La manifestante blessée à Nice, Geneviève Legay, a été poussée par un policier

FILE - In this Saturday, March 23, 2019 file picture, anti-globalization activist Genevieve Legay, 73, lies unconscious after collapsing on the ground during a protest in Nice, southeastern France, as part of the 19th round of the yellow vests movement. Genevieve Legay was waving a rainbow flag marked "Peace" and a yellow vest when riot police carrying shields suddenly pushed toward the group of a few dozen protesters Saturday. (AP Photo/Claude Paris, File)

LR: Nous disions bien que c’étaient des menteurs et l’on peut ajouter que les policiers pris en photos autour de Geneviève Legay gravement blessée  à terre sont des misérables pour accepter ce « travail » déshonorant contre une mauvaise paye… Il s’est passé exactement la même scène à Marseille, un vieux monsieur jeté à terre au cours d’une charge inutile, après la dispersion et qui a du être secouru par les marins pompiers, entouré d’une garde grotesque par ses violenteurs assez hypocrites pour oser singer un cordon de protection, sous les applaudissements ironiques des passants.

« C’est bien le geste d’un policier qui est à l’origine de la chute de Mme Legay », a reconnu vendredi Jean-Michel Prêtre lors d’une conférence de presse, revenant ainsi sur ses premières déclarations.

le monde.fr – Par Sofia Fischer

Geneviève Legay après sa chute, le samedi 23 mars à Nice. CLAUDE PARIS / AP

Le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre, a reconnu, vendredi 29 mars, l’implication d’un fonctionnaire de police dans la chute de Geneviève Legay, une manifestante de 73 ans grièvement blessée à la tête à la suite d’une charge policière lors d’une manifestation interdite à Nice, le samedi 23 mars. « C’est bien le geste d’un policier qui est à l’origine de la chute de Mme Legay », a-t-il affirmé dans une volte-face surprenante, lors d’une conférence de presse tenue vendredi soir.« Acculé, le procureur de la République admet finalement que c’est bien un policier qui a provoqué la chute de #GenevieveLegay », a salué l’association altermondialiste Attac, pour laquelle Geneviève est porte-parole, sur Twitter.

Une version totalement différente

Le magistrat avait initialement assuré que cette militante, qui souffre de fractures au crâne et aux côtes et qui était toujours hospitalisée au CHU de Nice vendredi, « n’avait eu aucun contact avec les forces de sécurité »« On ne voit pas qui la pousse. Si ce n’est que ce n’est pas un agent de sécurité, qui sont [sic] reconnaissables. C’est quelqu’un qui était devant elle, j’en connais trois », avait-il répété lundi. Il avait aussi laissé planer le doute sur l’identité de la personne qui aurait pu la pousser, citant notamment « un cameraman » et « un homme avec une casquette marron ».

Lire aussi  Chute de Geneviève Legay : ce que dit le procureur, ce que montrent les images

Le même jour, Emmanuel Macron avait également affirmé : « Cette dame n’a pas été en contact avec les forces de l’ordre », dans un entretien au quotidien Nice-Matin« Quand on est fragile, qu’on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits et on ne se met pas dans des situations comme celle-ci », avait commenté le chef de l’Etat.

Mais plusieurs médias, dont Le Monde, le service CheckNews de Libération, l’Agence France-Presse et Arrêt sur Images avaient analysé les images à leur disposition et avaient conclu qu’un policier était sorti du cordon au début de la charge et avait volontairement poussé Mme Legay, entraînant sa chute puis ses blessures. Contacté par le Monde jeudi dans la journée, Jean-Michel Prêtre avait affirmé « qu’il restait sur sa position de lundi » et avait assuré que la justice détenait « des images de très près qui ne laissent aucun doute ».

Interpellé sur les interrogations qu’avaient émises plusieurs médias sur cette version des faits lors du même entretien, il avait rétorqué « qu’il répondait à la justice et non à la justice médiatique », avant de conclure que les faits étaient « indiscutables ». Il avait néanmoins précisé que ce n’était pas les images de vidéosurveillance qui provenaient de trois caméras sur la place qui permettaient aux enquêteurs de travailler, celles-ci étant « trop loin » pour être exploitables. Pourtant, lors de sa deuxième conférence de presse, vendredi, le magistrat a assuré que c’était « l’analyse fine, pixel par pixel des images de vidéosurveillance de la ville de Nice » qui avait permis de montrer qu’« un fonctionnaire de police en tenue qui ne se trouvait pas dans la ligne de cordon qui allait procéder à l’action d’évacuation est passé devant ce cordon avec le bras droit ».

Un policier « rectifie » son témoignage

Le procureur a par ailleurs expliqué aux journalistes vendredi que l’agent en question, entendu mardi par les enquêteurs, avait initialement reconnu avoir « poussé » une personne « qu’il pensait être un homme », puis avait ensuite « rectifié » son témoignage et admis avoir repoussé du bras une femme. Une information judiciaire a été ouverte pour « violences volontaires ayant entraîné une incapacité de travail de plus de huit jours », commises par un détenteur de l’autorité publique. Il risque une peine pouvant aller jusqu’à sept ans de prison.

Figure militante locale depuis plus de quarante ans, Geneviève Legay portait un gilet jaune à la main, samedi 23 mars, quand elle a décidé de braver l’interdiction de manifester sur la place Garibaldi, dans le centre-ville de Nice. La septuagénaire, tee-shirt noir et immense drapeau arc-en-ciel barré du mot « paix », symbole des altermondialistes, était venue « pour le simple droit de manifester ».

Me Arié Alimi, l’avocat de la famille de Mme Legay, avait déclaré au Monde dès lundi qu’il « réclamait la démission du procureur de Nice » à la vue des nouvelles images. L’avocat, qui a déposé plainte contre X au nom des trois filles de la manifestante pour « violences volontaires commises en réunion par personne dépositaire de l’autorité publique, avec usage d’une arme, et sur personne vulnérable » et « subornation de témoin », a par ailleurs sollicité le dépaysement du dossier, justifié selon lui par un manque d’objectivité du parquet de Nice dans ce dossier « particulièrement sensible ». A Nice, comme dans la presse internationale ainsi que sur les groupes Facebook de « gilets jaunes », l’image de cette femme est venue raviver les polémiques autour des violences policières dénoncées depuis le début du mouvement.

La préfecture des Alpes-Maritimes a décidé vendredi, peu avant la conférence du procureur de la République, d’interdire une nouvelle fois les manifestations, mais dans un périmètre moins étendu que la semaine dernière. Une décision prise pour « préserver l’attractivité commerciale et touristique de la ville ».

Sofia Fischer

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire