Réponse à la revue « sciences et avenir » sur la fusion nucléaire

Ma réponse à la revue « sciences et avenir » suite au dossier sur la fusion nucléaire de mars 2023

Pas de quoi s’emballer, comme le font tous les media, avec l’expérience très médiatisée du NIF (
 National Ignition Facility) , réacteur de recherche américain de fusion nucléaire par confinement inertiel.
Cette « avancée majeure » avec un gain de 1,53  est à relativiser. Les lasers du NIF engloutissent pour fonctionner une quantité colossale d’énergie et il faudrait des gains supérieurs à 100, en continu, pour produire de l’électricité à un prix acceptable.
Ce n’est pas pour demain !!

Bonjour,

Je suis surpris et déçu de votre dossier sur la fusion nucléaire. Il s’agit davantage d’une prise de position idéologique que d’une étude scientifique ! Vous auriez au moins pu mettre des points d’interrogation dans les titres :
« Fusion nucléaire, une révolution pour l’humanité ? une énergie propre est abondante ? »
« fusion l’énergie du futur ? »

Heureusement que la lecture de votre dossier montre bien que ce n’est pas si simple, « de nombreux verrous technologiques devant encore être levés ».
Il nous éclaire aussi sur l’intérêt militaire de la fusion nucléaire.

« Une énergie propre ». Certainement pas !

L’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) a reconnu que la toxicité du tritium avait été sous-évaluée. Quasiment impossible à confiner et facilement absorbé par l’organisme, cet élément radioactif peut s’intégrer à l’ADN au cœur des cellules humaines.

Les réacteurs nucléaires en rejettent involontairement des quantités importantes dans l’environnement. Sa période radioactive est certes plus courte que celle de l’uranium 238 (4,5 milliards d’années) mais loin d’être insignifiante. Sa demi-vie est de 12,3 ans, soit 200 ans pour la disparition totale de sa radioactivité.

D’ailleurs, comme vous le dites, ce sont les institutions militaires qui sont les plus intéressées par la fusion nucléaire et par le tritium pour développer leur armement et mettre au point une nouvelle génération de bombes atomiques. Ils manquent de tritium car ils doivent le remplacer tous les12 ans dans les têtes nucléaires stockées.

Le tritium n’est pas non plus une énergie abondante.

25 kg dans le monde comme vous le précisez. La France en produit un kilo par an pour son arsenal militaire. L’espoir est de générer le tritium dans l’enceinte même des réacteurs à fusion. On en est très loin et c’est tant mieux.

« Une énergie respectueuse de l’environnement »? Non plus.
une énergie dangereuse pour notre santé, ça oui !
Les réacteurs à fusion nucléaire  nécessitent pour leur construction et fonctionnement une quantité démesurée de matières premières rares, précieuses et dangereuses.

Le National Ignition Facility (NIF) est composé dans son cœur entre autres de diamant, d’or, de tungstène et même d’uranium appauvri !

Pour ITER, la liste est encore plus stupéfiante. Je ne citerai que le béryllium, un des métaux les plus toxiques du monde, poison cancérigène à doses infimes. En électronique, on l’utilise à l’échelle du gramme. ITER en consommera 12 tonnes pour son revêtement ! Ou encore les 450 tonnes de niobium, élément chimique hautement toxique pour les poumons et les os.

ITER est très loin d’être opérationnel. Son coût est déjà passé de 5 à 20 milliards d’euros. Et il n’est pas certain que ça marche un jour. Votre article émet d’ailleurs des réserves.
Si l’expérimentation avec du tritium devait avoir lieu, le tokamak entier deviendrait alors un gros déchet radioactif de 30 000 tonnes.

Il n’y a pas de quoi s’emballer avec l’expérience très médiatisée réalisée par le NIF, réacteur de recherche américain; « l’avancée majeure » avec un gain de 1,53 obtenu, est à relativiser car comme vous le précisez  « les lasers du NIF engloutissent eux-mêmes 322 mégajoules d’électricité pour fonctionner » et qu’il faudrait des « gains supérieurs à 100 pour produire de l’électricité à un prix acceptable !». Ce ne sera pas pour demain !

Et c’est pour demain, c’est-à-dire au plus tard dans 10 ou 20 ans, que nous avons besoin de cette énergie du futur, pas à la fin du 21ᵉ siècle.

Pour résumer, la fusion nucléaire ne sera ni « une révolution pour l’humanité », ni « l’énergie du futur ». Ce n’est pas une énergie propre, ni même une énergie abondante. Elle est dangereuse pour la santé humaine et produit des déchets.
Son intérêt est purement militaire et de tenter de sauver la filière nucléaire très mal en point.

Les solutions pour le futur nous les connaissons déjà.
Avant tout économiser l’énergie, mettre fin au gaspillage. Et ensuite développer et améliorer encore les énergies renouvelables (solaire, éolien, hydrologique) seules vraies énergies propre et d’avenir.

Ce mythe, voire ce fantasme, d’une énergie gratuite et inépuisable qui nous permettrait de consommer et gaspiller indéfiniment est à éliminer des esprits une fois pour toutes.

Sobriété énergétique, il n’y a pas d’autres alternatives si nous voulons qu’il y ait un futur pour l’humanité. Et nucléaire et sobriété ne riment pas ensemble, qu’il s’agisse de fusion ou de fission.

Antoine Calandra, 20 mars 2023
Coordination Antinucléaire Sud-est
http://coordination-antinucleaire-sudest.net/2012/index.php?post/2023/03/19/Fusion-nucleaire_emballement-mediatique-et-recations-citoyennes

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