La honte en gare SNCF : des publicités pour un livre climatosceptique partout en France

Mis à jour : 02/04/2025 – Thomas Wagner
©Crédit Photographie : Bon Pote

Imaginez une publicité pour un vol low cost pour aller à Marrakech en pleine gare SNCF... ce serait illogique, irresponsable en pleine urgence climatique ?

Maintenant imaginez qu’il y ait des publicités pour un livre climatosceptique de François Gervais, climatosceptique notoire qui ment sur l’origine anthropique du changement climatique. Impossible ?

Et bien non, c’est bien réel. Grâce à un effort collectif d’irresponsables, c’est en ce moment même partout en France.

Publicité en gare d'un livre climatosceptique de François Gervais
Publicité en gare d’un livre climatosceptique de François Gervais

 

Premier responsable : Médiatransports

Médiatransports est la 1ère régie française des transports en commun et appartient à Publicis. Il est dit sur leur site qu’ils ont une couverture massive du territoire et nous pouvons confirmer que c’est vrai. En effet, Bon pote a reçu des photos d’une bonne vingtaine de gares en France : Nantes, Montpellier, plusieurs gares parisiennes dont la gare Saint-Lazare, gare de Lyon, gare Montparnasse etc.

Ce sont donc des millions de Français potentiellement désinformés chaque jour sur ce qui devrait être une évidence et n’est plus discuté par les climatologues. Le réchauffement climatique est anthropique, c’est sans équivoque, et aucun organisme ou scientifique spécialiste du climat ne prétend le contraire. Les conséquences sont déjà graves et le deviendront de plus en plus si nous n’agissons pas.

Cela fait consensus parmi les scientifiques dont ne fait pas partie François Gervais. Cet imposteur adore se présenter comme “‘expert reviewer” du GIEC, ce qui n’a absolument aucune valeur. Il ne rédige pas une ligne des rapports du GIEC (pour bien comprendre le fonctionnement du GIEC, prenez 5 min et lisez cet article).

 

“Mediatransports, une régie engagée”

Lorsque vous vous rendez sur le site de Mediatransports, il y a tout une page réservée à leurs engagements RSE :

Acteur pro actif de la nécessaire transition écologique du secteur, MEDIATRANSPORTS a déposé en décembre 2022 et de manière volontaire un Contrat Climat. Réaffirmant ses engagements en faveur de pratiques plus responsables, le Groupe s’engage également à contribuer à la sensibilisation de ses parties prenantes et ce sur l’ensemble de la chaîne de valeur de ses activités.

Le fameux contrat climat et ses “pratiques plus responsables”, en publiant en gare des affiches pour un livre climatosceptique. En 2025. Ils mettent même à disposition un simulateur pour “mesurer l’empreinte carbone d’une campagne en communication extérieure”. Le problème principal ici n’est pas l’empreinte carbone de cette publicité en particulier (qui est un problème), mais bien les conséquences de cette publicité, qui mènent à l’inaction climatique. S’il n’y a pas de problème, ou si ce n’est pas si grave, pourquoi agir ?

 

Deuxième responsable : la SNCF

Le groupe MEDIATRANSPORTS rassemble METROBUS ILE-DE-FRANCE pour le réseau RATP, MEDIAGARES pour les gares SNCF, METROBUS pour les autres réseaux de transports en commun et SMPA, filiale technique (Société Métropolitaine de Publicité et d’Affichage).

C’est en effet les collaborations avec la RATP et la SNCF qui permettent d’afficher des publicités climatosceptiques. Nous apprenons sur leur site que MEDIAGARE poursuivra l’exploitation exclusive de la publicité dans toutes les gares SNCF pour les 10 prochaines années, à compter du 1er janvier 2022.

Une faute ici de la SNCF qui affiche partout son engagement dans la lutte contre le changement climatique. Comment est-il possible d’avoir des publicités climatosceptiques en gare, ou encore des publicités pour des vols low cost ? Pourquoi ne pas signer des clauses et s’assurer que cela ne puisse pas désinformer massivement les Françaises et Français ?

Rejoignez les 40000 abonné(e)s à notre newsletter

Chaque semaine, nous filtrons le superflu pour vous offrir l’essentiel, fiable et sourcé

 

Troisième responsable : le gouvernement Macron

Si faire la promotion d’un livre climatosceptique est encore possible en France en 2025, c’est uniquement parce que le gouvernement le permet.

De nombreuses occasions de bannir la publicité nocive à l’environnement et pour la santé des Françaises et Français ont été manquées. Celle de la Convention Citoyenne pour le Climat est probablement la plus symbolique, Emmanuel Macron avait alors promis de mettre en œuvre les propositions “sans filtre”.

Plus récemment, un rapport finalement non publié par le gouvernement et révélé par le média l’Informé où l’on apprend que les inspections des finances, de la culture et du développement durable préconisent des mesures radicales pour rendre la publicité plus durable.

Le rôle nocif joué par la publicité ne fait aucun doute et c’est un choix politique de ne pas interdire des publicités climatosceptiques en 2025. La ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runnacher a été interpellée par des milliers de réactions sur tous les réseaux sociaux à la suite de cette publicité en gare SNCF. Elle et son équipe sont parfaitement au courant et ont fait le choix de fermer les yeux.

 

“La censure des wokes, menant à la dictature de la pensée”

Il suffit de publier un message appelant à réguler la publicité pour qu’il y ait systématiquement des personnes criant à la censure, à la dictature de la pensée. Ce sont sûrement les mêmes personnes qui auraient hurlé en 1991 lorsque la loi Evin est entrée en vigueur. Cette loi s’est attachée à protéger les non-fumeurs en interdisant de fumer dans des lieux publics, de faire de la publicité et a permis d’importantes augmentations du prix du tabac.

En 2025, il est temps de faire la même chose concernant le changement climatique. Si nous souhaitons atteindre un jour la neutralité carbone et respecter nos engagements climatiques (inscrits dans la loi), il va falloir un bouleversement dans la publicité. Des indications claires comme les émissions de CO2 d’un vol en avion ou de l’achat d’un SUV, et bien sûr des interdictions pures et simples.

Que les éditions de l’Artilleur publient des livres climatosceptiques, c’est leur choix. C’est de la désinformation climatique qui in fine provoque des morts par l’inaction, mais c’est encore légal. Ce qui ne devrait pas l’être, c’est de pouvoir en faire la publicité et de désinformer des millions de Français.

Se pose à nouveau la question du financement. Peu d’acteurs ont les moyens de se payer une telle campagne de pub. L’origine restera inconnue, la SNCF et Mediatransports n’ayant pas répondu à nos sollicitations.

Ce champ est nécessaire.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*