Les entreprises canadiennes s’activent pour combler des dizaines de milliers de postes vacants via le programme fédéral des travailleurs temporaires étrangers. Un chiffre inégalé en cinq ans.
20 octobre 2022
Face à une pénurie de main-d’œuvre persistante et à un taux de chômage qui n’a jamais été aussi bas depuis des décennies, les employeurs canadiens, écrit le Globe and Mail, ont reçu le feu vert des autorités du pays pour combler 44 200 postes via le programme du ministère de l’Immigration. Le quotidien, qui a analysé des données du ministère, assure que ce nombre de postes approuvés est de “73 % de plus que la moyenne trimestrielle de 2017 à 2021”.
Pour plusieurs catégories d’emplois concernés
Près de la moitié de ces postes vacants concerne les travailleurs agricoles. Également en demande : des cuisiniers, des ouvriers de serre, des superviseurs dans les services de restauration, des travailleurs dans les usines de traitement et de transformation du poisson, et du secteur de l’alimentation, des ouvriers agricoles, des camionneurs ainsi que des manœuvres dans le secteur de la construction.
“Le recours à la main-d’œuvre étrangère est appelé à augmenter encore davantage”, ajoute le journal, qui rappelle qu’en avril dernier Ottawa avait révisé son programme des travailleurs étrangers temporaires pour accorder aux compagnies un meilleur accès à cette main-d’œuvre.
Les groupes de pression ont applaudi cette initiative. Mais ce fut tout le contraire du côté des défenseurs des droits des travailleurs et de nombreux économistes, écrit le Globe and Mail, “en raison de préoccupations concernant les salaires impayés, de conditions de vie dangereuses pour les migrants et du fait d’entreprises délaissant volontairement des candidats à l’emploi canadiens”.
Plaidoyer pour une stratégie nationale
Notant que le marché du travail canadien n’a jamais été aussi tendu et qu’en début d’année il n’y avait que 1,2 chômeur pour chaque offre d’emploi, le magazine Maclean’s affirme que plutôt que de se tourner vers les travailleurs étrangers temporaires, le pays a davantage besoin d’une stratégie nationale pour améliorer les conditions des travailleurs existants.
“Le Canada a besoin d’un plan qui maximise le potentiel de travail des Canadiens, qu’ils soient nouveaux arrivants ou nés ici, en leur offrant la possibilité de se former pour faire avancer leur carrière. Cela pourrait inclure la réduction des frais de scolarité ou l’octroi de subventions aux personnes qui travaillent dans les régions rurales et éloignées.”
Quoi qu’il en soit, une enquête dont fait état CIC News révèle que les employeurs canadiens et autres institutions procédant au recrutement de talents à l’étranger sont pénalisés par les retards dans l’attribution de visas de travail par le ministère de l’Immigration. L’enquête réalisée par le Conseil canadien de mutation d’employé montre que, en juin et juillet, l’arriéré des demandeurs auprès du ministère est passé de 2,4 millions à 2,7 millions, soit une augmentation de 12 %. Et, précise CIC News, “au cours de la même période, l’arriéré de travailleurs étrangers temporaires a augmenté de 21 %, passant de 408 733 à 493 746 demandes”.
Les 33 entreprises qui ont participé à l’enquête sont par ailleurs toutes tombées d’accord avec l’énoncé suivant :
“Les contributions des talents internationaux sont importantes pour notre entreprise.”
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