
L’armée israélienne a mené de nouvelles frappes sur la bande de Gaza, les plus intenses depuis le début de la trêve avec le Hamas en janvier dernier.
• L’armée israélienne a lancé la troisième étape de son « plan de l’enfer » dans la bande de Gaza.
• Le chef du gouvernement de Gaza et d’autres dirigeants du Hamas ont été tués mais les frappes ont fait aussi des centaines de victimes civiles.
• Israël a émis un ordre d’évacuation, tandis que les familles des otages critiquent la stratégie de Netanyahu.
INTERNATIONAL – Les bombes pleuvent à nouveau sur Gaza. Dans la nuit, l’armée israélienne a mené avec l’aval des États-Unis de nouvelles frappes sur Gaza, les plus intenses depuis le début de la trêve en janvier. Au petit matin ce mardi 18 mars, le ministère de la Santé du Hamas fait état d’un lourd bilan : « plus de 413 morts, en majorité des enfants et des femmes palestiniens ». Des centaines de blessés sont également à déplorer, « dont plusieurs dizaines dans un état critique ».
Israël avait commencé à mettre son plan en exécution le 2 mars, en suspendant les livraisons d’aide humanitaire. Une semaine plus tard, il passait à la seconde phase en coupant la dernière ligne électrique reliant Gaza à Israël, exacerbant ainsi la crise humanitaire déjà catastrophique depuis plusieurs mois.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait averti que, si le Hamas ne cédait pas, l’ultime étape de ce plan serait un retour à la guerre totale. Les frappes de ce mardi marquent cette dangereuse escalade, rendant de plus en plus improbable la réalisation de la deuxième phase de la trêve négociée en janvier. Voici ce que l’on sait de la situation à Gaza à ce jour.
• Des centaines de blessés arrivent dans les hôpitaux
Après les frappes de cette nuit, un premier bilan fait état d’au moins 413 morts, mais « un certain nombre de victimes sont encore sous les décombres et des efforts sont en cours pour les récupérer », a précisé le ministère de la Santé du Hamas. Des images diffusées par l’AFP montrent plusieurs personnes blessées transportées dans la précipitation sur des brancards à l’hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

Le directeur général des hôpitaux de Gaza, Mohamed Zaqout, a déclaré que « des centaines de blessés souffrant de graves lésions, notamment de fractures, de brûlures et de traumatismes crâniens nécessitant une intervention chirurgicale urgente » arrivent dans les hôpitaux ce mardi, rapporte la chaîne qatarie Al-Jazira.
Cependant Israël « a détruit plus de 22 hôpitaux, et moins de sept hôpitaux fonctionnent partiellement actuellement », a-t-il rappelé. Un médecin de l’hôpital Al-Shifa a également déclaré sur X : « nos hôpitaux ne sont pas en mesure d’accueillir le nombre croissant de blessés, car les salles d’opération sont complètement pleines et les blessés meurent sans trouver de lit pour être soignés », rapporte CNN.
• Le chef du gouvernement à Gaza a été tué
Lors de son opération, l’armée israélienne a indiqué avoir visé « des commandants militaires de grade intermédiaire, des membres de la direction du Hamas ainsi que des infrastructures terroristes ».
Ce mardi matin, le Hamas a annoncé que son chef de gouvernement dans la bande de Gaza, Essam al-Dalis, a été tué lors de ces frappes. Trois autres dirigeants du gouvernement de Gaza ont été tués, notamment le chef du ministère de l’Intérieur, le général Mahmoud Abou Watfa, et le directeur général des services de sécurité intérieure, le général Bahjat Abou Sultan, a indiqué le Hamas.
• Israël émet un nouvel ordre d’évacuation à Gaza
L’armée israélienne a ordonné ce mardi matin à la population de Gaza d’évacuer les zones frontalières. Dans un message posté sur X, Avichay Adraee, le porte-parole arabe des Forces de défense israéliennes, a posté une carte des zones concernées. « L’armée israélienne a lancé une offensive massive contre les organisations terroristes. Ces zones désignées sont considérées comme des zones de combat dangereuses ! », a-t-il indiqué.
« Pour votre propre sécurité, vous devez évacuer immédiatement vers les abris connus de l’ouest de la ville de Gaza et dans ceux de Khan Younès », a ajouté Avichay Adraee. Ce message confirme que les frappes de cette nuit ne sont pas une opération isolée, et qu’Israël a bien l’intention d’exécuter la troisième étape de son « Plan Enfer » dans la bande de Gaza.
Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a de son côté avertit que les combats ne cesseraient pas « tant que tous les otages ne seront pas rentrés chez eux ». Sur les 251 personnes enlevées lors de l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023, 58 sont encore retenus à Gaza, dont 34 ont été déclarés morts par l’armée israélienne.
• Les familles des otages dénoncent le plan israélien
Après les frappes meurtrières menées par l’armée israélienne cette nuit, le Forum des familles, la plus grande association de proches d’otages en Israël, a réclamé ce matin une réunion avec Benjamin Netanyahu. « L’affirmation selon laquelle la guerre est reprise pour la libération des otages est une tromperie totale – la pression militaire met en danger les otages et les soldats », dénonce l’association dans un communiqué.
« Nous sommes choqués, en colère et terrifiés par le démantèlement délibéré du processus de retour de nos proches de la terrible captivité du Hamas », ajoutent-ils, appelant à une application stricte de la trêve précédemment négociée.
• Le second volet de la trêve en péril
Ces frappes portent un coup majeur à la trêve en place depuis le 19 janvier, au moment même où les négociations indirectes menées par les médiateurs internationaux patinaient grandement.
Le second volet de la trêve, qui prévoyait un cessez-le-feu permanent, le retrait israélien de Gaza, la réouverture des points de passage pour l’aide et la libération des derniers otages, devait en théorie entrer en vigueur début mars.
Israël plaide au contraire pour une extension de la première phase jusqu’à la mi-avril, conditionnée par la « démilitarisation totale » du territoire et le départ du Hamas avant de passer à la deuxième phase. Des exigences inacceptables pour le Hamas, qui a néanmoins assuré ce mardi matin « travailler avec les médiateurs internationaux » afin de « freiner l’agression israélienne ».
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