LEÇONS D’ITALIE
Ce qui se passe en Italie donne en concentré les grandes tendances de ce qui se passe partout. C’est un laboratoire des politiques anti-ouvrières mais aussi des résistances et de ce qu’on peut envisager partout pour être plus efficaces dans nos luttes.
100 000 travailleurs italiens auraient été suspendus à ce jour selon les syndicats faute de pass sanitaire.
En plus du drame que cela représente pour ces travailleurs, la destruction de la protection légale contre les licenciements, cela a aussi de fortes répercussions dans de nombreuses villes en particulier dans les services publics essentiels, à commencer par les transports urbains, la collecte des déchets, des services des écoles municipales, des mairies où il manque beaucoup d’employés. A Rome, les poubelles commencent à déborder et les bus ne marchent plus régulièrement mais le gouvernement, les préfets et les administrations locales s’en accommodent sans souci alors que par la loi ils devraient garantir aux citoyens le plein fonctionnement des services essentiels.
Comme dans la plupart des pays, le pass sanitaire est d’une part une feuille de vigne qui cache un système de santé publique dévasté par des politiques régulières et successives de privatisation et de réduction des investissements, du personnel de travail et des services sociaux sur tout le territoire et d’autre part qui vise à faire porter la responsabilité de cette situation désastreuse sur les travailleurs eux-mêmes, en montrant du doigt les non vaccinés.
Les autorités se fichent de la santé de la population parce qu’en même temps qu’elles suspendent les travailleurs non vaccinés, elles autorisent les patrons à réduire davantage les coûts de la sécurité sur le lieu de travail, elles suppriment au travail les tests, les masques, l’hygiène, etc.. Dans les usines et les autres lieux de travail, les ouvriers et les salariés sont pressés à l’extrême avec des horaires de travail de plus en plus intenses et interminables, qui sont la première cause de l’épidémie de morts au travail, comme les pensions de retraites de plus en plus miséreuses sont la principale cause de la mortalité pour le grand âge.
Cette politique sanitaire du pass est intiment liée à la politique du gouvernement au service du grand patronat : les licenciements sont de plus en plus nombreux et un accord est en cours avec les grandes centrales syndicales qui devrait encore les faciliter un peu plus en même temps que le smic serait supprimé.
En conséquence, le taux de chômage monte en flèche, des millions de travailleurs et de travailleuses sont poussés vers la pauvreté et une insécurité insoutenable, notamment aussi parce que les prix et le coût des loyers augmentent et que les expulsions sont facilitées.
De fait, liant le pass sanitaire à l’accès aux services essentiels et aux droits fondamentaux, du droit au travail et au salaire, des trains aux universités, cette politique sanitaire devient une source supplémentaire de discrimination et de division, un outil de chantage en plus entre les mains du patronat, notamment contre les travailleurs au travail, poussant ainsi de nombreux travailleurs vers le travail au noir, hors de toute protection sociale contre la maladie, l’âge et le chômage.
Le gouvernement Draghi détruit 70 ans d’acquis sociaux et fait sortir du système de protection sociale des millions de travailleurs tout en accusant les travailleurs de cette situation et trouvant pour cela le soutien des directions des grandes centrales syndicales, totalement complices de l’ensemble de cette politique, des licenciements au pass sanitaire, devenant de plus en plus un rouage de l’appareil d’Etat.
Voilà ce que le pass sanitaire sert à camoufler.
Heureusement, la classe ouvrière et les classes populaires résistent de toutes leurs forces sur tous les plans et s’approchent d’une riposte unitaire collective associant la lutte contre le pass sanitaire à celle contre les licenciements et contre toutes les mesures anti-populaires du gouvernement.
Il y a d’abord eu la lutte farouche des travailleurs contre le géant multinational FedEx puis la forte résistance aux licenciements des ouvriers de Gkn, celle des employés d’Alitalia -pour les plus médiatisées – qui ont eu un large soutien, et puis surtout la grève générale des syndicats de base du 11 octobre qui a eu un succès jamais vu jusque là, et enfin les nombreuses grèves des ouvriers et des dockers contre le ′′ Passe sanitaire ′′ à partir du 15 octobre, prolongeant et centrant dorénavant autour des ouvriers, de très fortes manifestations populaires contre le pass qui durent depuis des mois. A côté de cela, il y a d’importantes initiatives des mouvements pour la justice climatique, le droit à l’habitation, la défense des territoires, l’action tenace de lutte organisée du Mouvement des chômeurs napolitains le 7 novembre, et beaucoup d’autres.
Le 30 octobre, à Rome vont se centraliser toutes ces luttes à l’occasion d’une manifestation contre le G 20 tandis que le 3 novembre, les syndicats de base appellent après le 11 octobre à une nouvelle journée de grève et d’action, cette fois centrée contre le pass sanitaire et les suspensions de travailleurs.
Plus important encore dans ce cadre général de luttes multiples, le 29 octobre, les syndicats de base appellent à une rencontre nationale pour coordonner et centraliser toutes ces luttes afin de les rendre plus efficaces et se donner la perspective de faire reculer durablement le gouvernement et le grand patronat, voire plus….
Voilà une perspective que nous pouvons aussi nous donner en France, une rencontre de toutes les forces en lutte actuellement pour unifier nos combats et être plus efficaces.
Jacques Chastaing
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