Personne ne pense que les élections présidentielles américaines du 5 novembre 2024 puissent remettre en cause l’ordre capitaliste. Aucune élection actuellement ne le fait. Nulle part on élit les conseils d’administrations des banques et des grandes entreprises qui dirigent de fait le monde. On l’a encore vu en France avec Bernard Arnault (qui finance Trump) exigeant de Macron qu’il n’y ait pas de gouvernement du NFP. En ce sens, Trump et Kamala Harris ne sont pas différents. Ni l’un ni l’autre ne veulent remettre en cause le capitalisme, l’exploitation de l’homme par l’homme, la domination de l’impérialisme américain sur le monde, pas plus qu’ils ne veulent s’attaquer sérieusement aux problèmes du climat. Les enjeux de ces élections ne sont évidemment pas là.
Mais il ne faut pas pour autant prendre prétexte de cette réalité pour s’en désintéresser où tracer un trait d’égalité entre Kamala Harris et Trump. Les enjeux de ces élections sont considérables mais ne sont pas seulement là où on le pense le plus souvent.
Si Trump l’emportait, la plus grande puissance du monde glisserait vers un régime de plus en plus autoritaire, dictatorial, remettant en cause les droits démocratiques des libertés d’expression, de réunion et d’association et cela aurait des conséquences pour la planète entière. Le second Trump n’est plus le premier. Il n’est pas qu’un sexiste contre le droit à l’avortement, un violeur – puisqu’il a été condamné pour viol-, ou un fraudeur commercial et financier et un voleur détournant l’argent public (avec à l’heure actuelle près de 500 millions de dollars de condamnation), il n’est pas que raciste, homophobe, réactionnaire et sénile, il est surtout celui par qui se fait le plus entendre et avec le plus de danger la tendance mondiale au fascisme d’une partie des classes dirigeantes. Il a déjà initié en 2021 une tentative de coup d’Etat s’appuyant sur des groupuscules fascistes. Il se vante aujourd’hui de vouloir réaliser la plus grande expulsion d’immigrés que l’histoire n’a jamais connu, d’ouvrir les plus grands camps de concentration à cette fin, de mener d’abord et avant tout en renforçant les pouvoirs présidentiels la guerre contre ce qu’il appelle l’ennemi intérieur, les communistes, les syndicalistes, les gauchistes, les écologistes, les grévistes, la gauche et les démocrates de tous bords en interdisant leurs manifestations, leurs protestations, leurs grèves et en les mettant en prison, fut-ce avec l’aide de l’armée. Cela s’appelle une dictature et une dictature qui s’appuiera sur les groupes racistes comme le Klu Klux Klan et/ou fascistes – dont il a promis de faire sortir de prison les militants incarcérés pour le coup d’Etat de 2021 – et les développera afin d’encadrer et de mettre au pas la population, ce qui s’appelle marcher vers le fascisme.
Bien sûr, même s’il perd, Trump fera tout pour essayer de susciter le doute sur le scrutin, falsifier le résultat comme il l’avait déjà montré en 2021 en cherchant à s’appuyer sur les Etats que les républicains dirigent pour crier au vol des élections, ralentir ou fausser le dépouillement, susciter la mobilisation des groupes fascistes qui le soutiennent et demander à la Cour suprême de choisir le président si l’écart, réel ou supposé, est faible, ce qu’avait déjà fait le républicain Georges W. Bush en volant l’élection de 2 000 au démocrate Al Gore qui l’avait pourtant gagnée.
Soutenir Trump ou ne pas vouloir voir le danger qu’il représente, le minimiser ou ne pas le dénoncer de toutes ses forces, c’est aussi ne pas vouloir prendre conscience et avertir de ses conséquences mondiales. C’est non seulement aider Netanyahou mais aussi être complice d’un éventuel bombardement des centrales nucléaires iraniennes par le dirigeant israélien auquel appelle Trump avec toutes les conséquences dramatiques qu’il n’est pas difficile d’imaginer ; c’est encourager Poutine à poursuivre sa guerre en Ukraine, mais aussi l’élargir à la Géorgie, la Moldavie et pourquoi pas aux Etats baltes avec l’aide d’Orban qu’une telle situation pourrait sauver lui-même par le chaos de la défaite électorale vers laquelle il s’avance pourtant aujourd’hui ; c’est aider Méloni en Italie contre la vague de grèves qui s’est levée contre son projet de liquider les droits de manifester, faire grève ou protester ; c’est appuyer en France le RN pourtant battu en juillet et en grande difficulté aujourd’hui par son soutien ouvert au gouvernement Macron/Barnier, en facilitant moralement et politiquement l’union de toutes les droites radicalisées autour de lui, du LR à LREM ; c’est offrir un élan politique mais aussi probablement matériel et financier non seulement comme c’est déjà le cas à toutes les dictatures mais aussi en plus à tous les groupes fascistes dans le monde, les encourager aux « ratonades » et aux violences diverses et variées contre les étrangers, les personnes racisées, les jeunes, les femmes, les homosexuels… et simplement encore c’est stimuler partout avec la légitimation de la principale puissance mondiale, la parole raciste, homophobe, sexiste, xénophobe, réactionnaire, climatosceptique et obscurantiste, créant le climat général propice à la généralisation de la guerre.
