À lire si vous ne savez pas quoi penser des vaccins COVID19

Mis à jour le 1er décembre 2021

Première publication : SAMEDI 17 JUILLET 2021,

par DOMINIQUE DUPAGNE – Visites : 164154

Si je n’étais pas moi-même médecin, j’avoue que je serais bien en peine de me faire une opinion sur la vaccination COVID19 ! Entre les informations contradictoires et souvent inquiétantes qui circulent sur internet, les conflits d’intérêt des experts, les mensonges des autorités sanitaires et le souvenir de la vaccination contre la grippe A/H1N1 de 2009, il faut vraiment être d’un naturel confiant pour n’avoir aucun doute sur l’intérêt de cette vaccination !

Le but de cet article n’est pas de vous convaincre de vous vacciner. De toute façon, vous risquez de devoir « y passer » du fait des contraintes croissantes imposées aux non-vaccinés qui en font une quasi obligation. Je souhaite juste vous donner des éléments pour vous aider à réfléchir, à vous faire votre propre opinion.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, il nous faut passer par une étape importante et indispensable : vous dire qui je suis !

Lorsque vous lisez une information sensible, la première question que vous devez vous poser est de savoir qui parle : quels sont ses liens d’intérêt financiers ou affectifs, ses compétences, son passé ? Répète-t-il ce qu’il a lu ailleurs sans avoir creusé le sujet ? Son point de vue est-il neutre ou sous influence ? Tant que vous n’avez pas la réponse à ces questions, je vous invite à n’accorder aucun crédit à ce que vous entendez ou lisez.

Je suis médecin généraliste, avec une formation scientifique complémentaire sur le médicament. J’ai exercé pendant 33 ans, tout en ayant une activité importante dans la communication santé : journaliste pour la revue Prescrire puis Que Choisir Santé en 1990-92, puis à France-Inter ou j’ai tenu une chronique médicale scientifique entre 2011 et 2019 dans l’émission la Tête au Carré. Entre 1992 et 1995 la société VIDAL ma confié la rédaction de la version grand-public de son dictionnaire professionnel sur les médicaments ; j’y suis toujours employé à mi-temps.

Ce blog (atoute.org) contient 280 articles publiés en 18 ans. J’ai également posté des dizaines de milliers de messages sur le forum atoute (qui sera fermé en février 2022) depuis 20 ans, en réponse aux questions des visiteurs.

Je n’ai pas de liens d’intérêt avec les industriels du médicament. Mon épouse a travaillé dans l’industrie pharmaceutique pendant 25 ans. Elle l’a quittée il y a 10 ans pour devenir gériatre.

Une partie importante de mon activité médiatique a consisté à dénoncer les liens d’intérêts des experts médicaux. Avec le FORMINDEP dont je suis membre, nous avons mené en 2006 un recours devant le Conseil d’Etat pour exiger la mise en application de la Loi Kouchner qui imposait (et impose encore…) aux médecins s’exprimant dans les médias de mentionner leurs liens d’intérêt financiers.
J’ai utilisé mon expérience des réseaux sociaux pour soutenir Irène Frachon lorsqu’elle était harcelée par les sbires de SERVIER.

Les inconditionnels de la vaccination ne m’aiment pas : je me suis prononcé contre l’obligation vaccinale. J’ai critiqué certains vaccins d’intérêt douteux comme le BCG ou celui contre la varicelle. Celui contre les virus du cancer du col de l’utérus m’a longtemps laissé dubitatif (son intérêt a été enfin prouvé récemment). Je milite pour que l’on réserve la vaccination contre la grippe aux personnes très âgées ou très fragiles. Bref, je suis tout sauf un idolâtre des vaccins. Pour autant, je n’ai jamais remis en cause le principe de la vaccination, progrès thérapeutique absolument majeur : je ne suis pas un médecin « antivaccin ».

Pour ce qui est de la fiabilité de mes propos, je me suis peu trompé depuis 30 ans [1].

Beaucoup de mes prises de positions sur la santé qui ont pu paraître initialement exagérées ou trop polémiques sont désormais consensuelles. Je suis respecté par mes confrères, et notamment les plus scientifiques d’entre eux. Leurs seuls reproches ont concerné mon refus de condamner l’homéopathie que j’ai longtemps considérée comme une pratique magique mais utile et sans danger, et de ne pas être favorable à l’obligation vaccinale.
Vous en saurez plus en lisant ma notice Wikipedia.

