France Insoumise des Alpes de Haute Provence Communiqué de presse

France Insoumise des Alpes de Haute Provence Communiqué de presse

du lundi 30 mars 2020 

La crise sanitaire liée à l’apparition en France du nouveau coronavirus – Covid19 – est le révélateur de la situation dramatique de l’hôpital public et de la santé en France, dénoncée pourtant depuis des années par les forces politiques, syndicales et associatives :

  • 69000 lits d’hôpital supprimés en 15 ans, des fermetures de services entiers, (4200 rien qu’en 2018) ;
  • la tarification à l’acte – TAA – qui considère le patient comme un client ;
  • une gestion mercantile des hôpitaux publics et une logique de privatisation ;
  • de plus en plus de déserts médicaux dans les zones rurales ;
  • la médecine de ville mise à mal par le départ de médecins à la retraite, non remplacés ;
  • trop peu de nouveaux médecins dans de nombreuses spécialités…

La situation dans le département

À cette heure, 11 personnes sont hospitalisées à Digne et Manosque.

Les hôpitaux disposent à ce jour de 10 à 15 jours d’autonomie sur les masques FFP2, fournis notamment par les mairies et entreprises locales ; ainsi qu’en gel hydroalcoolique, là encore grâce aux initiatives des entreprises privées du département, et non de l’ARS et donc du gouvernement.

Les personnels soignants non-hospitaliers ne sont pas ravitaillés et prennent des risques pour leur santé et celles des patients.

Certains    matériels    sont    réutilisés    après    désinfection    (lunettes    de     protection). Des équipes de Bio-nettoyage sont progressivement mises en place, car le Covid19 peut survivre plusieurs jours sur certaines surfaces.

Il est clair que le département n’est structurellement pas prêt pour faire face au pic de l’épidémie qui ne manquera pas de nous frapper :

Sisteron – Les urgences de Sisteron sont toujours fermées la nuit, alors que population et syndicats manifestaient encore le 9 mars dernier, comme tous les lundis depuis 8 mois, pour exiger sa réouverture. La maternité, elle, est fermée depuis 1996, obligeant les parturientes à accoucher à Gap, Digne ou Manosque.

Manosque – Dès sa création, le nouvel hôpital Louis Raffalli n’a jamais eu de service de réanimation. Le collectif « Une réanimation pour Manosque » se bat pour l’ouverture de ce service depuis 2009 (!). On voit bien aujourd’hui que ce service de réanimation dans un bassin de vie important est une nécessité absolue.

Forcalquier/Banon – Malgré la protestation massive, plus de 8000 pétitionnaires, et la création du Collectif contre les fusions des hôpitaux du 04 et en défense des services publics créé en mai 2019, l’hôpital de Forcalquier a été requalifié en Centre de soins de suite  et  de  rééducation ; et l’hôpital de Banon en EHPAD.

Digne-les-bains – La menace de fermeture de la maternité du centre hospitalier de Digne plane depuis des années. Aujourd’hui, Le Groupement Hospitalier Territorial (GHT) prétend que cette fermeture est envisagée afin de libérer du personnel pour le pic annoncé de l’épidémie de coronavirus. Mais nous connaissons les effets d’une fermeture « provisoire » (cf. urgences de Sisteron). La menace de la pérennisation de cette fermeture est bien réelle.

Ajoutons à cela la fermeture dernièrement du Samu 04, regroupé avec le 05, et les menaces récurrentes sur la survie des urgences.

L’ARS, trop centralisée au niveau régional, ne laisse pas de capacité d’auto-organisation aux équipes locales. Son rôle est de faire appliquer les décisions comptables et budgétaires « d’en haut », et elle ne se préoccupe guère de façon effective de la santé de habitants du territoire. L’instance départementale était même absente des premières réunions de crise  sur  le  Covid19 !

La situation au niveau national aura un impact au niveau régional :

Les capacités de soins de réanimation seront complètement saturées par l’afflux de cas graves de Covid-19 d’ici peu.