Beaucoup d’américains l’ont compris puisqu’ils se déclarent angoissés. Pour près d’un Américain sur deux (49 %), le risque est réel de voir l’ancien président se transformer en dictateur en cas de victoire. 57% des électeurs de Kamala Harris indiquent qu’ils ont littéralement peur si Trump l’emporte. Une grande partie des électeurs de Kamala Harris et même des républicains ne vont pas tant voter pour elle en qui ils n’ont guère d’illusions mais vont voter contre Trump, contre le danger mortel qu’il représente.
Ainsi, les noirs, les latinos, les femmes et les jeunes vont voter très majoritairement pour Kamala Harris et il est fort probable que le suffrage universel la donnera vainqueur comme il donne régulièrement vainqueurs les démocrates depuis 1992 (sauf une fois). Mais aux USA, ce n’est pas le suffrage universel (cependant quand même pas ouvert aux 30 millions de travailleurs migrants qui font pourtant la richesse américaine) qui est la règle mais un système de grands électeurs donnant une prime aux électeurs et Etats réactionnaires. C’est une mesure qui est directement héritée de concessions faites aux Etats esclavagistes du sud du pays à la suite de la guerre de Sécession après 1865 et que Trump a d’ailleurs célébré en faisant jouer « Dixie », l’air des Etats esclavagistes et du Klu Klux Klan, à son meeting central de campagne du 27 octobre au Madison Square Garden à New York. Dans cette démocratie américaine imprégnée de ces relents d’esclavage, une voix d’une jeune femme ouvrière noire et progressiste d’une grande ville vaut moins qu’une voix d’un vieux rentier blanc réactionnaire de la campagne.
C’est pourquoi, déjà, en 2021, ce n’était pas tant Biden qui avait gagné que les électeurs qui avaient voté pour le mouvement antiraciste BLM Black Lives Matter, le plus grand mouvement social de l’histoire américaine, contre Trump qui essayait de l’écraser : une victoire du mouvement social antiraciste.
Or, aujourd’hui ce scrutin peut s’ancrer encore plus profondément dans le mouvement social parce que la peur de Trump est encore plus grande que celle du RN en France après la dissolution avec la mobilisation à la base qui s’était opérée à ce moment. En même temps, ce mouvement BLM, – pour lequel bien des syndicats avaient déclaré qu’ils entreraient en grève si Trump poursuivait ses attaques – a laissé des traces très importantes aux USA. Elles sont aujourd’hui visibles notamment dans la montée impressionnante des combats actuels victorieux de la classe ouvrière américaine – qui est en grande partie une classe ouvrière noire et féminine, – dans l’automobile, l’hôtellerie-restauration, la santé ou l’enseignement et dans l’apparition d’une nouvelle génération de jeunes militants ouvriers syndicalistes beaucoup plus radicaux et plus démocratiques qu’auparavant. C’est ce même mouvement, à une moindre échelle, qu’on a vu en France, celui de l’implication d’une jeunesse par la mobilisation par en bas contre le danger RN après la dissolution, tout autant pour la création du NFP que pour sa victoire aux élections de juillet, avec l’engagement d’une nouvelle jeunesse étudiante et avec une jeunesse des quartiers qui se politise.
