
Le président des États-Unis, qui organise un meeting ce mardi dans le Michigan au 99e jour de son mandat, estime avoir été réélu sur la question de l’inflation.
ÉTATS-UNIS – Debout devant une table remplie de produits alimentaires sur son terrain de golf du New Jersey l’été dernier, Donald Trump dénonçait de la « montée en flèche » des prix des denrées alimentaires et promettait d’y remédier si les Américains le reconduisaient à la Maison-Blanche : « Quand je gagnerai, je ferai immédiatement baisser les prix, dès le premier jour. » Mais 100 jours plus tard, les prix des produits alimentaires n’ont pas baissé. Pas même un tout petit peu.
[Note : Cet article est une traduction réalisée par la rédaction du HuffPost à partir d’un article paru le 26 avril 2025 sur le HuffPost américain. L’article original est à lire ici. Il a été traduit, raccourci et édité dans un souci de compréhension pour un lectorat francophone.]
Au cours de ses 100 jours au pouvoir (qu’il va célébrer ce mardi 29 avril lors d’un meeting dans le Michigan), Donald Trump a accompli beaucoup de choses. Il a bouleversé la vie de centaines de milliers de fonctionnaires fédéraux, condamné unilatéralement des centaines (voire des milliers) de migrants à la prison à vie au Salvador, changé de camp dans la guerre en Ukraine en soutenant l’agresseur, fait perdre des milliards de dollars aux Américains sur leur épargne retraite… tout en les engageant dans une récession provoquée par la guerre commerciale. Il n’a cependant pas réussi à réduire la facture alimentaire des Américains.
Si l’inflation globale a légèrement baissé depuis son retour à la Maison Blanche, ce n’est pas le cas de l’inflation alimentaire qui atteint désormais son plus haut niveau depuis près de deux ans. « Après seulement 100 jours, la réalité est radicalement différente [des promesses], et les électeurs le constatent », souligne le sondeur et consultant démocrate Matt McDermott.
Quand Trump ment sur le prix des œufs
Sarah Longwell, consultante républicaine qui mène depuis des années des groupes de discussion auprès des partisans trumpistes, fait le même constat auprès des soutiens du président. « Une part significative des électeurs de Trump ont voté pour lui précisément parce qu’il avait promis de faire baisser les prix des produits alimentaires, souligne-t-elle. Nombre de ces électeurs expriment aujourd’hui leur frustration face à son inaction pour réduire les coûts. »
La réponse de Donald Trump à cet échec a été l’une de ses préférées : il a tout simplement menti. « Le prix des denrées alimentaires a baissé », a-t-il déclaré lors d’une séance photo dans le Bureau ovale, avant de s’attarder sur les œufs en particulier. « Le prix des œufs a baissé de 93 à 94 % depuis notre arrivée au pouvoir. » Ce qui est faux. Les œufs ont commencé à devenir plus chers sous le mandat de Joe Biden, et plus encore après l’arrivée de Trump au pouvoir en raison d’une épidémie de grippe aviaire.
Le mois suivant, après avoir repris ses fonctions, le président signe un décret sur l’inflation qui demandait à ses agences « de permettre une baisse d’urgence des prix » au profit des Américains. On ne sait pas exactement ce qui a résulté de cette directive (si tant est qu’elle ait eu un effet) car les prix des produits alimentaires et d’autres biens ont continué à augmenter à peu près au même rythme qu’au cours de la dernière année du mandat de Joe Biden.
Sa guerre commerciale et l’inévitable inflation
Et c’était avant que le président républicain ne lance sa guerre commerciale contre le reste de la planète. Si sa position la plus récente (après plusieurs revirements) semble s’éloigner des droits de douane élevés qu’il a imposés aux produits chinois, les dégâts pour l’économie ont déjà commencé et ne peuvent être évités. La situation perturbe déjà les chaînes d’approvisionnement et risque de créer des pénuries et d’entraîner une hausse des prix des importations dans les prochains mois. Alors que les États-Unis importent pour 263 milliards de dollars de produits alimentaires, cela accentuera encore la facture alimentaire des Américains. « Trump a fait campagne en luttant contre l’inflation. Au lieu de cela, il l’alimente », commente Matt McDermott.
De récents sondages montrent que sa cote de popularité sur l’économie a bien chuté. Les Américains désapprouvent sa gestion de l’inflation et considèrent que sa politique leur fait plus de mal qu’elle ne les aide. « Sa première promesse était de mettre fin immédiatement à la crise dévastatrice de l’inflation. Au lieu de cela, il augmente les prix avec des droits de douane qui constituent désormais la plus forte hausse d’impôts pour la classe moyenne depuis des décennies », fustige Andrew Bates, ancien conseiller de Joe Biden à la Maison Blanche.
Que Donald Trump n’ait pas pu réellement faire baisser les prix n’est pas surprenant. Une déflation massive est très rare, sauf crise économique catastrophique. En réalité, c’est l’effort concerté des gouvernements américains pendant la pandémie de Covid-19 pour éviter une telle catastrophe économique qui a été à l’origine des augmentations de prix de 2022 et 2023. Les administrations Trump et Biden ont octroyé aux Américains près de 6 milliards de dollars en chèques de relance, subventions salariales et autres aides (dont les deux tiers sous le premier mandat de Trump) pour maintenir la consommation.
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