une agence d’intérim de la rue Gabriel Péri et saccage des vitres du Crédit agricole non loin. Sans oublier les traditionnels feux de poubelles et une moto de police prise pour cible. Boulevard Carnot, JC Decaux pourra de nouveau réparer les arrêts de bus déjà vandalisés par le passé. La facture s’annonce salée, et le maire est exaspéré (lire ci-contre).
Pour autant, certains observateurs prédisaient pire encore. Hier matin, des contrôles préventifs ont été menés par les gendarmes à toutes les barrières de péage et en ville, les policiers n’ont eu de cesse de contrôler, fouiller pour mieux anticiper. Rue Alsace-Lorraine, un individu a notamment été arrêté en possession d’un marteau brise vitre. À quelques mètres de là, rue Lafayette, les CRS ont tiré plusieurs grenades Cougar face à la détermination de certains manifestants qui, malgré l’interdiction, ont tenté d’envahir le Capitole. Raté pour cette fois. Ils se sont consolés au spectacle du camion canon à eau qui s’est enlisé à François-Verdier.
Hier soir, les derniers irréductibles étaient dispersés aux alentours de 21 heures. Au moins 14 personnes ont été blessées et 37 individus ont été interpellés. Six d’entre eux ont d’ailleurs été arrêtés parce qu’ils avaient le visage dissimulé. Loi casseurs : acte I de la mise en vigueur.
Des blacks blocs venus de l’étranger
Le crâne est parfois rasé et le corps, de noir vêtu. Masques à gaz et munis de projectiles – un équipement parfois camouflé dans du mobilier urbain et saisi à la dernière minute pour éviter de se faire repérer – , ils ne sont certainement pas étrangers à l’ambiance insurrectionnelle qui a nappé les rues de Toulouse concomitamment aux effluves de lacrymogènes. Hier, plusieurs blacks blocs venus d’Espagne, de Suisse et d’Italie ont rejoint le cortège des Gilets jaunes à Toulouse. Un phénomène qui n’est pas une première mais qui a été identifié dès hier matin par les services des renseignements territoriaux. Bien sûr, des extrémistes français étaient également dans les rangs. Des profils particulièrement violents qui se sont «illustrés» très vite rue Merly lorsqu’ils ont chargé les forces de l’ordre peu après 13 h 30. Cinq personnes ont été interpellées à ce moment précis.
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