Au Sri Lanka, une foule prend d’assaut les bureaux du premier ministre, tout juste désigné président par intérim
Quelques heures après la désignation de Ranil Wickremesinga comme président par intérim, la foule est entrée dans le bâtiment, alors que les forces de l’ordre avaient tenté de les repousser avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau.
Le premier ministre sri-lankais, Ranil Wickremesinga, a été désigné président par intérim, le président, Gotabaya Rajapaksa, ayant fui à l’étranger, a annoncé mercredi 13 juillet le président du Parlement, Mahinda Yapa Abeywardena, dans une brève allocution télévisée. Un peu plus tôt, le bureau du premier ministre avait déclaré l’état d’urgence dans ce pays en proie à une grave crise économique et politique.
La police a annoncé un couvre-feu à durée indéterminée dans la province de l’Ouest, celle de Colombo, la capitale économique, pour tenter de contenir les manifestations.
Mais quelques heures après la désignation de M. Wickremesinga comme président par intérim, des milliers de personnes ont pris d’assaut les bureaux du premier ministre. La foule est entrée dans le bâtiment, alors que les forces de l’ordre avaient tenté de les repousser avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau.
Le président en fuite aux Maldives
M. Wickremesinga a aussitôt demandé à l’armée et à la police de « faire le nécessaire pour rétablir l’ordre », a-t-il annoncé dans une allocution télévisée. Les protestataires « veulent m’empêcher de m’acquitter de mes responsabilités de président par intérim », a-t-il ajouté. « Nous ne pouvons pas permettre aux fascistes de prendre le pouvoir. » Nommé premier ministre en mai par le président sri-lankais pour remplacer son propre frère, Mahinda Rajapaksa, M. Wickremesinga est lui aussi contesté par les manifestants.
M. Rajapaksa, conspué par un fort mouvement populaire, s’est posé tôt mercredi aux Maldives après avoir fui son pays à bord d’un avion militaire. Le dirigeant de 73 ans, qui avait promis de démissionner mercredi, n’a pas encore officialisé son retrait. La Constitution prévoit, en cas de démission du président, que le premier ministre assure l’intérim jusqu’à l’élection par le Parlement d’un député qui exercera le pouvoir jusqu’à la fin du mandat en cours, c’est-à-dire novembre 2024.
Kotte en pourparlers avec le FMI
A l’annonce de son arrivée, des dizaines de Sri-Lankais sont descendus dans la rue à Malé, la capitale de l’archipel des Maldives, pour protester. « Chers amis des Maldives, s’il vous plaît, appelez votre gouvernement à ne pas accueillir des criminels », pouvait-on lire sur une banderole. « Nous trahissons nos amis du Sri Lanka en accueillant Rajapaksa, une figure honnie », a fait valoir un membre du Parti progressiste, le principal parti local d’opposition. Dans cette fuite, le président sri-lankais a laissé derrière lui une valise remplie de documents et 17,85 millions de roupies (49 000 euros) en liquide, désormais sous scellés.
M. Rajapaksa est accusé d’avoir mal géré l’économie et d’être ainsi responsable de l’incapacité du pays, en manque de devises étrangères, à financer les importations les plus essentielles à une population de 22 millions d’habitants. Kotte a fait défaut sur sa dette extérieure de 51 milliards de dollars en avril et est en pourparlers avec le Fonds monétaire international (FMI) pour un éventuel renflouement.
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