Arguments pour la lutte sociale | Lire sur le blog ou le lecteur |
Dans son intervention à la fête de l’Humanité 2024, Jean Luc Mélenchon a fait une assez longue intervention sur la question des institutions de la Vème République, que nous reproduisons à la fin de notre article. Les dernières séquences historiques que nous avons vécues – loi sur les retraites, dissolution de la chambre, désignation de Barnier – font que beaucoup de nos concitoyens s’interrogent sur la nature de ces institutions bloquant la représentation parlementaire que le pays s’est donnée. Face à un parterre comptant beaucoup de jeunes militants à la fête de l’Humanité Jean Luc Mélenchon est forcément obligé d’entrer dans les réponses à apporter à ces interrogations.
Qu’est-ce que le bonapartisme ? A une époque où il fallait redonner un souffle au socialisme démocratique, François Mitterrand, quelques mois après la grève générale des mineurs de 1963, publie un livre– Ô combien significatif face au régime des barons gaullistes – intitulé « Le Coup d’État permanent ». C’est un clin d’œil à Karl Marx : le régime issu de la société du 2 décembre porte le prince Louis Napoléon Bonaparte au pouvoir en 1852 par un coup d’État contre la seconde République. Victor Hugo, figure de proue du républicanisme radicalisé, prend le chemin de l’exil pour vingt ans. Ce régime s’était alors imposé en raison de l’incapacité des partis bourgeois à se mettre d’accord contre l’aspiration à la République sociale, née de la montée révolutionnaire de 1848. C’est un régime bonapartiste dans lequel le chef de l’État est la clef de voûte, s’élève au-dessus des rapports capital-travail, apparaît comme celui qui arbitre les contradictions au sein de la société. Mais ce n’est qu’une apparence. C’est au compte des intérêts bien compris d’un capitalisme français en expansion, notamment avec le développement d’une politique de colonisation intensive. L’expansion économique permet toutefois un développement des forces productives et donc rencontre un soutien populaire du moins dans les premières années de l’Empire. A la faveur de la première guerre moderne inter-impérialiste entre l’Allemagne et la France et l’occupation militaire, le rapport réel entre le Capital et le Travail débouche sur la Commune ouvrière de mars-mai 1871, embryon d’une République sociale vite écrasée par la réaction versaillaise. Depuis, la bourgeoisie française a toujours eu la peur panique que les guerres impérialistes ne réveillent le lion prolétarien. L’itinéraire de Charles De Gaulle Charles De Gaulle s’inscrit dans la continuité du bonapartisme : il fait ses études dans ce lycée catholique Stanislas à Paris qui vient de faire parler de lui sous Macron. Le 8 octobre 1949 il déclarait : « L’église n’a jamais renoncé et ne renoncera jamais à son droit d’enseignement. Nous tenons à cette liberté comme à la prunelle de nos yeux ». Membre de la hiérarchie militaire, sa conception politique est celle du nationalisme intégral de Charles Maurras. Il déteste la République et condamne le « régime des partis ». A peine a-t-il mis un pied en France lors de la Libération du territoire en 1944, qu’à Bayeux il esquisse déjà les traits de ce nouveau régime fondé sur « l’unité, la cohésion, la discipline intérieure du gouvernement de la France », donc la nécessité d’une constitution garantissant un exécutif renforcé. Si on relit les « Mémoires de guerre », où il décrit la situation du pays lors de l’effondrement de l’Allemagne nazie, on voit l’obsession qui est la sienne de ne pas voir resurgir une nouvelle Commune. Il recevra sur ce point une aide inestimable de celui qui contrôle le Lion, le PCF. Staline avait glissé dans l’oreille de Maurice Thorez : « pas de bêtises il faut soutenir De Gaulle ! » (1) La situation alors est grosse d’affrontements sociaux, l’application du programme « socialisant » du CNR (Conseil National de la Résistance) en est la traduction. De Gaulle met la bourgeoisie majoritairement collaborationniste en demeure de payer l’addition, pour éviter une Révolution sociale. En contrepartie il rejette la Constituante qui pose alors les bases de la reconstruction d’un État républicain. Il jette l’éponge et rentre à Colombey écrire ses mémoires : il y