Urgences : les syndicats tentent d’étendre la grève

Bérangère Lepetit
11 juin 2019
Peu satisfaits des récents échanges qu’ils ont eus avec le cabinet de la ministre de la Santé, les syndicats appellent à poursuivre le mouvement. LP/Aurélie Ladet

Alors que la colère des services d’urgence s’exprime depuis trois mois, la CGT, FO et SUD veulent amplifier la mobilisation sociale dans les hôpitaux.

Des arrêts maladie en série, des débrayages et même des appels à la grève illimitée, comme au CHU de Rouen (Seine-Maritime). Tandis que la loi Santé portée par la ministre Agnès Buzyn devait être adoptée ce mardi au Sénat, le mouvement de protestation, entamé il y a plus de trois mois dans différents services d’urgence partout en France, ne faiblit pas.
Ce mardi, alors que 200 personnes – syndicalistes, infirmiers et aides-soignants ainsi que quelques Gilets jaunes – se sont rassemblé devant le ministère de la Santé à Paris (VIIe), les syndicats et le collectif Inter-urgences ont annoncé vouloir étendre la grève, peu satisfaits des échanges qu’ils ont eu dans la journée avec le directeur de cabinet adjoint de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn.

Au total, ce sont 95 services d’urgence qui étaient en grève sur tout le territoire. « L’été approche et nous avons besoin que le gouvernement débloque des moyens rapides et urgents, a martelé Christophe Prudhomme, délégué CGT et médecin urgentiste. « Tant qu’on n’aura pas ce qu’on veut, nous n’arrêterons pas ! », a martelé de son côté Candice Lafarge, porte-parole du collectif Inter-urgences après une rencontre au ministère où aucun moyen supplémentaire n’a été annoncé.

Pas de «mesures miracles», selon la ministre

De son côté, le ministère tente de calmer le jeu. « La ministre prendra la parole sur le sujet d’ici la fin de la semaine. Différents services du ministère sont mobilisés pour tenter de trouver des solutions », tempérait-on dans la soirée dans l’entourage d’Agnès Buzyn. La ministre, elle, a assuré qu’il n’y avait pas de « mesures miracles » pour l’hôpital, répondant aux grévistes qui réclament la création d’une prime de 300 à 400 € nets mais aussi la création de 10 000 postes d’infirmiers et aides-soignants dans 550 hôpitaux.

Interrogée sur BFMTV, elle a même insisté sur le fait qu’une prime ne réglerait pas tout. Mardi, elle avait notamment annoncé la création d’une mission nationale pour refonder les urgences, confiée au député Thomas Mesnier et à Pierre Carli (NDLR : patron du Samu de Paris) mais aussi un soutien financier aux établissements les plus en difficultés, notamment à destination du personnel paramédical – infirmiers et aides-soignants, très mobilisés dans le mouvement.

PODCAST. Urgences en détresse

Un discours qui peine à convaincre sur le terrain où infirmiers et aides-soignants dépeignent un personnel à bout de souffle confronté à une augmentation de la fréquentation des services et à des pathologies de plus en plus lourdes. « À Grenoble, la fréquentation augmente de 10 % chaque année et dans le même temps, les lits ferment, le personnel n’augmente pas. Cette situation nous rend tous malades », rapporte ainsi Marius Bonhoure, aide-soignant depuis 30 ans au CHU de Grenoble croisé hier devant le ministère.

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