L’Iran est en proie à des manifestations depuis la mort le 16 septembre de la jeune Kurde iranienne après son arrestation par la police des mœurs à Téhéran, qui lui reprochait d’avoir violé le code vestimentaire strict pour les femmes.
Au quatrième mois de contestation sociale et politique, le régime iranien multiplie les arrestations. Taraneh Alidoosti, une célèbre actrice iranienne et ardente militante des droits des femmes, a été arrêtée, tout comme Mohammad Ali Kamfirouzi, l’avocat d’Elaheh Mohammadi, 35 ans, reporter de quotidien Ham-Mihan, et de Niloofar Hamedi, 30 ans, photographe du journal Shargh, détenues depuis septembre.
« Taraneh Alidoosti a été arrêtée en raison de ses actions récentes en publiant de fausses informations et contenus, et pour incitation au chaos », a annoncé l’agence Tasnim, sans préciser le lieu de son interpellation. Figure du cinéma iranien depuis son adolescence, Taraneh Alidoosti a interprété son rôle le plus célèbre dans le film d’Asghar Farhadi Le Client, Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2017.
« Payer le prix »
Elle avait apporté à plusieurs reprises son soutien sur Instagram aux manifestations, déclenchées par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini. L’actrice de 38 ans avait notamment dénoncé le 8 décembre les autorités pour avoir procédé à la pendaison de Mohsen Shekari, exécuté après avoir été accusé de « guerre contre Dieu ». « Toute organisation internationale qui regarde ce bain de sang sans réagir représente une honte pour l’humanité », avait-elle écrit sur sa page Instagram.
Avocats et journalistes emprisonnés
Me Kamfirouzi, qui a été arrêté mercredi, « n’a reçu aucune convocation, il est détenu sans aucune forme légale et la raison de son arrestation reste inconnue », a déclaré au quotidien Ham-Mihan son conseil, Mohammad Ali Bagherpour. Selon Ham-Mihan, vingt-cinq avocats iraniens ont été « interpellés à travers le pays » depuis le début des manifestations. Jeudi, Mohammad Kamfirouzi, le frère de l’avocat, a annoncé qu’il tenait désormais le pouvoir judiciaire pour « responsable » de sa « vie » et de sa « santé ».
Plus de trois cents journalistes et photojournalistes iraniens ont critiqué fin octobre dans une lettre ouverte les autorités pour avoir « arrêté [leurs] confrères et les avoir privés de leurs droits » notamment l’« accès à leurs avocats ». Mardi, le quotidien Shargh a publié une liste de près de quarante journalistes et photojournalistes arrêtés en Iran en lien avec la contestation.
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