Après ses propos sur le RN, François Rebsamen se met à dos le gouvernement

Paris, le 3 janvier 2025. Palais de l’Elysée. Premier conseil des ministres du gouvernement Bayrou. SUR LA PHOTO: Rachida Dati (G), ministre de la Culture et François Rebsamen (D), ministre de l'Aménagement du territoire et de la Décentralisation.
En refusant de considérer le Rassemblement national, le nouveau ministre s’est attiré les foudres du parti d’extrême droite et du gouvernement. Une situation qu’avait déjà connue l’éphémère ministre de l’Economie Antoine Armand dans le gouvernement Barnier.
Le ministre de l’Aménagement du territoire François Rebsamen, le 3 janvier 2025, après le premier conseil des ministres du gouvernement Bayrou. (Albert Facelly/Libération)

Des propos qui ne passent ni du côté du Rassemblement national, ni du côté du gouvernement. Mardi soir, François Rebsamen s’attaquait au parti d’extrême droite sur BFMTV. «Je respecte toutes les forces politiques sauf le RN. C’est ma position, avait affirmé le ministre de l’Aménagement du territoire. J’en connais dans mon département qui portent des discours de haine et d’exclusion de l’autre. C’est pas ma tasse de thé.»

Quelques phrases en décalage avec les propos tenus par François Bayrou depuis sa nomination en décembre, que lui a rappelés la porte-parole du gouvernement Sophie Primas. «Vous savez que le Premier ministre fait du dialogue avec l’ensemble des forces politiques qui souhaitent dialoguer avec lui une priorité, a réaffirmé l’ancienne sénatrice lors du point presse à l’issue du conseil des ministres, mercredi 15 janvier. Ce n’est pas la position du gouvernement.»

Politique

14 janv. 2025

Quelques heures auparavant, c’est le président du RN qui mettait la pression sur l’exécutif dans un tweet. «François Bayrou devrait rapidement rappeler à son ministre que le respect dû aux 11 millions de Français électeurs du Rassemblement National est l’une de nos principales exigences, s’est insurgé Jordan Bardella. Et l’insulte à leur égard une ligne rouge qu’il vaut mieux ne pas franchir lorsque l’on fait partie d’un gouvernement minoritaire.» Une façon de dire que, même s’il n’a pas prévu de censure «a priori» du gouvernement, le RN le garde «sous surveillance», comme il se plaisait déjà à le rappeler à Michel Barnier et ses ministres.

Une sensation de déjà-vu

Cet épisode autour de la place du parti d’extrême droite dans les débats rappelle une situation similaire sous le gouvernement Barnier. Ministre de l’Economie fraîchement nommé, Antoine Armand s’était dit ouvert à collaborer avec tous les partis dans la matinale de France Inter le 24 septembre, «pour peu qu’ils soient dans l’arc républicain» dont il exclut le RN. Même pression du parti d’extrême droite, par la voix de Marine Le Pen cette fois-ci, menaçant déjà de censurer. «Je pense que le Premier ministre doit aller expliquer à l’ensemble de ses ministres quelle est la philosophie de son gouvernement, car il semblerait que certains n’aient pas encore totalement compris», avait lancé la députée du Pas-de-Calais. Même rappel à l’ordre du Premier ministre, qui avait recadré l’actuel député de Haute-Savoie. Michel Barnier avait même appelé personnellement Marine Le Pen pour s’excuser platement

Un peu plus de 24 heures avant le vote de la motion de censure à l’Assemblée nationale, le RN est en position de force face au gouvernement. Alors qu’une majorité du NFP – LFI, les écolos et les communistes, les socialistes se tâtent encore – devrait la voter, le RN tient dans sa main la survie de François Bayrou à Matignon. Une situation qu’aurait préféré éviter l’actuel ministre de l’Economie, qui négociait depuis début janvier un budget avec une partie de la gauche, avec qui il voyait «des convergences possibles». Des négociations réduites à néant depuis le discours de politique générale de François Bayrou, mardi après-midi.

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