Par l’unité, nous pouvons gagner sur nos revendications et en finir avec la V° République du RN et de Macron. Éditorial du 12 janvier 2025.

Par aplutsoc le 12 janvier 2025

François Bayrou doit faire son discours de politique générale dans deux jours, après quoi le groupe LFI annonce qu’il déposera une motion de censure. Mais le RN a, pour l’heure, répondu par avance à cette question qu’il permet à cet exécutif d’exister. Du coup, une motion de censure ne peut aboutir.

La presse bruisse des échos des rencontres entre le PS principalement, et aussi les Écologistes et le PCF, et les ministres du gouvernement, notamment celui des Finances et donc du budget, le banquier Lombard. Nul ne doute que Macron et Bayrou, chacun pour son compte, et une fois l’existence de leur exécutif illégitime garantie par le RN, apprécieraient une coalition avec tout ou partie du PS, des Écologistes et du PCF. Mais s’agit-il de cela ?

Ils sont extraordinairement faibles. A l’origine de cette faiblesse, n’oublions jamais qu’il y a les mouvements sociaux massifs contre toute leur politique : Gilets jaunes, défense des retraites en 2019-2020, défense des retraites en 2023 ; c’est pour cela que leur faiblesse a pour pierre de touche politique la contre-réforme Macron contre les retraites du 14 avril 2023, celle qui n’a jamais été votée. Les élections européennes, les deux tours des législatives causées par la dissolution, et la censure du gouvernement Barnier la veille d’une grève politique du 5 décembre de fait contre lui, dans l’enseignement public en particulier, ont démultiplié cette faiblesse, créant une situation dans laquelle le président de la V° République ne préside plus que par défaut et s’affaisse à vue d’œil : crise de régime. Nous y sommes, bien entendu.

Les rumeurs délibérées qui circulent font état de promesses ambiguës portant sur la « suspension » de la réforme des retraites, mais aussi sur le nombre de postes qui seraient supprimés dans l’Éducation nationale (Barnier en a prévu plus de 4000 et la hiérarchie rectorale trépigne de pouvoir les appliquer !). Sophie Binet (CGT), Marylise Léon (CFDT), Frédéric Souillot (FO), reçus par Bayrou, affirment qu’il veut rouvrir des négociations sur les retraites et ne fait pas des 64 ans un interdit. Le simple fait qu’il laisse dire qu’il a dit cela, sans préjuger de la suite, est une défaite politique de Macron et confirme son affaissement. En outre, la FSU et les fédérations de fonctionnaires reçues par le ministre de la Fonction publique Marcangeli disent que les 3 journées de carence de Kasbarian alias Musk ne devraient selon lui pas être dans le budget, et là encore il laisse dire.

Tout cela mis bout à bout signifie-t-il que la trahison est en marche, comme le disent Mélenchon et LFI ?

Il n’y a certes aucune illusion à avoir sur le fait que le gouvernement et ses interlocuteurs syndicaux et des partis de gauche peuvent tenter de préserver un budget de guerre antisociale et de mettre des mesures dangereuses, telle la retraite à points, dans une « renégociation », tout cela pour assurer la « stabilité » à laquelle appelait la déclaration commune de fin 2024 des confédérations, sauf la CGT, et du MEDEF. D’ailleurs, les plans de licenciements pour lesquels la même CGT demande un « moratoire » à ce gouvernement, sont les grands absents des rumeurs faisant écho aux rencontres des uns et des autres avec Bayrou et ses ministres.

Mais le fait central, c’est la faiblesse de l’exécutif, dans lequel président, premier ministre et « grosses pointures » occupant les postes ministériels, ne se renforcent pas mutuellement mais se bousculent et s’enfoncent. Que cet agrégat crépusculaire de barbons de la V° République entourant le frêle, fragile et freluquet président, appelle au secours en renonçant aux « grands équilibres » et en flirtant avec le retrait de la réforme clef du second quinquennat Macron, n’est pas en premier lieu le signe d’une conjuration de social-traîtres, mais de l’affaissement de la V° République. La division façon LFI ne conjure pas ce risque : elle vise à placer le PS, les Écologistes et le PCF en posture de prétendus soutiens au gouvernement parce qu’ils ne voteraient pas une censure qui, de toute façon, ne passera pas car le RN ne la veut pas à ce stade.

Le RN a accordé un bail à l’exécutif pour ses raisons propres, liées à la possible inéligibilité de Marine Le Pen (le tribunal doit rendre son jugement le 31 mars à 10h). En outre, l’Assemblée ne peut être à nouveau dissoute avant juillet prochain, même en cas de présidentielle anticipée, si l’on se réfère à la lettre de la constitution (qui n’a pas prévu explicitement ce cas).