Bref, je suis ne suis ni membre de l’Église de vaccinologie, ni un nervi de Big Pharma, ni un complotiste ; ma parole est libre et je pense avoir une formation médicale et scientifique suffisante pour analyser les données sur les vaccins.

Je vais maintenant aborder les principales questions qui se posent habituellement sur les vaccins contre le SARS-CoV2 virus responsable de la maladie COVID19.

N’a-t-on pas commercialisé les vaccins COVID19 trop précipitamment ?

Les vaccins contre le SARS-CoV2 (le virus du COVID19) ont en effet été commercialisés avec une rapidité jamais vue. J’ai moi-même été inquiet face au faible recul sur les vaccins à ARN lors de leur commercialisation. Ils avaient déjà été testés sur des dizaines de milliers de volontaires, mais le recul restait limité à quelques mois. Mon inquiétude à disparu depuis que des centaines de millions de personnes ont reçu les vaccins à ARN (PFIZER et MODERNA) depuis un an sans problème majeur, sauf bien sûr les très rares myocardites chez moins de 30 ans. C’est ce qu’a acté l’Agence US (FDA) du médicament en donnant cet été une autorisation de commercialisation définitive (et non plus provisoire) au vaccin Pfizer.

En fait, tout est lié à l’urgence : lorsqu’un vaccin combat une maladie infectieuse rare et déjà bien connue, il est nécessaire de prendre son temps, ne serait-ce que parce qu’il est difficile d’évaluer l’efficacité du vaccin du fait de la rareté des sujets infectés. Dans le cas des vaccins COVID19, la fréquence des contaminations a permis de faire en trois mois des études qui nécessitent habituellement deux à cinq ans.
Le grand nombre de sujets inclus dans les études précédant la commercialisation et la fréquence des infections COVID19 ont permis de démontrer très vite l’efficacité de ces vaccins et l’absence d’effets indésirables fréquents à court terme. Nous verrons plus loin ce qu’il en est du risque d’effets indésirables très rares ou tardifs.

Les vaccins anti-COVID19 sont-ils efficaces ?

14/12/2021 : cette partie sera bientôt réécrite à la lumière des dernières données, l’efficacité des vaccins (comme celle de l’immunité naturelle post-infection) étant bousculée par l’arrivée du variant Omicron.

Les vaccins à ARN ont montré initialement une efficacité remarquable, divisant en moyenne par 10 le risque d’être infecté. Après quelques mois, et notamment à l’apparition du variant Delta, cette efficacité s’est limitée à la prévention des formes graves, toujours en divisant le risque par 10, mais la vaccination ne prévenait plus l’infection « simple » ni la transmission.
Depuis quelques mois, cette protection contre les formes graves semble diminuer, surtout chez les personnes très âgées, et une troisième injection de rappel est recommandée pour revenir à un protection élevée.. Il est impossible de prévoir ce qui se passera à l’avenir, d’autant que l’on attend avec impatience les « mises à jour » des vaccins à ARNm actuel pour y intégrer des éléments spécifiques du virus Delta (lire cet article à ce sujet).

Le vaccin ASTRAZENECA VAXZEVRIA semble un peu moins efficace pour prévenir les formes graves. Cela semble le cas également pour les autres vaccins mais nous manquons encore d’informations. Il est recommandé de faire le ou les rappels avec les vaccins à ARNm.

Plusieurs questions font encore débat :
- Le vaccin empêche-t-il la transmission du virus par les sujets vaccinés infectés ? C’est malheureusement de moins en moins sûr. Les centres de surveillance des maladies infectieuses étatsuniens ont publié une mise en garde : « Les personnes vaccinées pourraient être en mesure de propager le coronavirus et devraient recommencer à porter des masques dans certaines circonstances. ». Il est impossible de réaliser des études pour mesurer la baisse de la transmission par le vaccin, on est forcé de la déduire d’observations « naturelles », ce qui est malheureusement une technique peu fiable.

