Le maintien de l’ordre à la française

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Incidents au Stade de France : « Le problème, c’est que la police perçoit toute foule rassemblée comme un groupe homogène »

« En France, face à une altercation, les autorités ne cherchent pas la désescalade, elles envoient sur le terrain les policiers qui font un usage indiscriminé de leurs moyens », pointe le sociologue Sebastian Roché, après les incidents survenus samedi en marge de la finale de la Ligue des champions.

Propos recueillis par 

Deux jours après les scènes de chaos qui ont fait le tour du monde, les incidents survenus en marge de la finale de la Ligue des champions, samedi 28 mai, continuent d’interroger sur la capacité de la France à accueillir de grands événements internationaux dans des conditions de sécurité optimales.

S’il continue d’imputer la responsabilité des événements survenus au Stade de France, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), aux supporteurs britanniques venus « soit sans billet, soit avec des billets falsifiés », le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a exprimé, lundi 30 mai, ses « regrets » pour les spectateurs qui ont souffert de l’usage des gaz lacrymogènes par les forces de l’ordre.

Sebastian Roché est sociologue, spécialiste des questions de police et de sécurité, directeur de recherche au CNRS et professeur à Sciences Po Grenoble. Il est aussi l’auteur du livre De la police en démocratie (Grasset, 2016). Il explique en quoi le recours aux gaz lacrymogènes par les policiers, sans motif impérieux ni discernement, lors d’incidents aux abords du Stade de France, samedi soir, est emblématique de l’approche policière française vis-à-vis d’une foule.

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Que vous inspirent les incidents survenus au Stade de France, samedi, en matière de gestion des foules ?

Ce qui est frappant dans cette situation, c’est que la foule était, dans son immense majorité, pacifique. Les supporteurs massés à l’entrée du stade ont fait preuve d’une grande abnégation, y compris quand le système de filtrage des policiers les a contraints à passer par un goulot d’étranglement – seuls quelques-uns ont tenté de sauter par-dessus la grille.

Autre fait notable : des journalistes britanniques ont essayé, en vain, d’alerter les forces de l’ordre sur un certain nombre de dysfonctionnements. Les policiers français ne sont pas préparés à dialoguer avec le public. Ils ne sont pas entraînés à faire remonter une information à leur hiérarchie pour adapter un dispositif à la réalité du terrain. Ils ne communiquent pas non plus auprès du public pour expliquer ce qu’ils font ou ce qu’il se passe. Ce déficit de communication est chronique.

Se pose également la question du recours, disons « très généreux », aux gaz lacrymogènes sans motif légitime ni discernement. L’utilisation de ces équipements par les forces de l’ordre est réglementée par l’article L-211-9 du code de la sécurité intérieure et par l’article 431-3 du code pénal. De fait, ces règles laissent une latitude assez large aux policiers.

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S’agit-il d’un incident isolé ou d’une habitude ?

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