Extinction Rebellion déploie une banderole et déverse du faux sang devant le ministère de l’Intérieur

Une action coup de poing devant le ministère de l’Intérieur, ce mardi. Une trentaine de militants du groupe Extinction Rebellion ont déroulé une banderole sur laquelle était écrit « moins de LBD, plus de navets ». Ils ont déversé du faux sang sur les pavés de la place Beauvau. Deux militants sont parvenus a escalader les grilles du ministère. 15 d’entre-eux ont été interpellés.

Extinction Rebellion dénonce les «violences policières» devant le ministère de l’Intérieur

Des activistes du mouvement écologiste Extinction Rebellion ont recouvert de faux sang l’entrée du ministère de l’Intérieur, avant de s’enchaîner aux grilles, ce 23 juin. Dénonçant les violences policières, ils appelaient aussi à assurer la sécurité alimentaire.


liberation.fr

Extinction Rebellion s’enchaîne Place Beauvau

Par Nelly Didelot — 
Des militants de l'organisation Extinction Rebellion se sont enchaînés aux grilles du ministère de l'Intérieur, ce mardi à Paris.
Des militants de l’organisation Extinction Rebellion se sont enchaînés aux grilles du ministère de l’Intérieur, ce mardi à Paris. Photo Alain Jocard. AFP

Les militants écologistes se sont enchaînés aux grilles du ministère de l’Intérieur ce mardi pour réclamer un changement radical de politique, qui se focaliserait sur la sécurité alimentaire.

Sur la place Beauvau, ils sont une dizaine attachés par le cou, et par un cadenas de vélo, aux chaînes et à la grille qui barrent l’entrée du ministère de l’Intérieur. A cinq mètres du sol, deux militants sont perchés aux barreaux pour déployer une bannière rouge vif. «Moins de LBD [lanceurs de balle de défense, ndlr], plus de navets», proclame-t-elle. Ce mardi après-midi, le groupe écologiste Extinction Rebellion (XR) a tenté de tracer un trait d’union entre lutte contre les violences policières et combat écologiste, et de redéfinir la notion de sécurité. «On vit dans un pays où on invoque la sécurité pour réprimer les manifestations, mais la vraie insécurité se situe ailleurs, dans le manque de résilience alimentaire, argumente Gabrielle, la vingtaine et membre du mouvement depuis l’an dernier. Le confinement nous l’a bien rappelé : Paris n’a que trois jours d’autonomie alimentaire, il suffit qu’un des maillons de la chaîne craque et tout est remis en cause.»

Dans la bouche de certains «rebelles», le mot «famine» fait même son apparition. «Le modèle d’agriculture actuel est voué à l’échec avec les sécheresses qui vont se multiplier. Le risque de pénurie alimentaire est réel, y compris en France», assure Ditsch, cheveux blonds coupés au carré, lunettes à fines montures et antivol serré autour du cou. Les militants ont choisi des cadenas gros modèles, qui résistent aux pinces coupantes pour compliquer et retarder leur évacuation. «On veut parler aux responsables, on veut qu’ils descendent et qu’ils viennent discuter avec nous en citoyens, pour qu’on explique notre vision de la sécurité», détaille Ditsch.

Repérages

Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur, n’est jamais descendu, pas plus qu’un autre représentant, et les enchaînés ont été détachés loin du regard des caméras. Après moins de dix minutes d’occupation, les journalistes et la trentaine de militants ont en effet été forcés à reculer pour laisser les scies opérer en toute discrétion.

Ce bref coup d’éclat, qui a mobilisé un important dispositif policier, avait été minutieusement préparé. Depuis une semaine, un petit groupe de «rebelles» avait mené des repérages, noté l’emplacement des patrouilles de police et minuté la distance à parcourir à pied depuis les points de rendez-vous pour synchroniser l’arrivée des militants. «C’est notre première action d’ampleur depuis le confinement, le lancement d’une semaine de mobilisation. On voulait que ce soit bien rodé», explique Franck, l’un des porte-parole du mouvement.

«Retrouver la confrontation»

Le confinement et les contraintes sanitaires qui l’ont suivi ont obligé les activistes à revoir leurs tactiques, généralement basées sur le blocage et la mobilisation d’un grand nombre de personnes. «Extinction Rebellion, c’est un mouvement de désobéissance civile de masse, rappelle Pierre (1), membre du groupe des «médiactivistes», qui filme un peu en retrait. Forcément, le contexte a limité nos possibilités d’action. D’autant que nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas respecter les recommandations sanitaires des scientifiques alors que nous fondons toutes nos actions sur ce que disent les scientifiques du climat.»

Pour continuer à exister malgré tout, XR se dirige vers des actions plus fréquentes et plus légères que l’occupation de Châtelet ou du centre commercial Italie 2, avec des équipes mobiles. «L’exécutif est dans une politique d’évitement. Depuis le gazage des militants du pont de Sully l’an dernier, les forces de l’ordre nous ménagent beaucoup, surtout par rapport aux gilets jaunes, relève Franck. Ça peut rassurer certains militants mais pour faire de la désobéissance civile, il faut qu’il y ait une opposition. C’est aussi pour cette raison qu’on lance cette campagne qui cible les pouvoirs publics, pour retrouver la confrontation.» Le face-à-face a repris ce mardi. Il devrait se poursuivre tout l’été, avec des réquisitions de terres, toujours pour réclamer la sécurité alimentaire.

(1) Le prénom a été modifié.

Nelly Didelot

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