Selon un travail de modélisation mené par l’équipe rennaise REPERES (Recherche en Pharmaco-épidémiologie  et  recours  aux  soins),  tous  les  scénarios,  établis  en  fonction    de différents taux de reproduction du SARS-CoV-2 (c’est à dire le Covid19 : Syndrome Respiratoire Aigu Sévère à Coronavirus 2), pointent dans la même direction.

Les hôpitaux de Corse, de la région Grand-Est et de Île-de-France sont saturés.

Dans ces conditions, la Région SUD-PACA doit s’attendre à un afflux de malades par transferts des régions les plus touchées comme cela est déjà le cas avec la Région Aquitaine, ou le transfert de malades depuis la Corse sur le continent.

Nous savions déjà que le fort taux de mortalité en Italie était lié au manque de lits de réanimation, selon le professeur Sadek Beloucif, chef du service réa à Avicenne (déclaration faite mardi 24 mars sur LCI).

La (non) gestion de la crise au plus haut niveau :

Le président Macron a déclaré le 12 mars dernier : « La santé n’a pas de prix. Le gouvernement mobilisera tous les moyens financiers nécessaires pour porter assistance, pour prendre en charge les malades, pour sauver des vies. Quoi qu’il en coûte. »

S’il en va de même que pour ses annonces de soutien aux entreprises, qui n’ont pas été suivies d’effets jusqu’à présent, nous pouvons raisonnablement avoir des doutes sur cet « argent magique » soudainement débloqué pour l’hôpital public.

Plus encore, qui peut croire que quelques milliards débloqués en urgence vont compenser immédiatement des dizaines années de casse méthodique du système de santé français, faire apparaître tout à coup les quelques 30 000 soignants qualifiés qui nous manquent ?

La France insoumise des Alpes de Haute Provence demande :

 Dans le département :

  • L’ouverture d’un service de réanimation pour Manosque en réquisitionnant le matériel nécessaire.
  • La réouverture immédiate des urgences de Sisteron la nuit en réquisitionnant des médecins.
  • L’annulation de la fusion des hôpitaux Manosque-Forcalquier-Banon.
  • La mise à disposition immédiate de moyens de protection pour tous les personnels médicaux et paramédicaux exerçant hors de l’hôpital (infirmiers libéraux, sage-femmes, aides à domicile, …), mais aussi pour les personnes qui continuent à travailler : caissières, éboueurs, postiers, livreurs, …
  • Une politique de dépistage systématique du COvid19 pour tou·te·s.

Au niveau national :

  • La planification de la mobilisation sanitaire, qui passe notamment par la réquisition et/ou la nationalisation des chaînes de production pour assurer l’approvisionnement en masques, en gel hydroalcoolique, en appareils de ventilation pour les services de réanimation, en bouteilles d’oxygène médical…
  • La relocalisation de la production de médicaments, et dans l’immédiat de ceux susceptibles de combattre le virus.

Dans un grand plan de sauvetage du système de santé :

  • Refaire du système de santé notre bien commun, véritablement accessible, public et gratuit, notamment par les mesures suivantes :
    • Constituer un véritable service public de soins
    • En finir avec la logique perverse de « l’hôpital-entreprise » pour restaurer le service public hospitalier, auquel doivent être donnés les moyens humains et financiers de fonctionner dans des conditions de travail respectueuses des
    • Interdire les dépassements d’honoraires et réduire les paiements à l’acte.
    • Augmenter des moyens de formations de personnels soignants : la suppression du numerus clausus ne sert à rien si on ne met pas plus de moyens dans la formation pour former plus de médecins.
    • Créer un corps de médecins généralistes fonctionnaires, et repenser la logique de la libre installation des médecins libéraux.
    • Sortir de la tarification à l’activité et de la politique du
    • Recruter massivement des soignants et médecins à l’hôpital
    • Créer un pôle public du médicament chargé des activités de recherche et de production des médicaments

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