Le conseil constitutionnel

STEPHANE MAHE / REUTERS

Cette image, immortalisée ce jeudi 13 avril par Stéphane Maé, photographe de Reuters, à l’occasion de la douzième journée de grève intersyndicale contre la réforme des retraites à Paris, s’impose comme un symbole de la grave crise sociale qui agite l’Hexagone.

RÉFORME DES RETRAITES – Des dizaines et des dizaines de gendarmes mobiles, photographiés en rangs serrés devant le Conseil constitutionnel. Cette image visible en tête d’article, immortalisée ce jeudi 13 avril par Stéphane Mahé, un photographe de Reuters, à l’occasion de la douzième journée de grève intersyndicale contre la réforme des retraites à Paris, s’impose déjà comme un symbole de la grave crise sociale qui agite l’Hexagone.

Les forces de l’ordre, mobilisées en masse dans la capitale à la veille de la décision tant attendue des Sages de la rue Montpensier sur le projet de loi du gouvernement, submergent cette photographie par leur nombre. Les boucliers antiémeutes dressés et les visages fermés, les gendarmes se tiennent comme un seul homme devant l’institution chargée de faire respecter la Constitution.

« Les gendarmes protègent une institution fondamentale »

Alors que toutes les manifestations sont interdites à partir de ce jeudi soir aux abords du Conseil constitutionnel, et ce jusqu’à samedi, certains voient dans cette image la volonté du gouvernement de protéger ses institutions et le « cheminement démocratique » de son texte de loi, pour reprendre les éléments de langage de l’Élysée.

« Les gendarmes mobiles présents sur l’image protègent une institution fondamentale de la République : le Conseil constitutionnel », a réagi sur Twitter l’officier de gendarmerie Matthieu Audibert, après avoir donné la devise officielle du centre national d’entraînement des forces de gendarmerie : « Pour que Force reste à la Loi ».

« C’est beau, la démocratie »

D’autres, au contraire, y voient la preuve d’un virage autoritaire de l’État alors qu’une majorité de Français est toujours opposée à la réforme des retraites et que des centaines de milliers d’entre eux manifestent chaque semaine dans la rue.

Le député de la Nupes Léo Walter préfère ironiser : « Magnifique image d’un pouvoir républicain, serein et ouvert, attendant avec confiance que le Conseil constitutionnel statue sur sa réforme des retraites dans la concertation, le dialogue et le souci de l’intérêt général. C’est beau, la démocratie », a-t-il cinglé sur Twitter.

« Le “cheminement démocratique” est en marche ! », a également singé avec ironie le député Insoumis François Ruffin.

Pour la douzième journée de mobilisations contre la réforme des retraites, quelque 380 000 manifestants (1,5 million selon la CGT) ont défilé ce jeudi en France selon le ministère de l’Intérieur, soit la deuxième plus faible mobilisation depuis le début du mouvement après celle du samedi 11 mars (368 000). Malgré cette baisse du nombre de manifestants, syndicats et personnalités politiques de gauche l’assurent : quelle que soit la décision du Conseil constitutionnel, il n’y aura pas « d’abdication » du mouvement.