Un succès de Kamala Haris ne sera donc pas tant un succès du parti Démocrate ou d’elle-même qu’un succès des femmes, des jeunes, des noirs, latinos et ouvriers, un succès des mobilisations autonomes et des militants féministes, antiracistes, syndicalistes radicaux et, par-là, un encouragement après avoir battu Trump, non pas à rentrer chez soi mais à continuer les mobilisations pour battre ensuite Kamala Harris, le racisme, le sexisme la passivité climatosceptique et l’exploitation capitaliste, élargir de fait l’Etat de droit, aux USA, dans la citadelle même de l’impérialisme, et dans le globe en encourageant aux luttes partout et en donnant naissance à de nouveaux Malcom X et Angela Davis, Maman Jones et Eugène Debs, qui ont marqué le monde. On pourra probablement et directement mesurer un peu cette tendance aux 30 000 élections diverses ou référendums multiples qui ont lieu en même temps que les présidentielles, avec notamment des référendums sur le droit à l’avortement, le droit au logement ou l’augmentation des salaires et bien d’autres encore, et avec également l’élection de socialistes radicaux dans les municipalités.
Les étudiants de l’université noire de Durham en Caroline du Nord ont été voté ensemble en manifestation (presqu’un défilé militaire avec musique en tête) à plusieurs milliers avec le slogan « soar the polls » (remplisses/explosez les urnes) repris du slogan de Martin Luther King « soar the jails » (remplissez/explosez les prisons) au moment du combat pour les droits civiques dans les années 1960 quand il disait aux jeunes militants noirs de ne pas avoir peur d’aller en prison pour leurs idées et que c’est de ces prisons hyper bondées qu’ils feront sauter cette société d’injustice, Malcom X étant lui-même issu de ces prisons. La référence est claire. S’il y a une tendance mondiale des classes dirigeantes en pleine décomposition parasitaire du capitalisme financier, à la dictature par en haut et au fascisme, elle traduit leur peur et représente leur réponse à une tendance mondiale inverse par en bas à la montée des luttes, aux rébellions, aux révoltes, aux grèves, aux insurrections et aux révolutions dont notre période montre une montée en puissance comme l’histoire n’en a jamais connue.
Le désespoir et le pessimisme qui touchent aujourd’hui beaucoup de personnes ou même de militants ne sont pas naturels. Ce sont des fabrications de l’idéologie dominante. Les trente dernières années ont vu s’édifier un immense appareil médiatique, institutionnel, culturel, politique ayant pour mission de créer et maintenir le désespoir pour anéantir l’idée qu’un autre avenir est possible alors que cet avenir est justement en train de pointer son nez aujourd’hui. Il est temps de rouvrir les imaginaires à partir des succès, des réussites et des multiples mouvements sociaux qui essaiment partout sur la planète depuis au moins dix ans. Le raidissement actuel des régimes aux USA comme partout dans le monde est une réaction d’affolement à ce frémissement populaire qui sous-tend lui-même aujourd’hui les élections présidentielles américaines et dont nous devons nous faire les acteurs et les porte-paroles.
Jacques Chastaing 3 novembre 2024
Si Trump l’emportait, la plus grande puissance du monde glisserait vers un régime de plus en plus autoritaire, dictatorial, remettant en cause les droits démocratiques des libertés d’expression, de réunion et d’association et cela aurait des conséquences pour la planète entière. Le second Trump n’est plus le premier. Il n’est pas qu’un sexiste contre le droit à l’avortement, un violeur – puisqu’il a été condamné pour viol-, ou un fraudeur commercial et financier et un voleur détournant l’argent public (avec à l’heure actuelle près de 500 millions de dollars de condamnation), il n’est pas que raciste, homophobe, réactionnaire et sénile, il est surtout celui par qui se fait le plus entendre et avec le plus de danger la tendance mondiale au fascisme d’une partie des classes dirigeantes. Il a déjà initié en 2021 une tentative de coup d’Etat s’appuyant sur des groupuscules fascistes. Il se vante aujourd’hui de vouloir réaliser la plus grande expulsion d’immigrés que l’histoire n’a jamais connu, d’ouvrir les plus grands camps de concentration à cette fin, de mener d’abord et avant tout en renforçant les pouvoirs présidentiels la guerre contre ce qu’il appelle l’ennemi intérieur, les communistes, les syndicalistes, les gauchistes, les écologistes, les grévistes, la gauche et les démocrates de tous bords en interdisant leurs manifestations, leurs protestations, leurs grèves et en les mettant en prison, fut-ce avec l’aide de l’armée. Cela s’appelle une dictature et une dictature qui s’appuiera sur les groupes racistes comme le Klu Klux Klan et/ou fascistes – dont il a promis de faire sortir de prison les militants incarcérés pour le coup d’Etat de 2021 – et les développera afin d’encadrer et de mettre au pas la population, ce qui s’appelle marcher vers le fascisme.