- La politique du passe sanitaire est-elle justifiée ?
Une grande partie de la politique sanitaire actuelle (française en tout cas) est fondée sur l’hypothèse que les sujets vaccinés ne transmettent pas ou très peu le virus autour d’eux. Ce n’est plus le cas. Tout au plus peut-on considérer que la vaccination ralentit la diffusion du virus (comme du bois mouillé ralentit la force d’un feu).
Les autorités sanitaires ont confirmé que le passe sanitaire n’a pour objet que d’inciter les français à se vacciner. En effet, il ne constitue en aucun cas une garantie contre un risque de contamination dans les lieux où il est exigé.
Certains considèrent même, et ils pourraient avoir raison, que le passe sanitaire des vaccinés leur donne un faux sentiment de sécurité qui les conduit à être moins prudent (masque en intérieur notamment) et à se tester moins souvent que les non-vaccinés.

- Faut-il faire une troisième injection ?
Des études convaincantes montrent que la troisième injection augmente fortement la protection contre les formes graves de COVID19, notamment celles liées au variant omicron.

La vague actuelle est importante, dépassant celle de cet été en nombre de cas, mais elle permet aussi de vérifier l’efficacité du vaccin :



Attention : données datant d’avant omicron

Ces chiffres parlent d’eux-mêmes : le taux d’hospitalisation chez les non vaccinés est très nettement supérieur à celui des vaccinés, et la troisième injection apporte une nette protection supplémentaire. Les chiffres de la DREES ont pu être contestés, mais pas au point d’être à l’origine de telles différences. D’ailleurs, on retrouve la même différence énorme entre les vaccinés et les non-vaccinés en Suisse :


source @ValentinTombez

Pourquoi ne pas laisser faire l’immunité naturelle ?

Cette question qui hérisse beaucoup de mes confrères n’est pas absurde. En effet, la maladie tue entre une fois sur 20.000 et une fois sur 100 suivant que l’on a 35 ou 85 ans, ce qui est très peu pour une épidémie. La peste du 14e siècle a tué le tiers des populations touchées. De plus, la majorité des victimes sont fragiles ou âgées, et les opposants au vaccin notent que leur espérance de vie ne sera que peu modifiée si elles décèdent du COVID19, car elles seraient mortes de vieillesse ou d’autres maladies peu de temps après.

On aurait pu ne rien faire. On aurait pu laisser exploser les hôpitaux et les pompes funèbres, entasser les cadavres dans des chambres froides en attendant de pouvoir les enterrer. C’est un choix de société. Si c’est le vôtre, c’est votre droit. Ce n’est pas le mien, même si je ne méconnais pas les drames humains et économiques induits par les mesures sanitaires contraignantes que nous avons vécues et que nous vivons. Le problème est qu’il est difficile de l’imposer aux autres, surtout aux victimes potentielles et à leurs familles.

Pourquoi utiliser des vaccins mal étudiés alors qu’il existe des traitements efficaces ?

Malheureusement, aucun traitement pris dès les premiers symptômes n’a fait la preuve actuellement de son intérêt dans la prévention des formes graves de la maladie ou des décès.

Ceci est vrai pour le zinc, la vitamine D, l’hydroxychloroquine, l’azithromycine ou encore pour le plus récent dans cette catégorie de médicament miracle : l’ivermectine (lire à ce sujet l’excellent article de la BBC qui ne concerne que l’ivermectine mais qui vaut pour les autres.)

J’ai un doute sur la fluvoxamine, après la publication d’une étude encourageante mais qui demande confirmation.

Les médicaments développés récemment par l’industrie pharmaceutique sont peu efficaces ou destinés à traiter les patients déjà atteints de formes graves de COVID19, or dans ce cas de figure, la « bonne vieille » cortisone est le médicament de référence

Faut-il vacciner les jeunes ?

Les jeunes bien-portants ont un risque infime de faire une forme grave ou de garder des séquelles de la maladie.

La décision de vacciner les adolescents n’est pas donc pas évidente, d’autant qu’il n’est pas sûr que la vaccination les protège des COVID longs.
Le conseil scientifique britannique a surpris la communauté médicale début septembre en ne recommandant pas la vaccination des adolescents bien portants, faute d’un bénéfice suffisant.

