AFP, publié le mercredi 01 avril 2020
En reconnaissant que l’épidémie aux Etats-Unis pourrait entraîner jusu’à 240 000 morts, Donald Trump change de ton, devenant grave et sobre dans sa communication sur le coronavirus. En Allemagne, l’idée d’un revenu inconditionnel de base refait du chemin à la faveur de la crise.
Les journaux américains notent un changement de ton radical chez Donald Trump, à mesure que l’épidémie de Covid-19 prend de l’ampleur aux Etats-Unis.
Déjà plus de mille morts rien qu’à New-York, et cet autre chiffre désormais assumé par la Maison Blanche : le coronavirus pourrait faire jusqu’à 240 000 morts, malgré les mesures déjà mises en place, si le rythme de propagation de ces derniers jours se maintient. C’est bien ce chiffre-là qui fait la Une du Washington Post et de tous les journaux américains cette nuit.
Trump projects up to 240,000 coronavirus deaths in U.S., even with mitigation efforts https://t.co/lc8U4Pkbra
— The Washington Post (@washingtonpost) April 1, 2020
Le président américain serait-il parvenu à faire l’une des choses qui lui semblent les plus difficiles, à savoir regarder la réalité en face ?
En tous cas il est apparu inhabituellement « sobre et calme » hier face aux journalistes, note encore le Washington Post ; il n’a pas hésité à contredire très clairement plusieurs de ses propos des jours précédents, à se ranger enfin à l’avis des scientifiques, et il a été très clair sur l’importance des gestes barrières, des mesures de distanciation sociale, ce message, « restez chez vous jusqu’au 30 avril au moins » qu’il avait eu tant de mal à assumer jusque-là.
Il faut dire que l’heure est grave, aux Etats-Unis, et le New York Times documente déjà la crise sociale qui prend forme dans ce pays où l’on croit reconnaître les symptômes de la grande dépression de 1929. On nous explique par exemple que le taux de chomage habituellement à moins de 4% pourrait passer à près de 20% dans les mois qui viennent, que plus de 3 millions d’Américains ont déjà fait une demande d’aide à l’Etat après avoir perdu brusquement leur emploi ces derniers jours.
With coronavirus-related job losses, many workers are reluctantly seeking charity and unemployment benefits for the first time in their lives https://t.co/6Xv6QGhxVv
— The New York Times (@nytimes) April 1, 2020
De tout cela, Donald Trump semble donc avoir enfin pris conscience. Mais rassurez-vous il ne fait tout de même pas l’unanimité médiatique derrière lui pour autant. Deux choses luis sont reprochées : d’abord, comme le rapporte The Guardian, le fait que Trump refuse de démobiliser les marins engagés sur les navires de guerre américains, des lieux confinés, certes, mais où la distanciation sociale est tout bonnement impossible à respecter.
US sailors will die unless coronavirus-hit aircraft carrier evacuated, captain warns | Coronavirus outbreak | The Guardian https://t.co/ZSIM3LiSTI
— The Guardian (@guardian) April 1, 2020
En Allemagne la crise sanitaire est pour le moment moins meurtrière… mais elle suscite un grand débat de société.
Les Allemands interrogent les médias à travers toute l’Europe, tant ils font figure d’exception : comment font-ils pour ne pas être tous confinés et pourtant voir leur mortalité plutôt contenue (pour le moment) avec 710 morts pour 68 000 cas détectés ?
Mais tout de même, en ces temps de crise globale, certains intellectuels et artistes allemands tentent de remettre au goût du jour une grande idée, celle du revenu inconditionnel de base.
« Nous avons besoin d’un vrai débat » sur ce concept, lit-on donc dans Der TagesSpiegel, particulièrement en ces temps de coronavirus qui menace de mettre sur la paille les plus précaires, les travailleurs pauvres, les indépendants, les auto-entrepreneurs, les artistes… tous ceux qui se retrouvent sans aucun revenu et sans filet de protection sociale face au ralentissement généralisé de l’économie.
Hunderttausende fordern angesichts der #Coronakrise ein bedingungsloses #Grundeinkommen. Die Diskussion ist notwendig, kommentiert Tagesspiegel Herausgeber Stephan-Andreas Casdorff. https://t.co/DDhoXMkGXP
— Tagesspiegel (@Tagesspiegel) March 29, 2020
D’autres pourtant comme magazine Focus acceptent de s’intéresser sérieusement aux expérimentations qui existent outre-Rhin. Ils y voient une remise en question de notre rapport au travail, à l’argent, ce qui est plutôt dans l’air du temps, au moment où le monde entier se retrouve par la force des choses confiné chez lui, en famille, à essayer d’aider sa communauté tout en se rendant compte qu’il y a des moyens d’être utile en dehors de l’injonction permanente au travail.
Selon le TagesSpiegel, cette grande idée risque surtout d’aboutir en une sorte de revenu de base pour les artistes et professionnels des secteurs de la création ; une sorte d’intermittence du spectacle sur laquelle pourraient s’entendre les Verts allemands et les socio-démocrates du SPD. Tout ça est très hypothétique, mais il n’est pas exclu que l’idée fasse son chemin d’une manière ou d’une autre… et le Coronavirus n’y aura pas été pour rien.
Pas de poisson d’avril dans cette revue de presse du 1er Avril, mais des éléphants thaïlandais.
Des éléphants qui aimeraient bien, eux aussi, bénéficier d’un revenu inconditionnel de base. Car, nous alerte la BBC, ils sont des dizaines, peut-être des centaines à dépérir dans la périphéries des lieux touritiques thaïlandais, où les touristes justement se font de plus en plus rares.
Ces éléphants, forcés d’ordinaire à promener les touristes sur leurs dos, ou a effectuer pour eux des numéros, ne sont déjà pas très bien traités d’ordinaire ; la chaîne américaine CNN avait voulu, il y a quelques jours, voir le bon côté des choses, parlant d’une « libération » de ces pachydermes « mis au repos » par la force des choses et qui n’ont donc plus à souffrir pour divertir les humains.
Coronavirus: Thai elephants face starvation as tourism collapses https://t.co/DSM6kWq2tQ
— BBC News (World) (@BBCWorld) March 31, 2020
Mais la BBC, elle, nous révèle la face sombre de cette libération : des dizaines d’éléphants décharnés, abandonnés sur des parkings de Bangkok ou d’ailleurs comme de vulgaires utilitaires au rebut, enchaînés à des poteaux de bétons, sans grand-chose à manger ou à boire.
Or « quand un éléphant a faim, il déprime », nous apprend un spécialiste de l’espèce qui explique aussi qu’il ne faut pas accabler les propriétaires de ces animaux : subvenir aux besoins de leurs éléphants, ça coûte cher, et les cornacs ne gagnent plus d’argent, obligés, dans le pire des scénarios, à « choisir entre nourrir leurs éléphants et nourrir leur famille« .
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