Une nouvelle vague d’explosions secoue le Liban

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Au moins 14 personnes ont été tuées mercredi 18 septembre et 450 blessées dans une vague d’explosion de talkies-walkies et d’autres appareils, au lendemain d’explosions meurtrières de bipeurs appartenant à des membres du Hezbollah pro-iranien.

Au moins 14 personnes ont été tuées, mercredi 18 septembre, et 450 autres blessées dans une nouvelle vague d’explosions « d’appareils de transmission », selon des sources officielles, au lendemain d’explosions meurtrières de bipeurs appartenant à des membres du Hezbollah pro-iranien.

Trois personnes ont été tuées à Sohmor, dans le sud-est du Liban, a rapporté l’agence nationale d’information (officielle). Le ministère de la santé avait d’abord fait état de « plus de cent blessés dans une nouvelle vague d’explosions de talkies-walkies ».

Des talkies-walkies ont explosé dans le même temps dans la banlieue sud de Beyrouth, au moment où se déroulaient les obsèques de quatre membres du Hezbollah tués la veille dans l’explosion de bipeurs, selon une source proche du mouvement islamiste libanais et des secouristes. Les explosions ont provoqué la panique, selon un photographe de l’AFP qui couvrait les obsèques des quatre personnes, dont le fils d’un député du Hezbollah.

Premiers secours sur les lieux d’une explosion de talkies-walkies à Saïda, dans le sud du Liban, le 18 septembre 2024. © Photo Mahmoud Zayyat / AFP

D’autres explosions ont été signalées à Saïda (sud) et à Baalbek (est), où quinze personnes ont été blessées, a indiqué une source hospitalière à l’AFP. Plusieurs installations d’énergie solaire ont explosé dans des maisons, selon l’Agence nationale de presse libanaise, blessant au moins une jeune fille dans la ville d’al-Zahrani, dans le sud du pays.

Mardi, au moins douze personnes avaient été tuées et quelque 2 800 blessées dans des explosions simultanées de bipeurs dans les bastions du Hezbollah dans la banlieue sud, dans l’est et dans le sud du Liban, selon le ministère de la santé libanais. À la suite de cette première vague et avant la deuxième, le Hezbollah libanais avait promis mercredi de poursuivre ses opérations de soutien au Hamas palestinien et de punir Israël.

Le ministre de la santé, Firas Abiad, a déclaré mercredi que plus de deux cents personnes étaient hospitalisées en soins intensifs en raison des explosions de la veille.

Échanges de tirs quotidiens à la frontière

Israël n’a pas commenté la première vague d’explosions, survenues dans plusieurs places fortes du Hezbollah quelques heures après l’annonce par ce pays qu’il étendrait les objectifs de la guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza à sa frontière nord avec le Liban.

Dès le lendemain du début de la guerre à Gaza le 7 octobre 2023, le Hezbollah a ouvert un front à la frontière avec Israël disant soutenir le Hamas. Depuis, les échanges de tirs meurtriers sont quasi quotidiens, entraînant le déplacement de plusieurs milliers d’habitants des deux côtés de la frontière.

Une source proche du Hezbollah a expliqué mardi que « des centaines de membres » de la formation libanaise avaient été blessées par l’explosion de leurs bipeurs. Le Hezbollah a accusé Israël d’en être « entièrement responsable », prévenant qu’il allait « recevoir son juste châtiment ».

Après les explosions de mardi, l’Iran a dénoncé une « tuerie de masse » et la Russie a condamné « fermement » l’attaque, appelant toutes les parties à « la retenue ».

Les États-Unis, premier allié d’Israël, n’étaient « pas au courant » à l’avance des explosions, a affirmé le Département d’État, en exhortant l’Iran à éviter tout acte qui aggraverait les tensions dans la région.

Une source proche de la formation libanaise a indiqué à l’AFP que « les bipeurs qui ont explosé [mardi] concernent une cargaison récemment importée par le Hezbollah de 1 000 appareils », qui semblent avoir été « piratés à la source ». Ils « n’étaient pas utilisés par des combattants, mais par le vaste réseau de membres civils du parti travaillant dans différentes institutions, y compris des médecins, des administrateurs, des travailleurs des médias et d’autres », affirme de son côté le site Middle East Eye, citant une source proche du Hezbollah.

« D’après les enregistrements vidéo […], un petit explosif de type plastic a certainement été dissimulé à côté de la batterie [des bipeurs] pour un déclenchement à distance via l’envoi d’un message », a estimé sur le réseau social X Charles Lister, expert au Middle East Institute (MEI). Pour lui, « le Mossad [service de renseignement extérieur israélien – ndlr] a infiltré la chaîne d’approvisionnement ».

Cette série d’explosions marque une « escalade extrêmement inquiétante », a affirmé l’ONU. Son secrétaire général, António Guterres, a estimé mercredi devant la presse qu’il était « très important » que des objets civils ne soient pas utilisés comme des armes. « Cela devrait être une règle pour tout le monde dans le monde, que les gouvernements devraient être capables d’appliquer », a-t-il estimé, ajoutant que tout devait être fait pour éviter une « escalade ».

Par ailleurs, l’Assemblée générale des Nations unies a voté la fin de l’occupation israélienne des territoires palestiniens d’ici un an, une résolution non contraignante fustigée par Israël. Le texte, qui fait suite à l’opinion de la Cour internationale de justice de juillet sur l’occupation israélienne, a été adopté par 124 voix pour, 14 voix contre dont les États-Unis, et 43 abstentions.

Blinken au Caire

L’armée israélienne a dit mercredi avoir frappé la veille une infrastructure « dans laquelle opéraient des terroristes » à Majdal Selm, dans le sud du Liban, et dans la nuit d’autres « sites » du Hezbollah dans cinq secteurs du sud du pays.

Dans ce contexte très tendu, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a rencontré au Caire le président Abdel Fattah al-Sissi pour discuter d’une nouvelle proposition en vue d’un cessez-le-feu à Gaza et d’une libération des otages.

Déclenchée depuis bientôt un an, la guerre ne connaît pas de répit dans le territoire palestinien, assiégé et frappé par une catastrophe humanitaire.

Selon la défense civile de Gaza, deux personnes ont été tuées et huit autres blessées lors d’une frappe aérienne israélienne sur une maison du quartier de Zeitoun, à Gaza-City, au cours de la nuit de mardi à mercredi.

L’armée israélienne a également fait exploser plusieurs maisons à Bureij et dans le secteur de Zahra, dans le centre de Gaza, selon la même source.

Quatre soldats ont été tués dans des combats mardi à Gaza, a indiqué mercredi l’armée israélienne, ajoutant que six autres avaient été blessés dont trois grièvement.

La rédaction de Mediapart et Agence France-Presse


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