C’était la banderole de tête de la manifestation intersyndicale organisée vendredi 19 mars la matinée à Rodez. 800 personnes présentes, des drapeaux de la CGT, de Sud et de la CGC : c’était la première riposte intersyndicale après l’annonce de la suppression de 750 emplois par la direction de Bosch.
La colère des salariés s’est exprimée.
Le gouvernement a pris un ticket d’abonnement pour aller à Rodez pour poser quelques rustines aux plans patronaux. Vendredi 12 mars, c’était une table ronde organisée avec Renault et des représentants du gouvernement pour discuter de la SAM usine à 50 km de Rodez, en redressement judiciaire et étranglée par le manque de commandes de Renault. Vendredi 19 mars c’était donc au tour de la Bosch avec la venue de la ministre de l’industrie Agnès Pannier-Runacher.
Ce vendredi, juste après la table-ronde en préfecture à Rodez, la ministre a voulu s’adresser aux manifestants réunis devant la sous préfecture derrière les barrières qui protégeaient les officiels. Elle a été huée et prise à partie . « Vous voulez » qu’on crève lui ont lancé les manifestants !
De table ronde en réunions les travailleurs sont baladés, aujourd’hui par les patrons de Bosch. Le gouvernement n’affiche que son impuissance en s’aplatissant devant les diktats patronaux. C’est pourquoi il attise une colère qui monte à chaque manifestation des ouvrier(e)s de la SAM et de Bosch.
Dimanche 21 mars nouveau rassemblement dans le bassin de Decazeville pour défendre l’emploi dans les services publics menacés. En même temps que la mobilisation pour l’emploi à SAM, les services postaux de la commune voisine d’Aubin sont en grève avec un soutien massif de la population : plus de 400 personnes en manifestation la semaine dernière avec des piquets d’usagers se relayant chaque jour pour aider au blocage des distributions.
Dimanche 21 mars, le printemps des luttes en Aveyron ?
#Bosch La ministre de l’Industrie Agnès #PannierRunacher huée et invectivée par les manifestants à #Rodezhttps://t.co/oKR5lGrmjl pic.twitter.com/bvtTGULM8B
— France Bleu Occitanie (@bleuoccitanie) March 19, 2021
VIDÉO – La ministre de l’Industrie chahutée par des salariés de la Bosch à Rodez
Ce vendredi, juste après la table-ronde en préfecture à Rodez, Agnès Pannier-Runacher est venue au contact des manifestants rassemblés pour protester contre ce chiffre annoncé il y a deux semaines : 750 postes supprimés sur le site d’Onet-le-Château, seulement 500 emplois conservés d’ici 2027. La ministre a été huée et invectivée.
« Vous voulez qu’on crève ! »
Juste avant de se rendre au comité de suivi de Bosch France à la mairie, Agnès Pannier-Runacher assistait en préfecture à une table-ronde avec les représentants syndicaux et la direction de Bosch France. En sortant de la préfecture, la ministre a souhaité s’adresser aux quelques 200 manifestants amassés derrière les barrières. Elle a tenté pendant plusieurs minutes de prendre la parole au micro mais a très vite été prise à part. En voici la version complète, ci-dessous.
C’est quoi le projet industriel en France ? Aucun, ce gouvernement n’apporte rien. Et la relocalisation que vous promettez ? Pour Michelin, pour Renault ? Que dalle.
« Je ne veux pas que vous « creviez » (NDLR : elle reprend une invective) , je comprends votre colère. Si je voulais vous abandonner, je ne serais pas devant vous. Nous devons nous battre ensemble« , a essayé de répondre Agnès Pannier-Runacher qui a promis qu’elle se battrait pour sauver le maximum d’emplois. « Il n’est pas trop tard« , a t-elle essayé de tempérer en évoquant la piste de la diversification avec l’hydrogène.
Après le comité de suivi, « le compte n’y est pas » pour l’Etat
Après le comité de suivi à la mairie, Agnès Pannier-Runacher s’est montrée déçue. « Le projet proposé n’est pas assez crédible. Il n’y a pas de projet industriel pour les 500 emplois restants« .
Bosch doit prendre ses responsabilités et engagé la diversification. Je ne laisserai pas ce fleuron du territoire disparaitre. Il faut passer en mode commando.
La ministre a évoqué les trois pistes de diversification possible pour le site ruthénois sur lesquelles travaille Bosch : la production de certaines parties du power-train, des procédés hydrogène pour des camions frigorifiques, ou implanter un incubateur pour accueillir d’autres entreprises. « Ce sont des pistes qui ont du sens, mais nous avons besoin d’éléments concernant le calendrier, les investissements, des notions de clients et du nombre d’emplois apportés« , a insisté Agnès Pannier-Runacher. Elle s’est engagée à revenir à Rodez dans les trois mois, avec une situation « qui aura dû avancer« .
Bosch aurait proposé ce vendredi de sauver 30 emplois supplémentaires, via la diversification envisagée dans l’aéronautique. L’Etat en espérait 300.
Bénédicte Dupont France Bleu Occitanie
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