Finis les restaus…

– Mais non, je ne suis pas en train de lister tous ces plaisirs de consommation désormais interdits aux non-détenteurs de pass sanitaire, j’évoquais juste les loisirs et plaisirs inaccessibles aux classes populaires – vaccinées ou non – et ce bien avant l’épidémie, pendant l’épidémie et… après l’épidémie.

– Mais, ça existe encore les classes populaires ?

– Bah, on a d’abord ringardisé l’appellation puis on ne l’a plus utilisée, histoire de faire penser qu’elles s’étaient dissoutes dans l’air du temps, que c’était finalement un vieux concept obsolète, voire carrément une invention des Cocos.

Mais si le nom a quasiment disparu, ces braves gens, eux, sont bien restés (dans la merde, est-il nécessaire de le préciser).

Mais bon, ça rejoint cette tendance à rebaptiser pudiquement des professions comme « caissière » en « technicienne de caisse » ; « mécanicien d’entretien d’avions » en « technicien de maintenance aéronautique » ; « femme de ménage » en « aidante familiale », « ouvrier » en « agent de production » ; éboueur (alors lui il est gâté, il a droit à plein de noms trop sympas) en « agent de collecte » ou « technicien du traitement des déchets » ou encore « agent de propreté et d’hygiène « , etc…

Des appellations vachement plus cools destinées à faire oublier que ces métiers ne le sont pas. Et sans que cette « rebaptisation » des activités (moi aussi je peux inventer des mots) soit accompagnée de meilleures conditions sociales et salariales (concernant, rappelons-le, des professions non pas essentielles mais bel et bien vitales pour l’ensemble de leurs concitoyens et le fonctionnement de la société en général).

Bref, une sorte de lubrifiant sémantique pour rendre la douleur du rapport social plus supportable !

Sur ce, bonnes vacances, bons voyages, bons restaus, bons cinoches, bon Nutella.

Ah non, pardon, la ruée vers le Nutella, c’est un truc de pauvre, notamment d’origine immigrée : faudrait p’têt pas mélanger les addictions consuméristes nobles et celles – pouah – triviales et imbibées d’huile de palme.