COVID19 : Les pays confinés ont AUTANT DE MORTS que les pays non confinés

CNEWS 03/05/20

2 mois que les médias cachent la vérité, ainsi que nos politiques ! Intervenant Jean François Toussaint de l’IRMES Données Santé Publique

Covid-19 : «Il n’y a peut-être pas de deuxième vague pour ce virus»

En s’appuyant sur des études statistiques, le professeur Jean-François Toussaint émet l’hypothèse d’une disparition du Covid-19 dans les prochains mois. Il appelle à ne négliger aucun critère dans la politique de l’après 11-mai.

 Pour le professeur Jean-François Toussaint, le ciblage des malades est préférable aux mesures de confinement généralisé.
Pour le professeur Jean-François Toussaint, le ciblage des malades est préférable aux mesures de confinement généralisé. LP/Philippe Lavieille

Le 21 avril 2020

Il y a deux semaines, le professeur Jean-François Toussaint alertait dans Le Parisien sur l’urgence de maintenir une activité sportive, quitte à choquer en recommandant de poursuivre les footings en extérieur. Le chercheur, directeur de l’Institut de recherche biomédical et d’épidémiologie du sport (Irmes), compile et interprète avec son équipe les données françaises et internationales depuis le début de l’épidémie.

Celles-ci l’amènent à lancer plusieurs hypothèses détonantes, parfois à contre-courant : les mesures de ciblage des malades et de prévention seraient préférables à un confinement général, le virus pourrait être saisonnier et les données statistiques mondiales rendent, selon lui, incertaines l’émergence d’une deuxième vague épidémique. Des pistes qui se rapprochent des affirmations du professeur Raoult mais divergent totalement des conclusions de nombreux scientifiques. L’université de Harvard s’attend par exemple à ce que des périodes de confinement soient nécessaires jusqu’en 2022.

Alors que la perspective d’une immunité collective s’éloigne, les prochaines semaines diront si ce scénario plus optimiste se vérifie. Le médecin exhorte surtout les dirigeants politiques à ne pas river les yeux que sur les simulations de mortalité, sans tenir compte des dommages collatéraux en terme sanitaires, économiques et sociétaux.

Pourquoi remettez-vous en cause l’intérêt d’un confinement général ?

JEAN-FRANÇOIS TOUSSAINT. Ce qu’on voit sur les données recueillies, c’est une augmentation des cas et du nombre de décès qui suit dans la plupart des pays une dynamique tout à fait équivalente et comparable, quelle que soit la politique menée. Avec quatre à cinq semaines de croissance exponentielle du nombre de contaminés et de cas, et ensuite une phase de recul de l’épidémie. A ce moment-là, on compte un nombre de malades et de décès qui diminue progressivement.

Cette amélioration n’est-elle pas justement à mettre sur le compte du confinement ?

On est parti de l’hypothèse initiale d’un très grand nombre de décès potentiel. En Suède, les estimations prévoyaient jusqu’à 70 000 morts. Or, dans ce pays où il n’y a pas de confinement général, on en est à 1 500 morts, à des années-lumière de ce qui était prévu. La Suède a mis en place des éléments de prudence, mais chacun vaque à ses activités et l’économie, qui permet aussi de financer la médecine, n’a pas été arrêtée. On connaît l’importance de la distanciation sociale et des masques. D’autres pays comme la Corée du Sud ou l’Allemagne ont montré l’efficacité d’une politique de ciblage et de confinement adaptée aux cas diagnostiqués. Tout cela pose des questions pour ce qui se passera au déconfinement.

VIDÉO. En Suède, la vie continue malgré l’épidémie de Covid-19

Que préconisez-vous pour cette étape ?

Il n’y a plus de raison d’avoir peur. D’abord parce que le sommet de la vague est derrière nous. Dans tous les domaines, les pics sont passés entre le 3 et le 10 avril : consultations à l’hôpital, chez SOS médecin, aux urgences, etc. Tous les indicateurs conduisent à l’hypothèse d’une diminution drastique de l’épidémie.