Si vous vous inquiétez de cette situation pour vos enfants, sachez que le risque qu’ils souffrent d’un problème lié au vaccin est infime, et que les vacciner pour obtenir un passe sanitaire est une décision neutre car ils présentent un risque de complication en cas de COVID19 supérieur ou équivalent à celui d’un effet secondaire de gravité équivalente avec le vaccin. Vous ne pouvez donc pas faire de mauvais choix : le risque est infime dans un sens ou dans l’autre et personne ne peut affirmer que la balance penche nettement d’un côté ou de l’autre.

Pour les 16-39 ans, âge où le risque de complications COVID19 est très rare, l’obligation vaccinale liée au pass sanitaire est à mon sens très critiquable. Cela ne veut pas dire que le vaccin est inutile dans cette classe d’âge, mais qu’il pourrait être laissé au choix de chacun du fait d’un intérêt individuel très faible et d’un intérêt collectif de moins en moins crédible.

Les vaccins anti-COVID19 sont-ils dangereux à court terme ?

De nombreux évènements graves ont été signalés chez des personnes ayant reçu ces vaccins, mais pour qualifier ces évènements d’effets secondaires du vaccin, il faut pouvoir « imputer » cet évènement au vaccin : faire le lien de cause à effet avec l’injection. Deux éléments principaux permettent de faire ce lien :
- Soit un mécanisme identifié : il est évident qu’une réaction douloureuse au point d’injection est très probablement due au vaccin.
- Soit une fréquence anormalement élevée d’évènements chez les vaccinés par rapport à ceux survenant « normalement » chez des sujets non vaccinés.
Exemple : On constate 6 décès et 12 infarctus dans la semaine suivant l’injection chez 10000 sujets vaccinés de plus de 85 ans. Or, dans une population identique non vaccinée, il survient 7 décès et 10 infarctus. Il est alors impossible de dire que ces 6 décès ou ces 12 infarctus sont des conséquences du vaccin, puisque leur fréquence de survenue n’est pas significativement modifiée chez les vaccinés par rapport aux non-vaccinés.

C’est ce type de comparaison qui a permis de découvrir que le vaccin ASTRAZENECA/VAXZEVRIA augmente de façon certaine le risque de thrombose cérébrale. Cette complication touche environ une personne vaccinée sur 100 000. C’est très peu, mais nettement plus que chez des sujets du même âge non vaccinés. Autant l’usage de ce vaccin pouvait paraître pertinent en période de pénurie de vaccins ARN, autant il est probable qu’il sera retiré du marché lorsque les quantités de vaccin ARN produites seront suffisantes pour vacciner tout ceux qui le souhaiteront.

Les vaccins à ARN (MODERNA/SPIKEVAX, PFIZER/COMIRNATY), déjà utilisés chez des centaines de millions de sujets, sont à l’origine de fréquentes réactions douloureuses au point d’injection, de maux de tête, de douleurs musculaires, de « coups de fatigue » passagers, voire, beaucoup plus rarement, d’un état de faiblesse pouvant durer une semaine. Fréquent ne veut pas dire automatique. Beaucoup de vaccinés n’ont ressenti aucun symptôme. Des cas de myocardites et péricardites nécessitant une hospitalisation ont été observés à une fréquence anormalement élevée chez de jeunes vaccinés. C’est particulièrement vrai avec le Vaccin SPIKEVAX de MODERNA qui est plus fortement dosé que le vaccin PFIZER, d’où la décision de certains pays de ne pas l’utiliser pour vacciner les adolescents.
Ces myocardites ne touchent qu’un vacciné sur 100000, mais comme cela concerne surtout des sujets jeunes (moins de 40 ans) qui n’ont accès à la vaccination que depuis peu de temps, la fréquence de ces accidents pourrait augmenter. Cette fréquence est actuellement faible et ces problèmes cardiaques guérissent sans séquelles 4 fois sur 5, mais c’est un argument fort pour ceux qui s’opposent à la vaccination systématique des sujets les plus jeunes, même si le rapport bénéfice risque du vaccin reste favorable chez les jeunes adultes comme le montre ce graphique

Pour tempérer cette inquiétude, un travail en cours de publication retrouve plus de myocardites chez les jeunes atteints du virus SARS-CoV2 que chez les vaccinés ! Il est intéressant de lire l’historique de pharmacovigilance qui a conduit à imputer ces myocardites/péricardites aux vaccins ARN

Que sait-on des risques à long terme des vaccins ARN ?

