DÉTACHEMENT D’ACTION RAPIDE » : LA BRIGADE DE CHOC QUI CASSE LES LUTTES
Le mouvement des Gilets Jaunes est l’occasion d’expérimentations gouvernementales en terme de répression. Notamment le déploiement d’une brigade de choc, militarisée, ultra-violente, chargée de terroriser les luttes sociales.
Nous sommes au lendemain du 1er décembre 2018. Lors de l’Acte 3, un vent insurrectionnel a soufflé sur Paris. Des heures d’émeutes, les Champs Élysées envahis jusqu’à la nuit, des voitures de luxe et des dizaines de barricades enflammées. Et la foule qui s’est approchée de tous les lieux de pouvoir. Pour la première fois depuis des décennies, le gouvernement tremble réellement. Macron ne sort plus de l’Élysée. Un hélicoptère est installé dans la cour du président en cas de menace, pour exfiltrer le président, au cas où. Pendant toute la semaine, avant la manifestation suivante, le 8 décembre, le pays retient son souffle.
Le pouvoir réagit en annonçant le déploiement de véhicules blindés et de 100 000 policiers. Mais ces annonces spectaculaires sont surtout cosmétiques. La décision la plus importante, mais moins visible, est le déploiement de « Détachements d’Action Rapide » pour endiguer la révolte. Le ministère de l’intérieur annonce d’ailleurs la volonté « d’aller au contact » et d’arrêter des milliers de personnes. Ce sera le cas, le 8 décembre. Les Champs Élysées sont alors un champ de bataille. Un champ de tir. Alors que les manifestants sont bloqués sur l’avenue par les forces de police « régulières », on voit des groupes d’homme cagoulés, armés, sillonner la rue, attaquer chaque groupe, chaque rassemblement, en tirant dans toutes les directions. Les manifestants tombent les uns après les autres. Plusieurs personnes sont défigurées en quelques heures seulement, au même endroit.
Ces mêmes « DAR » vont arrêter des centaines de personnes. Sur les milliers d’interpellations de cette journée, la grande majorité est attribuée aux « Détachements d’Action Rapide ». Briser physiquement, arrêter préventivement, terroriser. Les « DAR » ont rempli leur objectif. L’insurrection est contenue. Le mouvement des Gilets Jaunes ne retrouvera jamais la même intensité lors des actes suivants. Et les mutilations continueront à se multiplier, souvent causées par ces mêmes unités.
D’où viennent ces « DAR » ? Ce sont les hommes les plus violents choisis parmi les unités les plus violentes du maintien de l’ordre français. Ces policiers en civil, cagoulés, qui ont carte blanche pour tirer, viennent des Brigades Anti Criminalité et des Brigades de recherche et d’Intervention, habituellement déployées contre le grand banditisme. Selon le Canard Enchaîné, ce sont aussi les « DAR » qu’on retrouve armées, sur des motos de police, qui chassent les manifestants et tirent dans tous les sens avant de repartir sur leur deux roues.
Les DAR sont ils vraiment nouveaux ? Non, ils ont déjà été expérimentés dans les quartiers. C’est la déclaration d’un gradé dans le journal Le Monde, qui explique qu’au moins, en banlieue, « ce n’est pas filmé sous tous les angles, et les personnes visées ne viennent pas se plaindre devant les caméras. » L’aveu fait froid dans le dos : on peut donc y mutiler en toute discrétion. La population des banlieues subit depuis des années les agissements ultra-violents de brigades militarisées chargées de briser les corps, qu’on voit aujourd’hui appliquées sur les luttes sociales.
Ce dispositif à priori inédit en Europe – et peut-être même en Occident ? – est redoutablement efficace, puisqu’il a été déployé au moment où le pouvoir a réellement vacillé, début décembre. Il fallait arrêter la montée insurrectionnelle, et elles y sont parvenues. Ces DAR ont réalisé 80% des arrestations, et sans doute une proportion équivalente de l’ensemble des mutilations recensées. Macron leur doit beaucoup, et il y a fort à parier que ces dispositifs deviennent la norme du maintien de l’ordre.
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Source : https://www.lemonde.fr/…/des-dissensions-apparaissent-au-se…
« DÉTACHEMENT D’ACTION RAPIDE » : LA BRIGADE DE CHOC QUI CASSE LES LUTTES
– Comment le Régime a été sauvé par des milices militarisées -Le mouvement des Gilets Jaunes est l’occasion d’expérimentations gouvernementales en terme de répression. Notamment le déploiement d’une brigade de choc, militarisée, ultra-violente, chargée de terroriser les luttes sociales.… Afficher la suite
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