Pour l’acte XXV des gilets jaunes, Ruffin veut réinvestir les ronds-points (et c’est pas gagné)

French journalist, filmmaker and member of parliament of the leftist La France Insoumise (LFI) party Francois Ruffin (C) meets with people on February 15, 2019, in Grenoble, ahead of the premiere of his new film "J'veux du soleil" (I Want Sun), on the "yellow vest" (gilets jaunes) protest movement. - Ruffin and co-director Gilles Perret's film on the "yellow vest" anti-government protest movement, shot on blocked roundabouts in December 2018, is released in French theatres on April 3, 2019. (Photo by JEAN-PIERRE CLATOT / AFP) (Photo credit should read JEAN-PIERRE CLATOT/AFP/Getty Images)

L’électron libre de la France insoumise appelle les contestataires à reprendre les ronds-points pour y faire des « barbecues anti-Macron. »

JEAN-PIERRE CLATOT VIA GETTY IMAGES
François Ruffin lors de la présentation en février de son film « J’veux du soleil » dont il a libéré les droits en vue de l’acte XXV des gilets jaunes.

POLITIQUE – Opération “merguez révolutionnaire”. Un an après avoir organisé la “fête à Macron”, François Ruffin veut remettre le couvert ce samedi 4 mai en appelant les gilets jaunes à reprendre les ronds-points. Le but? Faire basculer la fronde sociale dans une nouvelle séquence en revenant aux fondamentaux de la mobilisation. Ceux qui en avaient fait son succès au mois de novembre 2018.

Le député de la Somme a même libéré les droits de son film “J’veux du soleil pour permettre aux gilets jaunes qui le souhaitent de voir ce road-movie qui leur est consacré. Un ingrédient spécial pour faire fructifier des banquets se voulant le plus festif possible, mais qui ne sera peut-être pas suffisant pour réussir cette journée qui marque le deuxième anniversaire de l’élection d’Emmanuel Macron.

“Il faut installer des barbecues sur les ronds-points, il nous faut des merguez révolutionnaires (…) Ça amène du monde, ça recrée du lien, de la convivialité”, arguait ainsi François Ruffin au milieu du mois d’avril dans un de ses “bulletins” réguliers.

Mais sur les réseaux sociaux dédiés à la mobilisation, cette promesse de retour aux sources ne semble pas faire rêver les contestataires. Rares sont les occurrences à cette “reprise des ronds-points” sur les pages Facebook affiliées à la fronde, véritable agora de la mobilisation mais également médias de référence pour ces contestataires.

Ronds-points délaissés, Paris à nouveau martyrisée?

Comme tous les samedis précédents ou presque, ce sont les appels à converger dans les grandes villes qui recueillent le plus de succès. Malgré les vingt-quatre actes précédents, les gilets jaunes qui organisent les cortèges trouvent toujours de nouvelles formules, ambiguës pour certaines, ouvertement belliqueuses pour d’autres. Ainsi, l’événement parisien créé pour cette journée du 4 mai qui suscite le plus d’adhésions est baptisé “acte 25 Sédition à Paris!”

Au total, 200 personnes annoncent qu’elles participeront à ce rassemblement, alors qu’elles sont plus de 1200 à se dire intéressées par le projet. Une page qui ne précise ni le point de départ de la manifestation ni son mot d’ordre.

@GILETSJAUNES

Globalement, les appels à se rassembler dans les grandes villes supplantent largement les petites initiatives locales qui ont fait la caractéristique des gilets jaunes à leur tout début. Un événement prévu à Lyon qui veut faire converger écologie et revendications sociales baptisé “Convergence Youth for Climate et Gilets Jaunes!” attire pour sa part 2600 personnes intéressées et 300 participants.

D’autres actions sont prévues à l’aéroport de Roissy contre la privatisation d’ADP, mais également à Arras ou plus traditionnellement Bordeaux.

@GILETSJAUNES

“Une forme de régression” 

Comment expliquer ce manque de passion autour de la “merguez révolutionnaire” promise par François Ruffin? Les violences semblent désormais rebuter une partie des gilets jaunes modérés à redescendre dans la rue tandis que le soutien de la population continue de s’effriter.

S’ajoute à cela le fait que l’initiative est ouvertement encouragée par un responsable politique dont l’idéologie ne sied pas à l’ensemble d’un mouvement marqué par le rejet des élites et l’éclectisme des profils politiques qui le composent… Les ingrédients semblent réunis pour un échec; ou du moins, une mobilisation décevante. ”À la base c’est un appel qui vient de Fakir(journal engagé fondé par François Ruffin NDLR). C’est donc très mal vu parce qu’on sent un peu la récupération”, explique Stéphanie au HuffPost, une gilet jaune de Bourgogne.

Mais ces pistes ne sont pas les seules explications à ce refus de revenir aux sources du mouvement. Réinvestir les ronds-points serait, pour certains, la marque d’un retour en arrière alors que les gilets jaunes ont été peu à peu forcés de quitter les lieux. “Pour nous à ce stade ce serait une forme de régression, explique encore cette contestataire avant de trancher: “c’est contre-productif. Cela signifie qu’on repart de zéro.”

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