Nucléaire : les fanfaronnades de Mme Pannier-Runacher, « Tartarine des électrons »
La ministre se rêve « un destin à la Giscard » et croit pouvoir laisser son nom dans l’Histoire en parsemant le pays de réacteurs nucléaires qui, pour la plupart, ne verront en réalité jamais le jour.
Dans l’édition du dimanche 7 janvier 2024 du quotidien La Tribune, la ministre de la Transition énergétique, Mme Pannier-Runacher, s’est à nouveau ridiculisée par des fanfaronnades en faveur du nucléaire, dans la lignée de ses précédentes déclarations.
Ainsi, alors qu’Areva (devenue Orano) et EDF ont démontré leur totale incapacité à construire des réacteurs nucléaires sans que la durée des chantiers et leurs budgets ne soient multipliés de façon insensée, Mme Pannier-Runacher avance sans rire qu’EDF va non seulement parvenir à construire les 6 EPR annoncés par M. Macron dans son discours du 10 février 2022, mais que beaucoup d’autres réacteurs seront ensuite construits.
Ainsi, la ministre annonce l’équivalent de 8 autres EPR, voire plus encore, mais « sans graver dans le marbre telle ou telle technologie » : Mme Pannier-Runacher pourrait donc sortir de son chapeau magique un mystérieux nouveau modèle de réacteur, dont personne n’a entendu parler, à moins qu’elle n’entende commander des centrales à Pékin ou Moscou.
M. Macron et Mme Pannier-Runacher ne sont pas les seuls à se ridiculiser : ces derniers mois, plusieurs dirigeants politiques de divers pays se sont eux aussi laissé aller à faire des effets d’annonce concernant la construction de centrales, étant clairement ignorants de la sombre réalité de l’industrie atomique.
Ainsi, selon les statistiques les plus officielles (en particulier celles de l’Agence internationale de l’énergie), la part du nucléaire dans la production mondiale d’électricité est passée de 17,1% en 2001 à 9,2% en 2022. Ce véritable effondrement va d’ailleurs continuer avec la fermeture inéluctable de plus de 150 réacteurs anciens dans les 10 ans à venir et avec l’incroyable essor des énergies renouvelables.
En effet, après avoir été longtemps raillées, les énergies renouvelables battent partout dans le monde des records de production à des tarifs remarquablement bas, submergeant le nucléaire dont, a contrario, les coûts montent en flèche. Les récentes annonces d’un triplement de la capacité mondiale du nucléaire relèvent de la pure science-fiction, le simple maintien du niveau actuel semblant déjà inatteignable.
Appuyée sur ce dossier par le RN, les Républicains et le Parti communiste, la macronie est en train de faire manquer à la France le train des énergies renouvelables et à persister bêtement dans la voie de garage du nucléaire
Mme Pannier-Runacher pousse l’aveuglement jusqu’à déclarer que « l’invasion de l’Ukraine nous a rappelé à quel point il était important de se protéger des aléas géopolitiques« , oubliant que la centrale nucléaire de Zaporidja est l’objet de bombardements et que, parsemée de centrales, la France est d’une totale vulnérabilité face à d’éventuels ennemis.
Tout à son « destin », la ministre ne sait pas encore qu’elle ne verra jamais les 6 à 14 EPR annoncés, et encore moins les réacteurs supplémentaires dont elle rêve pour se croire importante. En revanche, on peut hélas penser qu’EDF va pouvoir lancer les chantiers de deux EPR à Penly (Seine-Maritime), qui ne manqueront pas de tourner au désastre industriel et financier, suivant le dramatique exemple des EPR de Finlande, de Flamanville et d’Hinkley Point (Angleterre).
Les retards et surcoûts des deux EPR en service en Chine ont été moindres mais néanmoins très importants, et les graves dysfonctionnements de ces réacteurs – dont le premier est arrêté depuis des mois suite à d’importantes fuites radioactives – ne manqueront pas de se produire sur les autres exemplaires… si EDF parvient toutefois à les mettre en service !
En fin de compte, il assez plausible que Mme Pannier-Runacher laisse effectivement son nom dans l’Histoire de France, avec M. Macron et les dirigeants d’EDF, mais ce sera pour avoir aveuglément cru en l’atome et avoir plongé la France dans une dramatique impasse énergétique.
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