Groenland et canal de Panama : Londres refuse de « condamner » les propos de Donald Trump

Pour David Lammy, le chef de la diplomatie britannique, ces annexions ne « vont pas se produire ». Le futur locataire de la Maison Blanche a redit, lors d’une conférence de presse mardi, ses visées expansionnistes sur ces territoires.

Le Monde avec AFP

Publié aujourd’hui  

Le chef de la diplomatie britannique, David Lammy, s’est refusé, jeudi 9 janvier, à « condamner » les déclarations du président américain élu, Donald Trump, qui a réitéré, mardi, ses visées expansionnistes sur le canal de Panama et le Groenland. « Je n’ai pas pour but de condamner notre plus proche allié », a déclaré le ministre britannique, interrogé sur la chaîne Sky News.

« Soyons sérieux : cela ne va pas se produire. Car aucun pays de l’OTAN n’est entré en guerre depuis la création de l’Alliance », a par ailleurs assuré David Lammy sur la BBC. Donald Trump « soulève des inquiétudes à propos de la Russie et la Chine dans l’Arctique, qui concernent la sécurité économique nationale » des Etats-Unis, et qui sont « des questions légitimes », selon David Lammy.

« Nous savons depuis le premier mandat de Donald Trump que l’intensité de son discours et l’imprévisibilité de ce qu’il dit peuvent parfois être déstabilisantes », a-t-il toutefois reconnu.

Mardi, lors d’une conférence de presse, Donald Trump avait refusé d’exclure le recours à la force pour annexer ce territoire autonome du Danemark. Il a tenu ces propos au moment où son fils Donald Trump Jr était au Groenland pour une visite éclair, mais largement médiatisée, en tant que « touriste ». Le président élu avait réitéré dès la fin 2024 ses visées expansionnistes en assurant que le contrôle du Groenland était « une nécessité absolue » pour « la sécurité nationale » des Etats-Unis et « la liberté à travers le monde ».

Pas « une crise diplomatique », selon le Danemark

A Copenhague, la première ministre danoise, Mette Frederiksen, va réunir jeudi soir les dirigeants des partis danois représentés au Parlement pour les informer des « mesures prises » par son gouvernement après les déclarations du milliardaire américain.

Le Danemark ne se trouve pas dans une « crise diplomatique », mais cela ne signifie pas qu’« il ne pourrait pas y en avoir une (…) si les paroles se transforment en actes », selon Lars Lokke Rasmussen, le ministre danois des affaires étrangères. « Je pense qu’il faut prendre Trump très au sérieux, mais pas nécessairement au pied de la lettre, a-t-il ajouté. Nous n’avons aucunement l’ambition d’intensifier une guerre des mots avec un président qui va accéder au bureau Ovale. »

« On ne sait même pas si le Danemark a des droits légaux dessus, mais, s’il en a, il doit les abandonner, parce que nous en avons besoin, pour une question de sécurité nationale », avait lancé Donald Trump depuis sa résidence de Mar-a-Lago en Floride, tandis que son fils terminait sa visite à Nuuk. Si Copenhague refusait, le président élu s’est dit prêt à imposer « des droits de douane très élevés sur les produits danois ».

Dans une première réaction, mardi, la première ministre danoise avait souligné que « le Groenland est aux Groenlandais » tout en affirmant que les Etats-Unis étaient les « alliés les plus proches » du Danemark, sans s’épancher sur ces menaces.

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Donald Trump avait ciblé le Groenland lors de son premier mandat en 2019, disant vouloir l’acheter. Il s’était attiré un refus net de Mme Frederiksen, qui avait jugé la proposition « absurde ». Le Groenland cherche à gagner en souveraineté, mais reste financièrement dépendant de Copenhague. Le territoire attise les convoitises pour ses ressources naturelles – bien que la prospection pétrolière et l’exploitation de l’uranium y soient interdites – et pour son importance géostratégique – les Etats-Unis y ayant déjà une base militaire.

De son côté, le gouvernement du territoire autonome a réaffirmé sa volonté de contrôler son destin tout en voulant rester proche de l’allié américain. « Le Groenland appartient au peuple du Groenland, et le développement et l’avenir du Groenland sont décidés uniquement par son peuple », a insisté le gouvernement du territoire autonome danois, mercredi. La première ministre danoise doit s’entretenir, vendredi, avec les représentants du Groenland et des îles Féroé, autre territoire autonome danois, pour la réunion bisannuelle du royaume du Danemark. Elle a assuré mercredi que le gouvernement « faisait tout pour protéger les intérêts du Danemark et du royaume danois ».

Rhétorique « dramatique » pour le Kremlin

Les Européens font bloc derrière le Danemark. La cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, a assuré jeudi lors de sa conférence de presse annuelle à Rome, que les Etats-Unis n’allaient pas « annexer par la force » le Groenland et le canal de Panama, voyant plutôt dans les déclarations de Donald Trump un message adressé à la Chine. Pour Mme Meloni, qui a rendu visite samedi 4 janvier au président élu américain en Floride, ces déclarations sont « davantage un message destiné » à « d’autres grandes puissances plutôt que des revendications hostiles envers ces pays ». « Il s’agit de deux territoires où ces dernières années nous avons assisté à un activisme croissant de la Chine », a-t-elle ajouté.

La cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, Kaja Kallas, a refusé, quant à elle, dans un entretien au Monde, d’entrer dans la polémique afin de ménager l’allié américain. Elle a rappelé que « les Etats-Unis respectent la Charte des Nations unies qui stipule que l’intégrité territoriale et la souveraineté des pays doivent être respectées. Je suis donc certaine qu’ils suivront également ces principes à l’avenir ».

De son côté, le Kremlin a assuré jeudi suivre « de très près » la rhétorique « dramatique » du président élu américain Donald Trump sur le Groenland. « L’Arctique est une zone de nos intérêts nationaux (…) nous suivons de très près le développement assez dramatique de la situation qui, Dieu merci, reste jusqu’à présent au niveau des déclarations », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

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Le Monde avec AFP

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