consigne en particulier que, puisqu’il n’a pas les moyens d’imposer sa conception de l’État, persévérer reviendrait à ouvrir une situation de guerre civile dans le pays. Il n’en a pas les moyens, dit-il. Il revient à la faveur de l’incapacité des majorités politiques à sortir du bourbier de la guerre d’Algérie, dans laquelle la SFIO se compromet en défense des intérêts de l’impérialisme français et du grand colonat. L’image du libérateur dans la guerre mondiale contre le nazisme dont il bénéficie dans la conscience du peuple français lui permet d’apparaître à nouveau comme le sauveur suprême. Il entame les négociations pour accorder l’indépendance de l’Algérie, évite la guerre civile en matant un « quarteron de généraux factieux », appuyé sur les couches aisées des Français d’Algérie. Le rapport de force lui permettra d’imposer au pays en 1958 les institutions les plus rétrogrades de l’histoire de notre pays depuis la Révolution Française. C’est lui qui l’écrit : « J’ai rétabli la monarchie en ma faveur mais après, il n’y aura personne qui s’imposera au pas.… Aussi convient-il d’instaurer un régime présidentiel… il faut que le président soit élu au suffrage universel : ainsi élu, il aura, quelles que soient ses qualités, quand même un semblant d’autorité et de pouvoir durant son mandat ». (2) La question laïque revenant dans le débat public en ce moment, il faut rappeler qu’une des premières mesures importantes prise par le régime gaulliste sera d’imposer le financement public des écoles privées à 90% confessionnelle et d’instituer un nouveau Concordat avec l’Église catholique, en violation de la loi de séparation de 1905. 500 000 participants, au rassemblement de Vincennes, appuyés sur une pétition qui avait été consignée par 10 millions de nos concitoyens, soit la majorité alors du corps électoral, se mobilisent en 1960 sur le mot d’ordre : « Fonds publics à l’école publique ! Fonds privés à l’école privée ! » Dire que ce type de régime garantit une stabilité que n’avaient pas les Républiques antérieures est démenti par les faits : elles ne sont qu’une digue contre la montée des revendications sociales qui se cherchent une représentation politique. Au sein du parlement, le parti présidentiel ne deviendra que l’ombre portée du Bonaparte, limitant considérablement le champ des oppositions démocratiques. Au contraire de la stabilité l’État gaulliste ne peut produire que le conflit social : il faudra à peine dix ans pour que déferle une grève générale de dix millions de travailleurs contre lui. La réponse que tentera d’apporter De Gaulle après mai 1968 sera une tentative d’accentuer le caractère bonapartiste de la constitution : le référendum de 1969 portait sur la recomposition des régions d’ancien régime. Il ajoutait la transformation du Sénat en chambre consultative composée d’élus locaux et de représentants des syndicats, soit sa forme rêvée de l’association Capital-Travail. Les confédérations et la FEN (Fédération de l’Éducation Nationale) s’opposeront au projet corporatiste. Le plébiscite est minoritaire, De Gaulle quitte le pouvoir en 24 heures. Dans les derniers mois de sa vie le premier chef d’État auquel De Gaulle, à titre personnel, rend visite est le général Franco… La gauche venue au pouvoir en 1981 capitule sur les Institutions… et France Insoumise de 2017 à aujourd’hui aussi ! Globalement la gauche radicale se reconnaîtra dans les quelques éléments que je viens d’évoquer brièvement. Jean Luc Mélenchon, du moins celui de la Gauche Socialiste et du Front de Gauche aussi, du moins formellement jusqu’au Front de Gauche. Avec la liquidation du PG, apparaît l’idée que c’est seulement par l’élection du nouveau président qu’on peut aller à la Constituante : le président convoque. Ensuite viendra l’idée du tirage au sort des députés constituants. Aujourd’hui sa position a pour le moins « évoluée ». En effet, il déclare devant les militants de la FI à la Fête de l’Humanité en septembre 2024 : « La constitution de la Vème République. Elle a été adoptée par le peuple français sur la proposition du général De Gaulle dans un moment où il fallait mettre en cause les institutions précédentes… Elles étaient taillées à la mesure d’un homme, cela va de soi, mais à la