Donald Trump lors d’une réunion avec des élus de Los Angeles, le 24 janvier 2025 ( AFP / Mandel NGAN )
Donald Trump s’est rendu vendredi dans des zones sinistrées de Californie et de Caroline du Nord, en utilisant son premier déplacement présidentiel pour transformer l’aide fédérale aux catastrophes naturelles en objet de marchandage politique.
Le milliardaire républicain a choisi de se rendre d’abord en Caroline du Nord, Etat républicain durement frappé par un ouragan en octobre, avant d’aller en Californie démocrate, où Los Angeles compte encore ses morts dans les ruines laissées par les incendies des deux dernières semaines.
En Caroline du Nord, M. Trump a expliqué qu’il allait « réformer fondamentalement », voire « peut-être supprimer » la FEMA, l’agence fédérale de réponse aux ouragans, incendies et autres désastres.
Un hélicoptère de la flotte transportant Donald Trump au-dessus de Los Angeles, le 24 janvier 2025 ( AFP / Robyn Beck )
Il a également affirmé qu’il n’aiderait Los Angeles à se reconstruire que si la Californie coopérait un minimum avec son administration.
« Je veux deux choses à Los Angeles. Je veux des preuves d’identité pour les électeurs et je veux que l’eau soit libérée », a lâché le tribun.
Le septuagénaire est persuadé de longue date que la Californie permet aux sans-papiers de voter, sans preuves de fraudes massives. Il répète aussi depuis des semaines un mensonge démenti par tous les experts, selon lequel l’Etat démocrate gèrerait mal son eau et n’aurait eu qu’à ouvrir un robinet pour sauver Los Angeles des flammes.
– « Régler le problème » –
Donald Trump et son épouse Melania sont accueillis à Los Angeles par le gouverneur de Californie, Gavin Newsom (à gauche), le 24 janvier 2025 ( AFP / Mandel NGAN )
Mais à son arrivée en Californie, où il a survolé le quartier en ruines de Pacific Palisades, M. Trump a changé de ton.
« Le gouvernement fédéral vous soutient à 100% », a-t-il assuré devant des élus locaux et des habitants. « Je vais vous donner tout ce que vous voulez. Je vais vous donner plus que n’importe quel président ne vous aurait jamais donné. »
« Je ne crois pas qu’on puisse réaliser à quel point c’est dur, à quel point c’est dévasté, tant qu’on ne l’a pas vu », a-t-il ajouté. « C’est incroyable. »
Le gouverneur démocrate Gavin Newsom, que M. Trump qualifie souvent de « racaille », l’a brièvement accueilli à l’aéroport.
« Nous voulons régler le problème », a assuré le président, après une poignée de main.
« Le moyen d’y arriver, c’est de travailler ensemble avec le gouverneur de l’Etat », a-t-il ajouté. « Ils auront besoin de beaucoup d’aides fédérales. A moins que vous n’en ayez pas besoin? »
« Nous allons avoir besoin de votre aide », a reconnu M. Newsom, en se disant prêt à « travailler ensemble pour assurer un rétablissement rapide ».
Donald Trump (au centre) rencontre des rescapés des incendies de Los Angeles, le 24 janvier 2025 ( AFP / Mandel NGAN )
Le président érige de longue date la Californie en contre-modèle pour le pays, en dénonçant ses politiques sociétales jugées trop à gauche et son engagement envers la transition énergétique.
La Californie est aussi un Etat sanctuaire, qui refuse de suivre les injonctions de M. Trump sur les expulsions de sans-papiers.
– Expulsions –
Des migrants expulsés par avion militaires, à Fort Bliss, au Texas, le 23 janvier 2025, selon une photo fournie par le Pentagone ( DVIDS / Nicholas J. De La Pena )
En parallèle de ce déplacement, l’administration de M. Trump a continué de mettre en scène l’offensive anti-immigration promise pendant sa campagne.
La Maison Blanche s’est targuée la veille de l’arrestation de « 538 migrants criminels illégaux » et a assuré que « des centaines » avaient été expulsés par avions militaires plutôt que civils pour la première fois.
« Nous sortons les pires criminels » du pays, a assuré M. Trump à Asheville (Caroline du nord), sa première étape.
« C’est une pure opération de propagande », a asséné sur X Aaron Reichlin-Melnick, expert du American Immigration Council.
A titre de comparaison, sous la présidence de Joe Biden, quelque 270.000 personnes ont été expulsées pendant l’exercice budgétaire 2024 (d’octobre à fin septembre), un chiffre annuel jamais atteint durant le premier mandat de Donald Trump (2017-2021).
Un total de 265 migrants expulsés des Etats-unis ont atterri vendredi au Guatemala, selon les autorités locales. Selon la Maison Blanche, quatre avions transportant des migrants expulsés sont en outre partis pour le Mexique, ce que n’a pas confirmé Mexico.
Le gouvernement mexicain s’est dit prêt à coopérer pour accueillir ses citoyens expulsés. « Nous accepterons toujours l’arrivée de Mexicaines et de Mexicains sur notre territoire à bras ouverts », a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
Donald Trump a promis d’expulser au total des « millions » de personnes.
Le président républicain a aussi pris vendredi une série de mesures contre le droit à l’avortement et adressé un message de soutien aux dizaines de milliers de personnes qui ont défilé à Washington contre l’IVG.
Son administration a, dans le même temps, demandé le licenciement des fonctionnaires chargés de promouvoir la diversité et remporté une victoire avec la confirmation par le Sénat de son choix, contesté au sein même de son parti, de Pete Hegseth comme patron du Pentagone.
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