Bien sûr, même s’il perd, Trump fera tout pour essayer de susciter le doute sur le scrutin, falsifier le résultat comme il l’avait déjà montré en 2021 en cherchant à s’appuyer sur les Etats que les républicains dirigent pour crier au vol des élections, ralentir ou fausser le dépouillement, susciter la mobilisation des groupes fascistes qui le soutiennent et demander à la Cour suprême de choisir le président si l’écart, réel ou supposé, est faible, ce qu’avait déjà fait le républicain Georges W. Bush en volant l’élection de 2 000 au démocrate Al Gore qui l’avait pourtant gagnée.
Soutenir Trump ou ne pas vouloir voir le danger qu’il représente, le minimiser ou ne pas le dénoncer de toutes ses forces, c’est aussi ne pas vouloir prendre conscience et avertir de ses conséquences mondiales. C’est non seulement aider Netanyahou mais aussi être complice d’un éventuel bombardement des centrales nucléaires iraniennes par le dirigeant israélien auquel appelle Trump avec toutes les conséquences dramatiques qu’il n’est pas difficile d’imaginer ; c’est encourager Poutine à poursuivre sa guerre en Ukraine, mais aussi l’élargir à la Géorgie, la Moldavie et pourquoi pas aux Etats baltes avec l’aide d’Orban qu’une telle situation pourrait sauver lui-même par le chaos de la défaite électorale vers laquelle il s’avance pourtant aujourd’hui ; c’est aider Méloni en Italie contre la vague de grèves qui s’est levée contre son projet de liquider les droits de manifester, faire grève ou protester ; c’est appuyer en France le RN pourtant battu en juillet et en grande difficulté aujourd’hui par son soutien ouvert au gouvernement Macron/Barnier, en facilitant moralement et politiquement l’union de toutes les droites radicalisées autour de lui, du LR à LREM ; c’est offrir un élan politique mais aussi probablement matériel et financier non seulement comme c’est déjà le cas à toutes les dictatures mais aussi en plus à tous les groupes fascistes dans le monde, les encourager aux « ratonades » et aux violences diverses et variées contre les étrangers, les personnes racisées, les jeunes, les femmes, les homosexuels… et simplement encore c’est stimuler partout avec la légitimation de la principale puissance mondiale, la parole raciste, homophobe, sexiste, xénophobe, réactionnaire, climatosceptique et obscurantiste, créant le climat général propice à la généralisation de la guerre.
Beaucoup d’américains l’ont compris puisqu’ils se déclarent angoissés. Pour près d’un Américain sur deux (49 %), le risque est réel de voir l’ancien président se transformer en dictateur en cas de victoire. 57% des électeurs de Kamala Harris indiquent qu’ils ont littéralement peur si Trump l’emporte. Une grande partie des électeurs de Kamala Harris et même des républicains ne vont pas tant voter pour elle en qui ils n’ont guère d’illusions mais vont voter contre Trump, contre le danger mortel qu’il représente.
Ainsi, les noirs, les latinos, les femmes et les jeunes vont voter très majoritairement pour Kamala Harris et il est fort probable que le suffrage universel la donnera vainqueur comme il donne régulièrement vainqueurs les démocrates depuis 1992 (sauf une fois). Mais aux USA, ce n’est pas le suffrage universel (cependant quand même pas ouvert aux 30 millions de travailleurs migrants qui font pourtant la richesse américaine) qui est la règle mais un système de grands électeurs donnant une prime aux électeurs et Etats réactionnaires. C’est une mesure qui est directement héritée de concessions faites aux Etats esclavagistes du sud du pays à la suite de la guerre de Sécession après 1865 et que Trump a d’ailleurs célébré en faisant jouer « Dixie », l’air des Etats esclavagistes et du Klu Klux Klan, à son meeting central de campagne du 27 octobre au Madison Square Garden à New York. Dans cette démocratie américaine imprégnée de ces relents d’esclavage, une voix d’une jeune femme ouvrière noire et progressiste d’une grande ville vaut moins qu’une voix d’un vieux rentier blanc réactionnaire de la campagne.
C’est pourquoi, déjà, en 2021, ce n’était pas tant Biden qui avait gagné que les électeurs qui avaient voté pour le mouvement antiraciste BLM Black Lives Matter, le plus grand mouvement social de l’histoire américaine, contre Trump qui essayait de l’écraser : une victoire du mouvement social antiraciste.