Alors, résumons les deux lignes de force claires qui déterminent tout l’imbroglio.

D’une part : le débouché politique du point de vue du capital, cohérent avec la tenaille réactionnaire Trump-Poutine-Musk qui tente de briser l’Europe, serait un rétablissement autoritaire de la V° République avec le RN.

D’autre part : l’épée de Damoclès qui pèse sur Macron, Bayrou et leurs ministres, et complique les plans du RN, est la menace de l’affrontement social, et cet exécutif est désespérément faible pour « réduire les déficits », comme ils disent, c’est-à-dire faire passer la politique que veut le capital.

Dénoncer à toute force, comme le fait J.L. Mélenchon, l’organisation d’une coalition Macron/Bayrou/PS pour mettre en œuvre un budget Barnier amendé de la retraite à points, ne fait dans cette situation rien d’autre que diviser. L’espoir d’une présidentielle anticipée, dont la date dépend du RN quand il décidera de voter une censure, et de Macron lui-même, ne peut par lui-même constituer un vrai débouché politique : les présidentielles ne sont pas un scrutin démocratique, elles viseraient à recharger les compteurs de la V° République avec Marine Le Pen comme favorite. La stratégie de LFI est celle du maintien et de la restauration de la puissance de la V° République, c’est l’autre face d’une éventuelle coalition « centre-gauche », les deux se justifiant l’une par l’autre.

Il y a une alternative à cette tenaille et elle n’est pas inaccessible. Car, qui est-ce qui a affaibli l’exécutif, au point qu’il mendie une non-censure et l’esquisse d’une coalition en laissant filtrer des bruits qui tournent autour de l’abrogation de la loi-clef du ci-devant bonapartisme macronien ? Qui donc a réalisé et garanti l’unité qui a empêché la formation d’un gouvernement Macron/Bardella en juillet dernier ?

Qui, sinon la base sociale du NFP et des syndicats, agissant au compte de la grande majorité de la population qui veut la hausse des salaires, l’abrogation de la réforme des retraites, la sauvegarde et le rétablissement des services publics ?

Cette base n’est ni atone, ni pétrifiée, ni attentiste, ou plus exactement elle attend bien quelque chose qui libérerait son énergie : l’unité du Nouveau Front Populaire et l’unité d’action syndicale pour ses besoins sociaux et démocratiques.

La grande majorité verrait dans tout pas en arrière de cet exécutif sur les retraites et sur les postes dans les services publics sa victoire à elle, et elle aurait raison, et prendrait cela comme un encouragement à l’action et à l’unité. Elle ne se fait pas d’illusion sur les manœuvres que tentera ce pouvoir, que le MEDEF, reçu par Bayrou avant la CGT, lui a soufflé : capitalisation, fiscalité, retraite à points, etc.

La situation présente n’appelle pas la division et la dénonciation de « trahisons ». Elle appelle l’action. Ce qui s’est dessiné en décembre avec la grève dans l’enseignement public et la recherche de l’unité d’action contre les licenciements, doit reprendre en plus grand et plus fort.

Engager l’action, par la grève, les manifestations, vers une manifestation centrale contre ce pouvoir illégitime, pour l’abrogation totale et sans entourloupe de la réforme des retraites, la hausse des salaires, l’annulation des suppressions de postes, l’annulation des plans de licenciement, voilà la voie vers l’issue politique, et voila la voie qui affaiblit réellement le RN.

Car cette voie-là, qui s’appuie sur les besoins réels, de la majorité, ne recherche ni une présidentielle anticipée pour redonner 5 ans de bail à ce régime et peut-être bien avec Mme Le Pen, ni une coalition parlementaire avec Bayrou et consorts, mais un gouvernement qui satisfasse les revendications, donc un gouvernement du NFP, et un changement de régime par l’élection, que tôt ou tard il faudra imposer, d’une assemblée constituante. Ce sujet commence à faire son chemin dans le NFP – dans l’Après, dans Picardie debout, dans Gagnons ensemble de Lucie Castet et Marine Tondelier, mais il faut plus !

La meilleure voie pour cela serait l’affrontement social. Et de même, au cas où le RN et Macron s’entendent pour faire le coup d’une présidentielle anticipée, le dernier coup d’État de Macron, c’est cette voie qui maximisera les chances d’imposer, par en bas, une candidature unique du NFP pour ce faire.

Le 12/01/2025.

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