La réalité est que nous n’avons aucune certitude, et que nous n’en aurons pas avant plusieurs années. Mais plus le temps passe, plus la probabilité de tels effets se rapproche de zéro.

La problématique autour des effets secondaires (des médicaments en général) est délicate.
On peut les classer en trois catégories :
- les effets secondaires survenant à court terme touchant au moins une personne sur mille : ils sont facilement détectés dans les études précédant la commercialisation.
- les effets secondaires rares touchant moins d’une personne sur dix mille. Ils sont rarement détectés dans les études avant commercialisation, mais se révèlent plus tard, lors d’un usage massif du médicament. C’est le cas pour le risque de thrombose cérébrale avec le vaccin ASTRA-ZENECA ou myocardite avec les vaccins ARN.
Pour mémoire, le vaccin contre la grippe A/H1N1 de 2009 a provoqué avec certitude de très rares cas de narcolepsie constatés après plus de 6 mois de vaccination intensive de la population européenne. De même, l’impact délétère du vaccin contre la dengue chez les enfants qui n’avaient jamais eu cette maladie a été détecté dès les études précédant sa commercialisation.
- Les effets secondaires tardifs, survenant longtemps après l’utilisation d’un médicament, et donc indétectables dans les études avant commercialisation ni dans les mois ou parfois les années suivant leur usage généralisé. L’exemple le plus connu est l’effet délétère du DISTILBENE sur la fertilité des filles de mères traitées par ce médicament pendant leur grossesse. ll a fallu une génération pour s’en rendre compte. Heureusement, à ce jour, aucun vaccin n’a été responsable d’effets secondaires tardifs, ce qui ne veut pas dire que c’est impossible.

En fait, la question que nous devons nous poser est la suivante : « le risque (hypothétique) d’effets secondaires tardifs graves justifie-t-il de renoncer au vaccin ou de retarder sa vaccination si l’on croit à son efficacité ? ». Et pour moi la réponse est non. Un tel effet indésirable tardif pour un vaccin n’a jamais été observé. On a vu des effets indésirables survenir plus d’un an après d’autres vaccins chez certains patients, mais ces mêmes effets indésirables avaient déjà été détectés dans les mois suivant la vaccination chez d’autres patients vaccinés. On n’a jamais vu des effets indésirables survenir plus d’un an après la vaccination sans jamais s’être manifestés plus tôt. Je précise cela pour ceux qui citent la narcolepsie comme exemple d’effet indésirable tardif pour le vaccin contre la grippe H1N1. C’est un mauvais exemple car cette narcolepsie (très rare) est apparue en quelques mois chez certains patients. Ce n’était donc pas un effet indésirable tardif, mais un effet indésirable pouvant apparaître tardivement chez certains patients, ce qui est très différent. Un an après la diffusion de ce vaccin, on savait déjà que ce risque existait.

La probabilité d’effets indésirables tardifs pour les nouveaux vaccins à ARN n’est pas nulle, mais elle est proche de zéro. Vous devez donc mettre en balance deux risques :
- Celui de présenter dans quelques années un effet indésirable grave encore inconnu en vous vaccinant.
- Celui de faire un COVID grave, un covid long, une forme mortelle, ou de contaminer une personne fragile qui vous est chère.
Dans l’état actuel de nos connaissances le premier risque est une hypothèse très improbable, le deuxième existe de façon certaine.

J’ai déjà eu le COVID19. J’ai fait une prise de sang et j’ai des anticorps, pourquoi me vacciner ?

La présence d’anticorps anti SARS-CoV2 dans une prise de sang signifie que vous avez déjà été infecté par le virus. Attention : leur absence ne signifie pas que vous n’avez pas été infecté, car l’immunité contre cette infection fait appel en grande partie à des lymphocytes T (globules blancs « tueurs ») qui ne sont pas dosables par prise de sang.

Même si vous avez un taux élevé d’anticorps, ce n’est pas une contre-indication à vous faire vacciner, car les anticorps induits par le vaccin sont différents et complémentaires de ceux induits par la maladie. Donc, dans le pire des cas, vous aurez une réaction un peu plus forte au vaccin, mais il est très probable que vous serez mieux protégé en vous vaccinant (avec une seule injection si on a la preuve que vous avez déjà eu le COVID19).