mesure d’une crise qu’il n’était plus possible de dominer avec les anciennes institutions, celles de la IVème République. » Le peuple français a été pris dans un coupe-gorge, embarqué dans une procédure plébiscitaire qui n’est pas la démocratie. Ce ne sont pas les institutions de la 4ème République qui sont en cause, mais la trahison et l’incapacité des partis ouvriers à régler la question coloniale, déjà l’Indochine puis l’indépendance de l’Algérie. Il a suffi que le chef du parti socialiste Guy Mollet reçoive quelques tomates sur la figure à Alger, pour que la SFIO se couche. Rappelons que le PCF, par deux fois, vote les crédits militaires contre le peuple algérien. De Gaulle désarme le prolétariat en s’engageant sur la « gauche » des partis SFIO-et PCF pour l’indépendance de l’Algérie. C’est un coup d’État à froid. Mélenchon ajoute : « Cela a donné la constitution d’un parlementarisme raisonné, on en avait assez des crises de IVème République » Le régime où le « chef de l’État » – dénomination vychiste préférée dans les documents officiels plutôt que celle de « président de la République » – qui permet à un seul homme par le 49.3 de passer par-dessus le parlement pour faire appliquer une décision de l’exécutif, de dissoudre le parlement par un veto royal, est qualifié ici de « parlementarisme raisonné ». Mélenchon poursuit : « Le général De Gaulle propose à ce moment-là qu’on élise le chef de l’État au suffrage universel. Cela change tout, à partir de là vous avez deux légitimités, l’Assemblée nationale des 577 circonscriptions et le président élu dans une seule circonscription, la France toute entière. Tout cela reposait sur un pari politique que la majorité parlementaire serait la même que celle du président. Cet attelage s’est rompu à l’une ou l’autre occasion. On l’a vu sous François Mitterrand, sous Jacques Chirac et à chaque fois dans ce conflit de légitimité, comme dans le passé profond de la IIIème République, on a choisi la dernière légitimité produite par le peuple, c’est-à-dire l’assemblée nationale. Ce que n’a pas fait Macron.» Mes lecteurs ont sans doute noté le verbe que j’ai souligné dans le texte : le général De Gaulle propose. Il ne propose rien, il a fait un coup d’État. La cohabitation de 1986 est le moment précis où la gauche historique (PS et PCF) capitule définitivement sur la condamnation qui avait été la sienne de refus des institutions du « coup d’État permanent ». La cohabitation acceptée et défendue par la gauche permet la survie des Institutions. Mélenchon suit. Il n’y a pas deux « légitimités » dans la Vème République, puisque l’une peut à tout moment défaire l’autre au nom de la constitution. Que dans la bourgeoisie des voix s’élèvent aujourd’hui, celle de Villepin par exemple, en posant la question de l’irresponsabilité du président vis-à-vis d’une mauvaise interprétation des institutions gaullistes, est une chose. Il y a encore des gens dans la bourgeoisie assez lucides pour mettre en garde contre les coups de poker de Macron, qui déstabilise les institutions gaullistes et au-delà tout l’ordre social. Monsieur Veto est à ses yeux un aventurier qui peut décider de faire premier ministre un homme qui représente 6% du corps électoral, comme Caligula faisait ministre son cheval. Il a compris qu’il a en face de lui une gauche dont aucune des composantes, y compris LFI, aujourd’hui ne remet en cause sa légitimité. Il aurait tort de se gêner, Monsieur Veto ! « C’est parce que l’autorité n’est plus consentie, dit Mélenchon, comme elle l’est dans une démocratie qu’il faut l’autoritarisme du pouvoir. » La constitution peut lui donner même le pouvoir dictatorial de l’article 16, jamais abrogé après la guerre d’Algérie. On peut imaginer une situation d’insurrection sociale où Macron ou son successeur utilise cet article. Refuser de poser aujourd’hui la question de la légitimité du pouvoir revient à ne pas se donner les moyens de lutter efficacement contre le pire des partis de la Vème République, le RN : organisation fondée par un ancien Waffen-SS et un ultra de l’Algérie française, Le Pen père. La courte victoire dans la récente législative ne fait que différer la voie de l’Élysée pour ce courant néo-fasciste si on reste dans la reconnaissance