La direction de Force Ouvrière a annoncé mardi qu’elle n’appellera pas à la journée de mobilisation interprofessionnelle du 29 septembre. Alors que l’inflation et la crise énergétique touchent de plein fouet les travailleurs, FO participe activement à la division de notre camp social. Un scandale à l’heure où l’unité est indispensable face à ceux qui veulent nous faire payer la crise.
lundi 12 septembre
Le nouveau secrétaire général de Force Ouvrière, Frédéric Souillot, a annoncé mardi à l’AFP qu’il ne participera pas à la mobilisation interprofessionnelle du 29 septembre, appelée à l’origine par la CGT et Solidaires. Le dirigeant syndical se justifie en mettant en avant la « liberté et l’indépendance » des syndicats vis-à-vis des organisations politiques, appuyant sur le fait que la NUPES, le NPA et d’autres associations telles que Attac ou Oxfam, ont signé un communiqué commun avec la CGT, la FSU et Solidaires pour appeler au 29 septembre. Un prétexte pour cacher des enjeux d’appareils, en déconnexion totale avec la situation de crise sociale à laquelle sont confrontés les travailleurs.
Le refus de FO alimente la division des travailleurs : un scandale !
La situation actuelle est marquée par une offensive généralisée contre les conditions de vie des travailleuses et des travailleurs. A l’inflation globale qui rogne toujours plus nos salaires réels, s’ajoute désormais la crise énergétique, avec de nouvelles hausses de prix. Le cumul de ces crises amplifie encore la crise sociale, et remet en question encore plus largement notre capacité à subvenir à nos besoins élémentaires, comme nous nourrir, nous loger, nous chauffer correctement.
Dans ce contexte, le refus de la direction de FO d’appeler à la mobilisation du 29 septembre est un frein supplémentaire à l’unification syndicale, qu’il faut dénoncer avec force. Non parce que le timide appel lancé pour le 29 constitue une réponse à la hauteur, mais parce que la position de FO alimente et cimente une division syndicale qui constitue un obstacle à l’unité des travailleurs.
Pour se couvrir, Force Ouvrière a décidé de mettre en avant la perspective d’une autre journée d’action pour les salaires, « dans la première quinzaine d’octobre ». Une date lointaine, qui sera précisée le 13 septembre par la Confédération européenne des syndicats (CES), organisme présidé par Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT.
Les intérêts d’appareil de la bureaucratie syndicale avant ceux des travailleurs ?
Derrière l’absence d’unité syndicale face à l’inflation se cachent des intérêts d’appareil. En effet, si FO prétexte l’indépendance face aux organisations politiques, ce sont les syndicats CGT et Solidaires qui sont à l’initiative du 29 septembre.
Les deux syndicats ont officialisé le jeudi 7 juillet cet appel à la mobilisation fin septembre, sans attendre la tenue d’une réunion sur le thème du pouvoir d’achat, prévue avec l’ensemble des syndicats le lundi qui suivait au siège de Force Ouvrière. Les partis politiques n’ont fait que se raccrocher à la date fin août. La décision de FO, qui rompt le front unitaire syndical qui avait primé notamment le 17 mars 2022, s’inscrit ainsi dans une concurrence syndicale autour de qui aura la main sur la rentrée sociale.
Une bataille qui a des conséquences délétères y compris au niveau sectoriel, comme en témoigne la division des dates de mobilisations du secteur hospitalier, appelé à se mobiliser le 22 septembre par la CGT, puis le 27 septembre à l’appel de FO, de la CFDT et de l’UNSA. Cet éparpillement des dates ne peut que diviser les travailleurs entre eux et fait le jeu du gouvernement et du patronat.
29 septembre : nouvelle journée d’action routinière ou véritable journée de grève ?
Indépendamment de l’absence d’unité syndicale, la journée de mobilisation du 29 septembre ne s’annonce cependant pas comme une véritable journée de grève avec des blocages de la production ou une paralysie des transports et des écoles. Au contraire, on s’oriente actuellement vers une nouvelle journée d’action routinière, où la grève sera périphérique.
Or, dans le contexte actuel, où le grand patronat est sur les dents, les appels à de très timides journées de mobilisation sont incapables de renverser la vapeur. A l’inverse, pour redonner du moral et enclencher une dynamique, c’est d’une véritable journée de grève, qui cherche à la fois à rassembler toutes les forces qui ont lutté ces dernières années et qui soit capable de bloquer des secteurs entiers de la production, dont nous avons besoin.
Une telle journée réussie pourrait être un premier pas, et serait un point d’appui pour exiger un véritable appel à la grève d’au moins 48 ou 72h. Ce serait dans ce cadre qu’on pourrait construire un réel plan de bataille à la hauteur de la crise à laquelle nous faisons face et de la lutte nécessaire contre les contre-réformes qui se préparent. Alors que les directions syndicales rencontrent aujourd’hui le Ministre du Travail, cet objectif impliquerait d’en finir avec l’illusion du dialogue social, et de se doter d’un programme qui donne envie de se battre : la hausse de tous les salaires, leur indexation sur l’inflation, mais aussi, face à la crise énergétique, l’expropriation sous contrôle des travailleurs des grands groupes de l’énergie.
C’est la seule issue pour commencer à créer un élan de mobilisation afin que ce ne soit pas aux travailleurs de payer la crise, à l’image de la mobilisation des travailleurs qui a marqué le Royaume-Uni ces derniers mois.
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