MORT D’UN FOSSILE

08/01/2025

Faut-il se réjouir bruyamment de la mort de Le Pen ? On peut se féliciter de la mort d’un ennemi quand elle permet de modifier le rapport de forces, même symbolique, en faveur des travailleurs. Par exemple, si le sinistre Franco avait été abattu pendant la guerre civile ou si le dictateur Pinochet n’avait pas échappé à l’attentat des FPMR. On a pu ainsi se féliciter de la mort de Carrero Blanco, successeur désigné de Franco et pièce maitresse des franquistes. Mais la mort dans son lit d’un vieux fasciste qui ne jouait plus aucun rôle dans la vie politique n’a guère d’intérêt. Le tortionnaire de la guerre d’Algérie, l’homme qui avait gravé un symbole nazi sur son poignard de parachutiste, celui qui sortait régulièrement d’odieuses plaisanteries antisémites, qui s’était associé à d’anciens Waffen SS pour créer le Front National, avait été mis à l’écart de son propre parti par souci de respectabilité.

La page était déjà tournée bien avant sa mort. L’antisémitisme auquel l’éditeur de chants nazis s’accrochait griffes et ongles était désormais un obstacle à la banalisation de l’extrême droite. La haine des Juifs avait été avantageusement remplacée par l’islamophobie comme moyen de désigner des boucs émissaires.

Le Pen père était devenu une figure du passé. Fêter sa mort, c’est se donner l’illusion de mener un combat antifasciste.

L’extrême droite, le nationalisme, le souverainisme, la xénophobie connaissent aujourd’hui une montée inquiétante à une échelle mondiale sous l’égide de personnalités et de partis plus adaptés au monde et au capitalisme contemporains. Pour les mettre en échec, dans une situation qui peut basculer dans la crise, il faudra être en mesure d’avancer une véritable alternative révolutionnaire pour une société égalitaire et fraternelle, socialiste. Il faut gagner à cette alternative les éléments des classes populaires qui, par dégoût voire désespoir, se tournent vers les successeurs respectables de Le Pen.