« Gilets jaunes » : l’acte XXVIII signe la plus faible participation du mouvement
Ils étaient 12 500 à manifester dans toute la France samedi, à la veille des élections européennes, selon le ministère de l’intérieur.
Après plus de six mois de mobilisation, la baisse de la participation semble difficile à enrayer. Selon le ministère de l’intérieur, 12 500 « gilets jaunes » ont manifesté dans plusieurs villes de France, dont 2 100 à Paris pour l’acte XXVIII, samedi 25 mai, à la veille des élections européennes.
Il s’agit ainsi de la plus faible mobilisation depuis le début du mouvement, plancher qui avait déjà été franchi le précédent samedi,où 15 500 personnes avaient battu le pavé à travers le pays. Mais le comptage des autorités est contesté par les « gilets jaunes », qui ont dénombré de leur côté 35 100 manifestants ce samedi.
Dans la capitale, où 1 000 membres des forces de l’ordre étaient mobilisés pour des contrôles préventifs et 3 000 policiers et militaires dans le cadre du maintien de l’ordre, deux cortèges ont défilé.
Une manifestation déclarée a rejoint la butte Montmartre depuis le cimetière du Père-Lachaise. Une autre, non déclarée, a rassemblé, selon une journaliste de l’Agence France-Presse (AFP), plus d’une centaine de personnes, défilant sans leur habit distinctif – un fait inédit – à l’appel de plusieurs figures du mouvement, dont Eric Drouet.
Partis de l’ouest de la capitale, ces manifestants ont joué au chat et à la souris avec les forces de l’ordre avant de rallier la place de la République où, en fin d’après-midi, une trentaine de personnes ont jeté des projectiles sur les forces de l’ordre, qui ont répliqué avec des grenades lacrymogènes. Vers 19 heures, quelques dizaines de manifestants ont ensuite bloqué une partie de la place de la Bastille à l’aide de barrières de chantier, rapidement enlevées par la police.
Dix-huit interpellations à Amiens
Entre 800 « gilets jaunes », selon la préfecture de la Somme, et 2 000 selon les organisateurs, ont également manifesté à Amiens, déterminés à « aller chercher Macron chez lui », en « prenant » sa ville natale lors de cet acte XXVIII. « Puisqu’on nous empêche de prendre le palais de Macron, nous prendrons donc sa ville : Amiens », expliquaient depuis plusieurs jours les « gilets jaunes » dans un « appel national », largement diffusé sur les réseaux sociaux.
Dès 9 heures, quelques centaines de manifestants venus de Normandie, de Bretagne, des Hauts-de-France ou de la région parisienne, se sont rassemblés au parc de la Hotoie où était installé un « village festif », constitué notamment de stands associatifs et syndicaux, a constaté un correspondant de l’AFP.
Plusieurs personnalités, comme le député de la Somme François Ruffin, le comédien et ancien délégué CGT de Continental Xavier Mathieu, ou l’ex-Goodyear (CGT) Mickaël Wamen, étaient présents. Vers 14 h 45, quelques personnes ont jeté des projectiles sur une agence bancaire et sur l’hôtel Carlton dans le secteur de la gare. Les forces de l’ordre les ont dispersées à l’aide de gaz lacrymogènes. La préfecture de la Somme comptabilisait dix-huit interpellations au total, à la suite de contrôles préventifs. Parmi ces personnes, deux ont été placées en garde à vue pour détention de matériel offensif.
Des rassemblements à Toulouse, Montpellier et Lyon
A Toulouse, près de 2 000 manifestants se sont rassemblés dans le calme samedi après-midi pour un acte XXVIII « plus chaud que le climat ». A 16 h 30, aucune interpellation n’avait été menée dans la ville. L’ambiance était similaire à Montpellier avec l’organisation d’un événement intitulé « La Révolution du peuple ! », auquel ont participé quelque 950 personnes.
A Strasbourg, théâtre d’une « convergence des luttes » entre mouvement de contestation sociale et marche pour le climat, plusieurs dizaines de « gilets jaunes » étaient présents dans le cortège pour l’environnement, composé selon la police d’environ 850 personnes. « Bloquons Blanquer, Castagnons Castaner, Matons Macron », pouvait-on lire sur une banderole en tête de cortège. Lyon a aussi réuni « gilets jaunes » et militants de la cause climatique, comme à Nantes où 500 personnes ont défilé selon la police, ou Dijon (600 selon la préfecture).
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