Or, aujourd’hui ce scrutin peut s’ancrer encore plus profondément dans le mouvement social parce que la peur de Trump est encore plus grande que celle du RN en France après la dissolution avec la mobilisation à la base qui s’était opérée à ce moment. En même temps, ce mouvement BLM, – pour lequel bien des syndicats avaient déclaré qu’ils entreraient en grève si Trump poursuivait ses attaques – a laissé des traces très importantes aux USA. Elles sont aujourd’hui visibles notamment dans la montée impressionnante des combats actuels victorieux de la classe ouvrière américaine – qui est en grande partie une classe ouvrière noire et féminine, – dans l’automobile, l’hôtellerie-restauration, la santé ou l’enseignement et dans l’apparition d’une nouvelle génération de jeunes militants ouvriers syndicalistes beaucoup plus radicaux et plus démocratiques qu’auparavant. C’est ce même mouvement, à une moindre échelle, qu’on a vu en France, celui de l’implication d’une jeunesse par la mobilisation par en bas contre le danger RN après la dissolution, tout autant pour la création du NFP que pour sa victoire aux élections de juillet, avec l’engagement d’une nouvelle jeunesse étudiante et avec une jeunesse des quartiers qui se politise.
Un succès de Kamala Haris ne sera donc pas tant un succès du parti Démocrate ou d’elle-même qu’un succès des femmes, des jeunes, des noirs, latinos et ouvriers, un succès des mobilisations autonomes et des militants féministes, antiracistes, syndicalistes radicaux et, par-là, un encouragement après avoir battu Trump, non pas à rentrer chez soi mais à continuer les mobilisations pour battre ensuite Kamala Harris, le racisme, le sexisme la passivité climatosceptique et l’exploitation capitaliste, élargir de fait l’Etat de droit, aux USA, dans la citadelle même de l’impérialisme, et dans le globe en encourageant aux luttes partout et en donnant naissance à de nouveaux Malcom X et Angela Davis, Maman Jones et Eugène Debs, qui ont marqué le monde. On pourra probablement et directement mesurer un peu cette tendance aux 30 000 élections diverses ou référendums multiples qui ont lieu en même temps que les présidentielles, avec notamment des référendums sur le droit à l’avortement, le droit au logement ou l’augmentation des salaires et bien d’autres encore, et avec également l’élection de socialistes radicaux dans les municipalités.
Les étudiants de l’université noire de Durham en Caroline du Nord ont été voté ensemble en manifestation (presqu’un défilé militaire avec musique en tête) à plusieurs milliers avec le slogan « soar the polls » (remplisses/explosez les urnes) repris du slogan de Martin Luther King « soar the jails » (remplissez/explosez les prisons) au moment du combat pour les droits civiques dans les années 1960 quand il disait aux jeunes militants noirs de ne pas avoir peur d’aller en prison pour leurs idées et que c’est de ces prisons hyper bondées qu’ils feront sauter cette société d’injustice, Malcom X étant lui-même issu de ces prisons. La référence est claire. S’il y a une tendance mondiale des classes dirigeantes en pleine décomposition parasitaire du capitalisme financier, à la dictature par en haut et au fascisme, elle traduit leur peur et représente leur réponse à une tendance mondiale inverse par en bas à la montée des luttes, aux rébellions, aux révoltes, aux grèves, aux insurrections et aux révolutions dont notre période montre une montée en puissance comme l’histoire n’en a jamais connue.
Le désespoir et le pessimisme qui touchent aujourd’hui beaucoup de personnes ou même de militants ne sont pas naturels. Ce sont des fabrications de l’idéologie dominante. Les trente dernières années ont vu s’édifier un immense appareil médiatique, institutionnel, culturel, politique ayant pour mission de créer et maintenir le désespoir pour anéantir l’idée qu’un autre avenir est possible alors que cet avenir est justement en train de pointer son nez aujourd’hui. Il est temps de rouvrir les imaginaires à partir des succès, des réussites et des multiples mouvements sociaux qui essaiment partout sur la planète depuis au moins dix ans. Le raidissement actuel des régimes aux USA comme partout dans le monde est une réaction d’affolement à ce frémissement populaire qui sous-tend lui-même aujourd’hui les élections présidentielles américaines et dont nous devons nous faire les acteurs et les porte-paroles.
Jacques Chastaing 3 novembre 2024
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