Sarkozy, la gauche, est aux abonnés absents…

Condamnation de Sarkozy, la gauche, y compris parmi la plus vitupérante (1), est aux abonnés absents…
Au risque d’élargir le boulevard politique, déjà bien large, bénéficiant au néofascisme politique et médiatique qui instrumentalise l’affaire, avec, évidemment, le plein consentement d’un Nicolas Sarkozy dont les accointances avec les extrêmes droites ne datent pas d’hier.
Ce qu’en pense Eva Joly.
 » Mediapart : La gauche s’est en partie murée dans le silence après la condamnation. Qu’en avez-vous pensé ?
Eva Joly : Cette réaction est ahurissante. Elle me rappelle le Parti démocrate aux États-Unis. On a un précédent qui inverse les valeurs, donne pour vrai ce qui est faux, et pour faux ce qui est vrai, et la gauche a peur dans un coin…
Je pense qu’elle sentait que la vague de soutien instantanée à la sortie de l’audience était forte en faveur de Nicolas Sarkozy. Ils ne sont pas très nombreux ceux qui, à gauche, ont eu accès au jugement, qui l’ont lu et compris. Il y a une grande ignorance dans les partis.
M : Sur le plan des principes, la gauche produit en effet très peu d’idées ces derniers temps, au sujet de la prévention de la corruption…
EJ : Absolument, et ce n’est pas propre à la France. Il n’y a plus de volonté politique de combattre la corruption. Cette volonté a disparu, elle est même combattue aux États-Unis, qui étaient historiquement moteurs dans cette lutte depuis 1977. Trump a donné des instructions à la ministre de la justice pour qu’elle empêche les procureurs d’enquêter sur la corruption des multinationales. J’observe exactement la même tendance en Europe.
M : L’argument d’une partie de la gauche de ne pas vouloir donner l’impression d’une vengeance politique est-il recevable ?
EJ : Non. Son rôle est de rappeler le rôle fondamental de la justice comme régulateur, et en tant que seule force qui peut faire tenir l’exécutif à l’intérieur des limites autorisées. Elle doit dire que nous ne souhaitons pas suivre l’exemple états-unien. Il faut vraiment que la gauche prenne position ici, comme on souhaiterait que le Parti démocrate le fasse aux États-Unis.
Je ne suis pas très optimiste, mais en France nous avons l’avantage de la constitution de parties civiles, comme en Espagne et en Italie. On peut obliger l’autorité de poursuite à engager une enquête. C’est malgré tout un outil puissant qui permet, de temps en temps, de sortir des dossiers.
(1) Du côté de LFI, à ma connaissance et à ce jour, Eric Coquerel fait figure d’exception, sans cependant trop s’étendre sur le sujet (https://www.facebook.com/watch/?v=1148221403917180).
Si on prend le cas de Jean-Luc Mélenchon, sauf erreur de ma part, c’est silence radio. Bienvenu.e.s si vous avez trace d’une rupture de ce silence ! En regardant en arrière, on constate cependant que, concernant les démêlés judiciaires de Nicolas Sarkozy et les condamnations qui en résultent, c’est un Mélenchon qui prenait la parole, en mars 2021, dans l’affaire des écoutes, pour, sans se pencher sérieusement sur le respect ou pas du droit par le tribunal concerné, se retrancher, à l’emporte-pièce, derrière la notion de « lawfare (l’instrumentalisation politique de la justice…par la justice elle-même !) » jetant insidieusement la suspicion sur la décision concernant Nicolas Sarkozy. Et permettant par là aux droites et aux extrême-droites de faire ce qu’elles font aujourd’hui en mettant en cause une justice qui serait « politisée ». Tellement politisée qu’elle peut avoir la main dure (trois ans de prison dont un ferme, avec port d’un bracelet électronique, pour corruption et trafic d’influence) contre un des personnages parmi … les plus puissants, se prévalant d’être intouchable, de la droite extrême ? Quelques mois plus tard, devenu candidat LFI à la présidentielle, le voilà qui, sur la même affaire, met de l’eau dans son vin et se montre emberlificoté dans une surprenante retenue. De « lawfare », il n’est plus question ! (https://video.lefigaro.fr/…/melenchon-veut-attendre…).
Nous verrons bien ce que nous réserve le chef insoumis s’il daigne sortir du silence sur la toute fraîche condamnation de Nicolas Sarkozy. Tout en nous demandant si la situation judiciaire concernant en particulier Sophia Chikirou sur les comptes de campagne de 2022 de Mélenchon, qui lui valent d’être mise en examen pour « escroquerie aggravée » et « abus de biens sociaux », n’explique pas bien des atermoiements de LFI face à la justice, même quand elle met à mal ses rivaux politiques de droite ou d’extrême-droite, ce qui illustrerait les propos cinglants, d’Eva Joly : « Il n’y a plus de volonté politique de combattre la corruption ». Y compris à gauche, même très à gauche, donc. Ce qui n’est pas réjouissant du tout, voire est catastrophique si n’apparaît pas rapidement une réaction, sur ce sujet comme sur d’autres d’ailleurs, ce que souhaite Eva Joly.

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