« Nous sommes en train de nous habituer à l’intolérable »
- MEDIAPART
- 30 JUIL. 2019
- PAR ELBA
- BLOG : PETITS PAPIERS, GRANDES HISTOIRES..
«Nous sommes en train de nous habituer à l’intolérable. »
Oui. En effet. C’est incontestable…
Nous sommes en train de nous habituer à ce que les forces de l’ordre « chargent » des gamins sur un terrain identifié comme dangereux un soir de fête de la musique, à ce que « la violence légale » s’abatte sans discernement sur des cibles ne présentant aucun danger immédiat autre que des décibels, à coup d’insultes, d’intimidations, de gaz lacrymogène, de LBD et de grenades diverses.
Nous nous habituons au fichage dans les hôpitaux, aux amendes à 135 euros pour des « manifestations interdites« , aux plaquages ventraux de manifestants, aux tirs de LBD dans les stades, à nos gamins à genoux les mains sur la tête, voir à un ex-ministre appellant à l’utilisation de tir à balles réelles dans le cadre d’opérations de maintien de l’ordre.
Nous nous habituons aux 5 mains arrachées, aux 24 yeux explosés, aux centaines de blessés en quelques mois. Habitués aussi à ce qu’il y ai des morts, plus d’une cinquantaine en dix ans et qu’on doive se battre et quémander justice pour Steve, Zineb, Lamine, Angelo, Adama, Rémi, Zied, Bouna et tout les autres…
Naïve, j’ai longtemps cru que malgré des dynamiques sociales défavorables, la justice était pour tous… Que la légitimité était du côté de la loi faute d’être du côté des forces de l’ordre.
Avec toutes ces histoires et pour commencer à trainer mon stylo dans les tribunaux, je me suis rendue compte du contraire. La légitimité accordée par l’État est aux forces de l’ordre et aux bons petits soldats de la magistrature. Pas à la loi. Et cette idée m’est intolérable.
« Ils souhaitent le pire » geignent les députés en marche
Mais quoi de pire que la mort d’un « gamin » de 24 ans, animateur pour enfants, ne sachant pas nager et qu’on laisse pourrir dans la flotte marronnasse pendant un mois à quelques mètres de là où il est tombé? Quoi de pire que de se dire qu’il pourrait être ton fils, ton cousin, ton pote ou ton petit voisin…
Probablement le fait de se dire que rien ne va changer.
Car ce matin on continue d´ouvrir les journaux sur ces « intolérables » murs de paille ou de briques devant les permanences de députés.
J’ai la gerbe…
Eloïse BAJOU
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