Il existe de nombreux cas prouvés de personnes ayant fait deux fois le COVID19 à quelques mois d’intervalle, mais les formes graves en cas de deuxième injection sont rares. Il existe actuellement un débat pour savoir si la vaccination est utile chez ceux qui ont déjà contracté le COVID19. J’ai traduit une synthèse sur l’immunité qui fait suite à une infection, comparée à celle induite par la vaccination lisible ici.

Est-il vrai que l’on a plus de risque d’avoir le COVID19 juste après avoir été vacciné ?

Il y a un fond de vrai dans cette affirmation. Lorsque nous sommes contaminés ou vaccinés, nous fabriquons des anticorps, c’est un des principes de l’immunité. Mais il existe un phénomène troublant : celui des « anticorps facilitants » qui ne protègent pas, bien au contraire, mais accélèrent la diffusion de l’infection ! Ils apparaissent brièvement après certaines infections.

C’est peut-être une des raisons pour lesquelles des sujets exposés à des contaminations rapprochées font des formes plus graves de la maladie car ils se réinfectent pendant qu’ils fabriquent encore des anticorps facilitants (ce serait le cas des soignants chinois en début d’épidémie, qui n’avaient que des masques chirurgicaux peu protecteurs).

Un effet « anticorps facilitants » du même type pourrait sembler plausible avec les vaccins COVID19, mais en pratique, les études avant commercialisation montrent que cela n’arrive pas. Si le problème existait avec les vaccins COVID19 on aurait constaté dans les jours suivant la vaccination une augmentation du nombre de malades chez les vaccinés par rapport aux non-vaccinés. Ce n’est pas le cas, comme on le voit dans la courbe suivante : elle montre le pourcentage de sujets vaccinés ayant contracté le COVID19 après vaccination, soit par le vrai vaccin PFIZER, soit par un vaccin placebo (inactif).

Comme vous le constatez, il n’y a aucune augmentation des contaminations chez ceux qui ont reçu le vaccin, par rapport à ceux qui ont eu le vaccin placebo, dans les jours qui suivent l’injection.

Ensuite, l’efficacité du vaccin apparaît dès le dixième jour après l’injection avec une réduction spectaculaire du nombre de contaminations chez ceux qui ont reçu le vrai vaccin.

J’ai peur de me faire vacciner car j’ai déjà eu de mauvaises réactions à certains vaccins.

Je comprends très bien cette peur, mais une mauvaise réaction avec un autre vaccin ne présume pas de votre réaction face aux nouveaux vaccins, d’autant que les vaccins ARN ne contiennent pas d’aluminium, souvent mis en cause dans les réactions aux vaccins traditionnels. Personne de sérieux ne dit que la vaccination ne pose aucun problème, mais tous les gens sérieux disent à juste titre que les réactions possibles après vaccination ne peuvent être comparées à la violence du COVID19 symptomatique, même sans parler des formes graves.

J’hésite à me vacciner car : je suis enceinte/atteint d’un cancer/sous traitement immunosuppresseur/de nature allergique/cardiaque/j’ai déjà fait une phlébite/atteint de sclérose en plaque/atteint d’une maladie auto-immune etc.

Aucune étude spécifique n’a été menée dans ces populations, par ailleurs fragiles vis-à-vis de la maladie COVID19. En revanche, après vaccination de plusieurs centaines de millions d’individus (ce qui est énorme), aucune population à risque élevé de complication aux vaccins n’a été identifiée.
Dans le doute, parlez-en à votre médecin, ou à celui qui vous recevra en entretien préalable au centre de vaccination.

Les labos sont les premiers à croire au risque d’effets indésirables graves puisque leurs contrats prévoient de les exempter de leurs responsabilités en cas de survenue d’effets indésirables.

Encore du vrai/faux. Un bon article du Monde résume la situation :

La ministre déléguée chargée de l’industrie, Agnès Pannier-Runacher, précisait :
« Les seuls cas dans lesquels l’UE pourrait éventuellement partager la charge, (…) ce serait la survenue d’un épisode qui serait nuisible et pas connu, ni par nous, ni par le laboratoire pharmaceutique, (…) et pour lequel le laboratoire pourrait démontrer qu’à chaque instant il a fait preuve de transparence. »

Dans le cas contraire, selon la ministre, toute négligence prouvée d’un laboratoire pharmaceutique « serait évidemment devant les tribunaux avec une indemnisation à la charge du laboratoire pharmaceutique ».

Selon une directive européenne, les laboratoires sont responsables en cas de défauts ou négligences liés à leur produit, à moins qu’ils ne prouvent « que l’état des connaissances scientifiques et techniques (…) n’a pas permis de déceler l’existence du défaut ». Le texte précise aussi que les fabricants de vaccins ne peuvent imposer une clause écartant toute responsabilité. C’est « contraire à la loi », a rappelé Mme Pannier-Runacher.

Donc, en pratique, le laboratoire n’est responsable que si l’on prouve qu’il a été négligent, ou qu’il a menti, ou encore qu’il a caché des informations (comme c’est arrivé par le passé pour d’autres médicaments). Sinon, c’est « la faute à pas-de-chance » ! Mais heureusement, il existe un organisme public (l’ONIAM) pour indemniser les victimes, qui n’y sont pour rien non plus, et qui bénéficient alors de la solidarité nationale.

Le vaccin contient-il des nanoparticules dangereuses, des toxines ou des métaux lourds ?

On rentre dans le domaine de la pure légende. Non, les vaccins et notamment les vaccins à ARN ne risquent pas de vous intoxiquer. Ceux qui l’affirment sont des manipulateurs dangereux. Les images de téléphones ou d’aimants qui restent collés sur l’épaule des vaccinés sont des faux :

Pour les toxines, on en est encore dans le « vrai-faux » : par exemple, de nombreuses eaux minérales et eaux de source du commerce contiennent des taux infimes d’arsenic, car ce produit est naturellement présent dans l’environnement. Le taux est tellement faible que l’on parle de « traces ». Ces eaux n’ont bien sûr aucune toxicité car les traces d’arsenic sont trop faibles pour avoir un quelconque effet sur notre organisme. Il en est de même sur les légendes qui entourent la présence de métaux lourds ou de toxines dans les vaccins.

Les vaccins ARN risquent-ils de modifier mon ADN ? Pourrais-je avoir des enfants malformés ?

Tout le monde se souvient de cette phrase de Jeff Goldblum dans Jurassic Park I  : « La vie trouve toujours son chemin« , prédiction qui se vérifiera ensuite dans le film : l’artifice (carence en lysine) mis en place pour empêcher les dinosaures créés de se reproduire dans la nature ne fonctionnera pas, car la « Vie » réussira à contourner ce verrou chimique.

Ce souvenir peut être perturbant face aux scientifiques qui affirment l’impossibilité pour l’ARN viral du vaccin de s’intégrer dans notre ADN. Mon point de vue est qu’il ne s’agit pas d’une certitude absolue, car tout n’est pas prévisible et la « Vie » peut en effet réserver des surprises. En revanche, je sais que le nombre de conditions à remplir par cet ARN pour venir s’intégrer dans notre ADN est proche de celui de la chauve-souris enragée de Bigard qui voudrait pénétrer dans son appartement :

Donc, personne ne peut affirmer scientifiquement que c’est impossible, mais en pratique c’est aussi improbable que de mourir en recevant une météorite sur la tête en allant faire ses courses.

En conclusion

Voici donc les principaux éléments qui pourraient éclairer votre réflexion. J’espère avoir pu faciliter votre choix et soulager l’angoisse de beaucoup de français qui vont se vacciner faute de pouvoir faire autrement, en craignant beaucoup pour les conséquences de cette vaccination. Je ne méconnais pas les interrogations importantes qui restent en suspens, mais je pense vraiment que ces craintes ne sont pas assez justifiées pour renoncer à la protection du vaccin chez les adultes.

Si vous voulez vous tenir au courant des derniers développements entre deux mises à jour, lisez les derniers échanges du forum ci-dessous.

Dernière mise à jour de l’article :nombreuses modifications et mise à jour au chapitre efficacité.


[1Sur 281 articles, je me suis trompé deux fois : J’ai prédit à tort en 2005 la survenue d’une grippe aviaire et incité les gens à stocker des masques et des gants… J’ai aussi prédit la fin de la deuxième vague COVID19 en septembre 2020, et la suite m’a donné tort.

Ce champ est nécessaire.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*