Je comprends la prudence, mais si cette maladie laisse survivre 997 personnes touchées sur 1 000 comme les dernières études le montrent, on ne peut plus la comparer à Ebola ou au sida dans les années 1980 (NDLR : une étude menée en Rhénanie-du-Nord-Westphalie conclut à un taux de mortalité de 0,37 % chez les personnes touchées par le Covid-19, celle de l’institut Pasteur estime la mortalité à 0,5 %, alors que des études plus anciennes évoquaient une mortalité d’environ 2 %).

Une deuxième vague est-elle inévitable comme le prédisent la plupart des spécialistes ?

Quelle sera la circulation du virus mi-mai ? On ne voit actuellement cette ré-ascension dans aucun pays au monde. Il y a des cas sporadiques, des cas de retour, mais il n’y a pas de deuxième vague. On peut rester sur l’hypothèse qu’elle interviendra. L’autre, c’est qu’il n’y a peut-être pas de deuxième vague pour ce virus, comme pour le précédent en 2003. L’environnement favorable à sa propagation initiale a évolué.

A ce sujet, vous pointez dans vos études une corrélation entre la température et la propagation du virus…

Les pays relativement froids ont eu un démarrage assez faible, au contraire des zones autour des 10 degrés, par exemple la température à Madrid ou en Italie fin février. Ces 10 degrés semblent représenter un optimum thermique favorable au virus. On voit que 90 % de la mortalité se situe entre 20 degrés et 50 degrés de latitude nord. L’épidémie est arrivée en même temps en Amérique du Sud qu’en Europe, en février, et au bout de deux mois, il y a 100 fois plus de contaminations et de décès sur notre continent. En Afrique, la courbe est aussi exponentielle, mais son facteur n’a rien à voir. Il y a 1 000 décès et 20 000 contaminations sur l’ensemble du continent. Il existe une hypothèse de saisonnalité qu’il faut réinscrire dans les scénarios à venir.

Peut-on craindre que le virus connaisse une explosion au cours de l’hiver austral avant de revenir en Europe à l’automne ?

Avec les transports internationaux, la question se pose. Pour s’approcher des 10 degrés, il faut descendre très au sud de l’Amérique, dans une zone relativement peu dense. Il faudra surveiller cette zone qui pourrait servir de réservoir et permettre le retour du virus en Europe l’hiver prochain.

Malgré vos critiques sur le confinement général, est-il opportun de maintenir l’isolement des personnes à risque après le 11 mai ?

La question se pose à propos de l’isolement, qui a des effets contraires à la volonté de protection. Le deuxième effet, beaucoup plus important, concerne la décision de ne pas consulter de peur d’attraper le virus. On voit des infarctus, des AVC, qui n’ont pas bénéficié de la prise en charge nécessaire. Tous ces éléments vont ressortir petit à petit. Il faut redonner une confiance suffisante à la population pour se dire que l’orage est passé. Il faut déterminer les politiques à partir de ce qu’on observe et pas seulement du risque maximal. On ne va pas dire que l’épidémie va durer jusqu’en 2026 si elle s’arrête au cours de l’été.

Ne craignez-vous pas d’être accusé d’irresponsabilité ?

La responsabilité, c’est de trouver des réponses sanitaires, mais c’est aussi d’envisager la santé dans un cadre général, qui prend en compte l’interaction des milieux entre eux, la biodiversité, l’économie, l’écologie. Ces critères sont totalement absents des prédictions initiales et de la simulation de cette épidémie. Le monde économique se dit asphyxié, la culture dit qu’elle est en train de mourir, le monde sportif dit qu’on a brisé le rêve d’une génération en reportant les Jeux olympiques. Tous ces aspects doivent être associés et font peser des risques généraux sur la population.

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