Guillaume Meurice licencié par Radio France

French author, radio-host, writer and humourist Guillaume Meurice, poses during a photo session in Paris on March 13, 2024. (Photo by JOEL SAGET / AFP)
L’humoriste a été licencié «pour faute grave» par Radio France, a-t-il annoncé ce mardi 11 juin. La présidente du groupe, Sibyle Veil, a justifié cette décision par sa «déloyauté répétée». En solidarité, Aymeric Lompret a annoncé via une publication sur ses réseaux sociaux démissionner de France Inter.

par LIBERATION et AFP

publié le 11 juin 2024
Guillaume Meurice a annoncé ce mardi 11 juin avoir été licencié «pour faute grave» par Radio France. La radio publique lui a notifié par courrier la «rupture anticipée de (son) contrat pour faute grave», a-t-il indiqué alors qu’il était suspendu depuis début mai. L’humoriste a rapidement réagi sur X (ex-Twitter), félicitant ironiquement plusieurs personnalités qui l’avaient attaqué.

La présidente de Radio France Sibyle Veil a justifié cette décision par sa «déloyauté répétée», tout en assurant que «ni la liberté d’expression, ni l’humour, n’ont jamais été menacés» dans le groupe public, dans un message au personnel. En répétant ses propos polémiques sur le Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou, Guillaume Meurice a notamment «ignoré l’avertissement qu’il avait reçu, la mise en garde de l’Arcom» (le régulateur de l’audiovisuel) et «il ne nous a pas laissé d’autre choix que de tirer les conséquences de son obstination et de sa déloyauté répétée», a écrit la patronne de Radio France dans ce message.

L’humoriste avait été écarté de l’antenne de la radio le 2 mai, quatre jours après avoir réitéré ses propos polémiques sur le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, tenus fin octobre. Il l’avait comparé à une «sorte de nazi mais sans prépuce», et avait été accusé d’antisémitisme. Il avait également été visé par des plaintes pour «provocation à la violence et à la haine antisémite» et «injures publiques à caractère antisémite», qui ont été classées sans suite par le parquet de Nanterre le 22 avril. Se félicitant de cette décision de justice, l’humoriste a alors répété sa blague.

Guillaume Meurice a été convoqué le 16 mai un entretien préalable avec les ressources humaines de Radio France, avant cette commission de discipline, à laquelle ont participé plusieurs représentants syndicaux. Membre de Sud, il était accompagné par son syndicat. «La direction maintient ses griefs. Nous avons poursuivi nos arguments qui visent à rappeler que Guillaume Meurice a fait son travail d’humoriste à l’antenne et à défendre qu’il n’a pas manqué de loyauté envers Radio France ni n’a cherché à instrumentaliser l’antenne à des fins personnelles», ce qui lui est reproché, a précisé une des participantes.

Solidarité de l’équipe du «Grand dimanche soir»

Quelques instants après l’annonce du licenciement du Guillaume Meurice, son collègue humoriste du Grand dimanche soir Aymeric Lompret a annoncé via une publication sur ses réseaux sociaux démissionner. Le trentenaire annonce «plus Guillaume = plus Aymeric. Merci pour tout France Inter», affichant à nouveau sa solidarité avec Meurice. Le 19 mai, sa chaise était vide dans le studio de Radio France. «La procédure disciplinaire envers Guillaume est toujours en cours et en signe de protestation, Aymeric [Lompret] a choisi de rester au bar», avait expliqué Charline Vanhoenacker, présentatrice et productrice de l’émission.

Auprès de Libé, Aymeric Lompret a confié être «triste pour [son] ami, mais aussi inquiet pour la liberté d’expression de manière générale.» Piliers de l’émission, la chansonnière Giedré et la linguiste Laélia Véron lui ont emboîté le pas dans la journée. Après la suspension de Meurice, c’était leur compère Djamil le Schlag qui avait annoncé son départ en direct de l’émission.

La gauche indignée

Sur les réseaux sociaux, de nombreuses figures de gauche ont réagi à cette annonce, à l’instar de François Ruffin, qui s’est fendu d’un tweet. L’ancien député de la Somme a affirmé que la «première mesure du Front populaire [serait] la réintégration de Guillaume Meurice à France Inter. Première mesure du Rassemblement national : livrer tout le service public à Bolloré». La veille, le porte-parole du RN avait martelé sur BFM TV que la privatisation de l’audiovisuel public est une priorité du parti d’extrême droite.

Quelques minutes avant lui, c’était Louis Boyard, le benjamin de la France Insoumise qui estimait sur X que le «RN soutient ce génocide [palestinien] et la privatisation de Radio France», avant de promettre que «dans 3 semaines le Front Populaire rendra sa liberté à la presse».

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