Nous n’allons pas nous mentir, 2024 ne s’engage pas sous les meilleurs auspices.
Cependant, aussi éprouvante qu’elle ait pu être, l’année précédente a prouvé que nous sommes loin d’être résignés.
En dépit d’un rapport de force aussi défavorable que disproportionné, nous sommes encore très loin de nous avouer vaincus.
2023, une année de révolte :
2023 aura été marquée par l’inflation, la montée crescendo du mouvement des retraites, la continuité d’une casse ininterrompue du service public et du modèle social, une hausse du budget de l’armée, l’affirmation des Soulèvements de la Terre comme force de proposition, le meurtre de Nahel et de près d’une dizaine d’autres jeunes noirs et arabes par la Police, de nouvelles mesures islamophobes et plus de 130 féminicides.
Cette année se conclut par la concrétisation d’un bloc Macro-Lepéniste à travers une des lois les plus racistes de l’histoire de la cinquième république, et le renouveau salutaire du mouvement de solidarité avec la Palestine.
Tant sur le plan local que sur sa politique extérieure qu’interne, Macron n’aura cessé de faire de sa porosité idéologique avec l’extrême-droite une ligne directive pour le gouvernement.
Il est finalement cohérent de le voir finir l’année dans une émission réactionnaire, allant jusqu’à défendre Gérard Depardieu et annoncer une suite désastreuse de mesures antisociales en insistant sur le besoin de mettre l’ordre.
Le président redouterait-il quelque chose ?
Depuis 2016, les révoltes contre toutes les formes d’injustices ponctuent régulièrement l’actualité et se conjuguent avec un climat de plus en plus explosif.
Ces séquences insurrectionnelles s’accélèrent sans se croiser.
2023 marque un tournant dans l’intensité de cette dynamique, et d’une certaine inventivité observée notamment dans le cadre des Soulèvements de la Terre ou de manière spontanée avec les casserolades et les manifestations sauvages nocturnes.
Aussi, la violence des affrontements qui ont consécutivement frappé l’hexagone à Sainte-Solline, pendant la réforme des retraites puis après le meurtre de Nahel, prouve que même l’un des appareils répressifs les plus coriaces de l’Union Européenne peine à contenir la colère.
Ce regain de tension laisse à penser que le potentiel du pays à s’insurger continue à se propager au fil des années et même à travers les générations.
Toute proportion et comparaison gardées, une flamme éteinte depuis les gilets jaunes s’est ravivée, notamment dans certaines villes moyennes.
Jamais les bases syndicales n’ont autant mobilisé, nous avons été plus de trois millions et pourtant le gouvernement est resté totalement de marbre, ne gouvernant plus qu’avec le 49.3.
Aussi l’idée d’une grève générale semble avoir été abandonnée, peut-être plus par manque de force que de détermination.
Également révélateur de nos faiblesses : malgré la montée des prix, le lien logique entre l’inflation et la réforme des retraites n’a même pas été envisagé.
Le pouvoir d’achat, principale source de préoccupation des français n’est toujours pas à l’agenda des luttes.
Il ne tient qu’à nous de nous en emparer et d’en faire une revendication centrale.
Nous n’avons plus grand chose à perdre et la répression ne suffit toujours pas à endiguer la colère légitime.
Répression :
De toute façon, peu importe l’urgence climatique, que la police tue, ou que les masses s’appauvrissent : c’est toujours la surenchère répressive que l’État choisit pour répondre.
Au nom du refus d’obtempérer, le nombre de jeunes noirs et arabes tués par la police a explosé, le meurtre de Nahel est un exemple tristement caricatural.
Malgré les preuves tangibles dans ce cas comme dans celui du lynchage du jeune Hedi à Marseille, la police bénéficie de tous les droits et la vie d’un jeune de quartier ne vaut rien aux yeux de la justice. Ce n’est pas une nouveauté mais elle est maintenant documentée et parfois filmée en restant impunie.
Des unités destinées au grand banditisme ou à l’antiterrorisme ont été dépêchées dans les quartiers populaires après que ces derniers se soient soulevés.
On imagine très bien qu’à court terme, ce processus autoritaire se banalisera et finira probablement par toucher les mouvements sociaux.
Ce n’est pas un hasard si des militants écologistes en ont payé les frais récemment dans l’affaire des inculpés du 8 décembre.
Nous devons dorénavant envisager la possibilité d’être considérés comme des terroristes dès lors que nous remettons en cause l’ordre établi.
En plus d’interdire systématiquement des mobilisations et d’avoir arrêté et fiché arbitrairement des milliers de manifestants au printemps dernier, le ministère de l’intérieur a envisagé la possibilité de tuer à Saint-Soline comme une option possible.
Fascisation :
L’État s’est radicalisé et sa fascisation résonne comme l’aboutissement idéologique des valeurs d’une République historiquement raciste et autoritaire.
Sur le plan hégémonique, nous avons perdu depuis longtemps. Pas un jour sans polémique concernant l’immigration et l’islam dans les médias mainstreams.
L’ascension de l’extrême-droite paraît irréversible à court terme. Plus que conciliant, le traitement médiatique lui est dans son ensemble de plus en plus favorable. Il ne s’agit pas d’un épiphénomène cantonné à Cnews mais d’une globalisation ultra conservatrice qui touche même le service public.
Dans ces conditions, il est logique que dorénavant chaque fait divers deviendra une occasion pour les fascistes de tenter de prendre la rue.
Même si ces mobilisations se sont soldées par des échecs, de la coupe du monde à Saint-Romans-Sur-Isère, elles marquent une nouvelle étape au travers d’appels a la guerre civile dans l’espace public.
Conclusion :
Nous aurions pu continuer à énumérer encore plus de mauvaises nouvelles, mais vous en êtes probablement déjà informés et les ressasser indéfiniment comme si nous étions totalement impuissants n’est pas constructif.
Nous perdons des batailles, mais nous apprenons aussi de nos erreurs et nos idées se diffusent.
N’oublions pas que l’autonomie des luttes obtient aussi des résultats concrets.
A titre d’exemple, la plupart des projets de mégabassines a été abandonnée.
Nous devons aussi souligner qu’au sein de la gauche électoraliste, une partie a fait le choix de tenir une ligne antiraciste, écologiste, pro-palestinienne et profondément antilibérale.
L’influence de la lutte est donc réelle.
C’est avec la rage au ventre mais un sentiment d’amour universel que nous entamons cette nouvelle année.
Et si nous n’avons pas de formule secrète, ni les moyens pour faire tomber Macron ou stopper le RN, une chose est sûre c’est qu’à la veille des JO de Paris, nous ne manquerons pas de sauter sur la moindre occasion pour prouver au monde ce que vaut vraiment la France pour ce qu’elle a de pire et de meilleur.
Tâchons de rester aussi positifs que réalistes car l’inverse ne servirait à rien.
Bonne année à toutes et à tous,
Le combat continue !
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