LR: le 15/04/2019
Les monuments sont toujours édifiés au frais du bon peuple pour l’impressionner », le confronter à la puissance ainsi mise en évidence des maîtres-bâtisseurs. Au nom de Dieu ou d’autres idoles, Ils magnifiaient et légitimaient de cette façon l’ordre établi aristocratique et barbare, à leur profit exclusif.
L’érection des cathédrales par les aristocrates, en total contradiction avec le message de simplicité et de sobriété du christianisme originel, convoquait la symbolique des puissances religieuses, représentées avec profusion d’apparats et de luxe pour provoquer un effet de sidération chez les fidèles et les visiteurs, invités à la génuflexion devant les puissants, les seigneurs, les ecclésiastiques et leurs valets.
Ces chantiers titanesques, n’ont pu être menés à bien qu’au prix d’un accaparement criminel des richesses, prolongeant pendant des siècles la misère immense des masses populaires. A défaut d’investissements de leur épargne dans les grands travaux d’irrigation et de mise en valeur des terres, elles ont été confrontées très longtemps aux famines meurtrières.
Comment entrer dans ces cathédrales sans penser à ce qu’a été le sort de ces malheureux esclaves qui les ont bâties, car c’était le prix à payer pour les édifier. La gloire et la richesse qu’a su en retirer l’appareil idéologique et militaire de la chrétienté l’a conduit dans d’autres activités de conquêtes effroyables jalonnées de crimes de masse. Chaque cathédrale fut le siège à partir duquel se menaient d’épouvantables campagnes.
Pour autant, nous ne sommes pas pour les brûler, nous ne danserons pas devant leurs cendres au nom de la laïcité, car nous respectons toutes les religions mais nous n’oublions pas tous les massacres perpétrés en leur nom. Sa glorification largement usurpée ne nous rend pas oublieux.
Nous compatissons avec celles et ceux qui sont affectéEs par le sinistre qui frappe Notre-Dame de Paris, car il touche un maillon qui a réuni des hommes et des femmes dans notre histoire commune, une formidable cristallisation de travail humain qui fait « sensation » et ne peut laisser personne indifférent face à sa destruction.
Nous savons bien que d’autres incendies ravagent le monde et que celui de Paris ne doit pas être une diversion pour oublier tous les autres, qu’aucun homme providentiel ne pourra éteindre.
Les milliardaires voleurs nous la jouent généreux, en restituant quelques miettes de ce qu’ils ont volé. Ils ont bien compris tout le parti qu’ils pouvaient tirer de cette nouvelle catastrophe, susceptible de produire dans le public, comme lors des attentats, une décharge émotionnelle, un phénomène de catharsis qui pousse à la recherche d’une identité commune protectrice. Ils n’ont qu’un objectif, celui pour poursuivre leur commerce, le plus longtemps possible malgré tous les incendies qui réveillent les foules. Ce sont des incendiaires, la politique qu’ils imposent ruine les services publics, ils sont responsable y compris de l’incurie des sommes destinées à la préservation du patrimoine architectural, dont a souffert précisément Notre Dame de Paris depuis des décennies, jusqu’à la catastrophe présente. C’est peut-être dans la mauvaise gestion économique de cette entreprise trop tardive de réfection que l’on trouvera les causes de cet incendie. Ils ne s’affligent hypocritement que des conséquences.
Ces milliardaires scélérats et leurs mandants mettent en scène la fable de l’union nationale, de la grande cause nationale, quand l’habitat indigne les laisse de marbre. Cette petite bande de privilégiés minoritaires, cyniques, parasites et profiteurs savent bien qu’ils doivent dissimuler leur entreprise de préservation de leurs intérêts, derrière le paravent de l’union nationale, ils en ont ils ont tant besoin pour maintenir leur ordre honni. La médiacratie jouera comme d’habitude la même petite musique qui leur convient pour tenter de légitimer cette politique infâme, celle qui charrie toutes sortes de catastrophes.
Pour les oligarchies chaque catastrophe se transforme en bonne affaire, Vinci, Eiffage, Lafarge, Loxam et Bouygues sont sur les rangs, alors que la vraie catastrophe est la nature du système et les désordres extravagants qu’il produit partout.
Comme toutes les autres, cette catastrophe est instrumentalisée : « cette instrumentalisation reflète nécessairement les structures sociales de notre époque et illustrent ainsi la domination du capital : des milliardaires, engraissés de la misère de leurs salariés et des largesses indécentes de l’État, se sont empressés à rivaliser de générosité à coups de centaines de millions, mais d’une générosité en partie frauduleuse, puisque ces dons médiatisés seront inévitablement défiscalisés… Elle témoigne encore de la domination idéologique des médias possédés ou sous influence : il a effectivement été dit, sur France 2, que Notre-Dame de Paris avait même échappé à la Commune, ce moment honni par toute la bourgeoisie française, en 1871 et encore aujourd’hui… C’est vous dire comme il est injuste de le voir partir en fumée en ces temps prétendument apaisés ! Dans le monde du discours politique, rien ne cesse jamais d’être politique. Si vous l’ignorez, c’est que vous en êtes le jouet. Le peuple rassemblé dans la souffrance de ses racines chrétiennes, cela sert trop exactement les desseins intimes de Ken Président pour que le déferlement de bondieuseries qui nous submerge depuis hier, ne soit pas d’emblée suspect… » écrit si bien Peregrinus dans Mediapart.
Nous devrons nous demander comment un tel événement a pu se produire, quand on nous impose, à grands frais, le ou les pompiers de service à la moindre réunion publique. La cause du déclenchement de cet incendie n’est pas encore connue, la piste criminelle ne peut être évacuée, mais l’indigence de ceux qui sécurisaient forcément ce chantier particulièrement sensible, interpelle. Il n’y aurait même plus besoin de « fabriquer » des terroristes pour mettre en œuvre partout «la stratégie du chaos», le fonctionnement extravagant du monde de la folie libérale y contribue suffisamment.
Je suis d’accord- je l’ai déjà dit ou écrit plusieurs fois depuis hier- avec la responsabilité des misérables économies de bouts de chandelle de l’ultralibéralisme dans le domaine culturel comme dans tout ce qui appartient à la collectivité. D’accord aussi pour rappeler combien de sueur et de sang ont coûté tous ces édifices. Mais ils gardent aussi la mémoire anonyme de tous ceux qui y ont contribué, dont la plupart ne sont pas morts et dont certains ont dû être bien dédommagés. Et surtout le diverses réactions des « spécialistes » au bon sens du terme, vont peut-être en obliger d’aucuns à s’apercevoir que loin d’être tout, l’argent n’est pas grand-chose et que rien ne remplace le travail humain et les dons de la nature – qui nous réapprendra le temps long.