A Paris, manifestation devant la Gaîté lyrique occupée avant son évacuation ordonnée par la préfecture de police

information fournie parAFP 17/03/2025
 

Manifestation devant la Gaîté lyrique, occupée depuis trois mois par des jeunes migrants, dont la préfecture de police a ordonné l’évacuation, le 17 mars 2025 à Paris ( AFP / Thibaud MORITZ )

« La honte à ce pouvoir qui fait la guerre aux mineurs isolés! »: quelques dizaines de personnes, dont plusieurs élus de gauche, ont manifesté lundi soir devant la Gaîté lyrique, lieu culturel parisien occupé depuis trois mois par des centaines de jeunes migrants, que la préfecture de police a ordonné d’évacuer d’ici ce mardi.

« On ne partira pas! », chante au mégaphone l’un des membres du collectif qui a appelé à manifester, devant le théâtre flanqué d’un drap noir sur lequel est écrit « Gaité lyrique occupée, 400 vies en danger, 80 emplois menacés », a constaté une journaliste de l’AFP.

« La honte! La honte à ce pouvoir qui fait la guerre aux mineurs isolés! », répondent en écho d’autres jeunes et plusieurs dizaines de personnes rassemblées en début de soirée devant la salle de spectacle municipale.

Parmi ces soutiens, des membres des formations Révolution permanente, du NPA, Sud Solidaires, Snes-FSU.

« Ce qui m’inquiète à titre personnel c’est que, dans le contexte de cabale sur les médias d’extrême droite, il y ait une dispersion anarchique et des ratonnades et que des groupes de gamins se fassent agressés », craint Simon, membre de la CGT du centre d’action sociale de la ville de Paris, qui préfère taire son patronyme.

Quelques élus de gauche étaient également présents: les députés Pouria Amirshahi et Danielle Simonet, l’adjoint à la maire David Belliard, la sénatrice Anne Souyris…

 

Manifestation devant la Gaîté lyrique, occupée depuis trois mois par des jeunes migrants, dont la préfecture de police a ordonné l'évacuation, le 17 mars 2025 à Paris ( AFP / Thibaud MORITZ )

Manifestation devant la Gaîté lyrique, occupée depuis trois mois par des jeunes migrants, dont la préfecture de police a ordonné l’évacuation, le 17 mars 2025 à Paris ( AFP / Thibaud MORITZ )

 

Le préfet de police Laurent Nuñez a pris un arrêté ordonnant l’évacuation des lieux « avant mardi », ajoutant qu’il serait « procédé à l’évacuation des occupants par les services de police » s’ils décidaient de rester dans l’enceinte du lieu culturel municipal.

« Pour ceux qui le souhaitent, il y aura des hébergements qui seront proposés, comme nous le faisons à chaque fois, et leur situation administrative sera évidemment examinée », a précisé le préfet sur France 5 durant l’émission C’ à vous lundi soir.

– « Aller jusqu’au bout » –

Selon des mineurs interrogés par l’AFP, plusieurs d’entre eux ont déjà quitté les lieux, « ceux qui ont un peu de parents ou des connaissances », a expliqué, « moral à terre », Mohamed Sangare, l’un des occupants, originaire de Côte d’Ivoire, depuis huit mois sur le territoire français et toujours en attente de « nouvelles de son dossier ».

 

Manifestation devant la Gaîté lyrique, occupée depuis trois mois par des jeunes migrants, dont la préfecture de police a ordonné l'évacuation, le 17 mars 2025 à Paris ( AFP / Thibaud MORITZ )

Manifestation devant la Gaîté lyrique, occupée depuis trois mois par des jeunes migrants, dont la préfecture de police a ordonné l’évacuation, le 17 mars 2025 à Paris ( AFP / Thibaud MORITZ )

 

« La rue, c’est très difficile », témoigne-t-il. A la Gaité, « on se sent mieux, on est au moins abrité du froid ».

Cheikh Koné a lui empaqueté des affaires dans une valise. « On vit au jour le jour », dit-il, prêt à « aller jusqu’au bout » mais sans toutefois vouloir aller au « bras de fer avec des policiers ».

Le 10 décembre, environ 200 migrants, rassemblés dans le « Collectif des jeunes du parc de Belleville », avaient investi les locaux du lieu culturel situé dans le 3e arrondissement de Paris, demandant à être hébergés et que leur minorité soit reconnue.

L’établissement avait dû annoncer mi-décembre sa fermeture au public jusqu’à nouvel ordre. Les salariés de la salle avaient ensuite exercé leur droit de retrait.

Dans un communiqué, le collectif fait valoir que « l’Etat ne propose que des places temporaires et en régions ». « La solution n’est pas de nous déplacer ailleurs », poursuit-il. « Nous serons près de 500 jeunes à être remis à la rue cette nuit. La honte! »

Dans cette affaire, le collectif estime que la mairie « est complice » de cette « expulsion sans solution » de la part, selon ses termes, d’un « Etat raciste ».

 

Des jeunes migrants occupent les locaux de la Gaîté lyrique à Paris, le 11 décembre 2024 ( AFP / Gregoire CAMPIONE )

Des jeunes migrants occupent les locaux de la Gaîté lyrique à Paris, le 11 décembre 2024 ( AFP / Gregoire CAMPIONE )

 

Pour la mairie, il s’agit d' »une décision unilatérale de l’Etat ». « L’hébergement d’urgence relève des compétences et des moyens de l’Etat et nous demandons des solutions dignes et pérennes pour tous les jeunes de la Gaîté lyrique et pour ceux qui sont dans les lieux municipaux ou dans les rues de Paris », a poursuivi Léa Filoche, adjointe à la maire de Paris, en charge notamment de l’hébergement d’urgence, interrogée par l’AFP.

« Qu’il n’y ait pas de méprise, nous ne sommes pas, en tant que propriétaires, dans l’idée de récupérer ce lieu. On prend acte de l’arrêté de la préfecture de police et on souhaite que l’Etat leur propose des places d’hébergement », a insisté le premier adjoint Patrick Bloche, interrogé par l’AFP.

Peu avant 22H00, près d’une centaine de personnes restaient mobilisées devant le théâtre malgré le froid piquant, dans une ambiance festive, au son d’une petite fanfare improvisée, lançant slogans antifascistes et mots de soutien aux jeunes occupants, a constaté la journaliste de l’AFP. Quelques personnes munies de sacs remplis d’affaires restaient près de l’entrée.

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