légitime des institutions. La revendication d’une VIème République que Mélenchon reprend dans son propos, c’est un peu comme la Terre où coulera le lait et le miel, promise aux hébreux dans la Bible. Si l’aspiration fait rêver, la soumission laisse les mains libres à un Bonaparte de 3ème ou 4ème zone, Barnier, un pantin dans les mains des néo-libéraux. Citons : « Aux yeux de millions de gens, la monarchie présidentielle n’est plus qu’un régime épuisé où le pouvoir autoritaire d’un seul peut détourner la volonté populaire de tous. Il faut penser le passage démocratique vers une 6e République. La fracture entre les citoyens et les institutions ne se limite plus à remplacer un président par un autre, mais bien de rompre avec la monarchie présidentielle, par une assemblée constituante. » Mélenchon avance la perspective d’une Assemblée Constituante, mais sans dire à son public jeune, qu’elle sera composée de députés tirés au sort, alors que celle de la grande révolution tirait sa souveraineté des assemblées populaires établissant leurs cahiers de doléances et élisant leurs représentants. Nous voulons une Constituante souveraine et non octroyée. C’est la montée en puissance des classes opprimées qui permet au Tiers État dans l’institution monarchique des États Généraux d’imposer le vote par tête contre le vote par Ordre. Ce jour-là, écrivait Jaurès, la Révolution commençait. C’est ça la démocratie. La mise aux oubliettes des institutions n’est possible qu’en s’appuyant sur la puissance d’un mouvement de l’ensemble du salariat et de sa jeunesse, comme nous en avons vécu une ébauche lors des mobilisations de juin et juillet pour s’opposer aux néo-fascistes du RN. Le pouvoir constituant est dans le mouvement des classes opprimées. Le NFP (Nouveau Front Populaire) est-il en mesure de donner une traduction politique qui ne peut venir que des profondeurs du salariat refusant les contre-réformes néo-libérales ? Pour l’instant il en cause, il n’agit pas. Ou s’il agit, c’est pour s’abîmer dans la controverse de celui ou celle qui serait le meilleur candidat d’une présidentielle à venir. Cette orientation là ne serait que la remise des clefs de l’Élysée au RN. La VIème République mélenchonienne c’est toujours l’élection maintenue du président au suffrage universel et le « parlementarisme raisonné », à qui l’on consentira quelques pouvoirs acceptables, du point de vue des intérêts généraux de la bourgeoisie. D’abord on élit le président, puis il convoque la Constituante dont les députés seront tirés au sort. Construire un mouvement politique aujourd’hui qui s’engage clairement sur une ligne de rupture anticapitaliste présuppose que l’on pose, la nécessité de se débarrasser des institutions bonapartistes. Elles sont une prison pour la démocratie. Le mouvement France Insoumise est aujourd’hui en crise, au point de se séparer de cadres politiques qui ont été parmi les fondateurs du Parti de Gauche et du Front de Gauche. Le mouvement l’Après sera-t-il un point d’appui ? La ligne populiste défendue par Mélenchon depuis son livre « L’ère du peuple », confirmé par « Faites mieux » n’est en définitive que le prêt-à-porter idéologique pour demeurer dans le respect des institutions. Le guide face au peuple par-dessus la tête des représentations syndicales du salariat. La Vème République est une rupture historique avec la Révolution Française ! De Gaulle le dit, je rétablis la monarchie. A l’encontre de tous les semeurs d’illusions de la gauche historique qui continue à endormir le Lion, défendant que ces institutions peuvent servir dans le bon sens, il explique dans ses Mémoires : « [Après 1958] Vais-je m’en tenir à rétablir dans l’immédiat une certaine autorité du pouvoir, à remettre momentanément l’armée à sa place, à trouver une cote mal taillée pour atténuer quelque temps les affres de l’affaire algérienne puis à me retirer en rouvrant un système politique détestable, une carrière de nouveau dégagée ou bien vais-je saisir l’Occasion historique que m’offre la déconfiture des partis pour doter l’État des institutions qui lui rendent, sous une forme appropriée aux temps modernes, la stabilité et la continuité dont il est privé depuis 169 ans. » 1958 – 1789 = 169. C’est lui qui l’écrit ! Par sa révolution la bourgeoisie révolutionnaire a aboli le principe du droit naturel, pas immédiatement, on passera d’abord par une monarchie de type constitutionnelle. C’est la Convention qui tranchera au sens propre comme au sens figuré, parce qu’elle avait dans le dos la sans-culotterie. L’article 28 de la déclaration de 1793 affirmait : « un peuple a toujours le droit de revoir, de réformer et de changer sa Constitution. Une génération ne peut assujettir à ses lois les générations futures. » La bourgeoisie révolutionnaire faisait alors entrer dans sa propre législation, le droit naturel étant aboli, le fait qu’elle considère la propriété comme un objet social, politique qui peut être modifié ou aboli par « les générations futures ». Toute la représentation politique de la gauche a plié devant cette « restauration » de 1958 remettant à l’ordre du jour le droit naturel contre cette Révolution française qui fit trembler toutes les têtes couronnées européennes. La Vème République est un pouvoir illégitime du point de vue de la Démocratie ! Le 20 mars 2012, jour anniversaire du début de la Commune, Mélenchon ouvrait sa première campagne présidentielle dans une manifestation de 100 000 personnes, le drapeau était rouge et nous chantions l’Internationale. Le tribun rappelait l’article 35 de la déclaration des droits de l’Homme de 1793 : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. » Que de chemin parcouru depuis en sens inverse ! RD, 28-09-2024. Notes : (1) Cité par Pierre Juquin dans sa biographie d’Aragon. (2) Cité dans Abramovici Pierre « De Gaulle contre l’armée 1958-1961 » Fayard page 351.. Texte retranscrit du discours de Mélenchon sur la Vème République :
« Nous vivons dans la constitution de la Vème République. Elle a été adoptée par le peuple français sur la proposition du général De Gaulle dans un moment où il fallait mettre en cause les institutions précédentes. Elles étaient taillées à la mesure d’un homme, cela va de soi, mais à la mesure d’une crise qu’il n’était plus possible de dominer avec les anciennes institutions, celles de la IVème République. Quelle était cette crise : sa face visible c’était la question de la conquête de sa liberté et de son indépendance par le peuple algérien qui s’est construite dans sa révolution. Il s’agissait de la sortie de 13 départements français du corps de la nation. C’était une très grave crise. Avec le déplacement d’un million de personnes, dont moi, arrivant sur ce territoire, celui de notre patrie, que beaucoup d’entre nous n’avaient jamais vu… Cela a donné la constitution d’un parlementarisme raisonné, on en avait assez des crises de IVème République. [Suit un développement sur la crise du capitalisme] Mais la crise continuait alors qu’on avait changé de constitution. Le général De Gaulle propose à ce moment-là qu’on élise le chef de l’État au suffrage universel. Cela change tout, à partir de là vous avez deux légitimités, l’Assemblée nationale des 577 circonscriptions et le président élu dans une seule circonscription, la France toute entière. Tout cela reposait sur un pari politique que la majorité parlementaire serait la même que celle du président. Cet attelage s’est rompu à l’une ou l’autre occasion. On l’a vu sous François Mitterrand, sous Jacques Chirac et à chaque fois dans ce conflit de légitimité, comme dans le passé profond de la IIIème République, on a choisi la dernière légitimité produite par le peuple, c’est-à-dire l’assemblée nationale. Ce que n’a pas fait Macron. Ce fait absolument nouveau est d’une gravité totale : une personne a un droit contre 69 millions. Quand vous voyez cette crise vous devez aller au-delà des apparences, et chercher les bases à partir desquelles l’ancien ordre s’est fracassé. Les anciennes manières de faire. Dorénavant la société toute entière est déstabilisée. On ne peut pas régler les problèmes avec les méthodes qui hier permettaient de les régler. On passe de l’autorité à l’autoritarisme. C’est parce que l’autorité n’est plus consentie comme elle l’est dans une démocratie qu’il faut l’autoritarisme du pouvoir. [D’où répression du mouvement social] 21 lois autoritaires depuis que Macron est président. » |
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