USA: Destructions d’emplois et chômage historiques en avril

Etats-Unis : le taux de chômage s’envole à 14,7 %, un niveau historique

Alors que le chômage était au plus bas depuis cinquante ans en début d’année, la pandémie de coronavirus l’a fait bondir en avril à un niveau inconnu depuis que la série statistique existe aux Etats-Unis, selon les chiffres de l’administration américaine publiés ce vendredi. Plus de 20 millions d’emplois ont été détruits le mois dernier.

« L’emploi a fortement diminué dans tous les grands secteurs industriels, avec des pertes d’emplois particulièrement lourdes dans les secteurs des loisirs et de l’hôtellerie », indique le Bureau of Labor Statistics. (AFP)

Par Véronique Le Billon
lesechos.fr – Publié le 8 mai 2020

Un changement à 180 degrés. Le chômage était au plus bas depuis cinquante ans en début d’année (à 3,5 % de la population active), la pandémie de coronavirus l’a fait bondir à un plus haut historique. Le taux de chômage s’est envolé à 14,7 % de la population active en avril, pour toucher plus de 23 millions de personnes, selon les chiffres publiés vendredi par le Bureau of Labor Statistics (BLS). « C’est le taux le plus élevé et la plus forte hausse sur un mois dans l’histoire de la série » statistique, a-t-il indiqué. « C’était tout à fait attendu. Il n’y a pas de surprise », a toutefois commenté Donald Trump vendredi matin, invité de l’émission télévisée Fox & Friends.

« L’emploi a fortement diminué dans tous les grands secteurs industriels, avec des pertes d’emplois particulièrement lourdes dans les secteurs des loisirs et de l’hôtellerie », indique le BLS. Sur les 20,5 millions d’emplois détruits en avril, ces deux secteurs totalisent 7,7 millions d’emplois perdus. L’emploi manufacturier a de son côté effacé 1,3 million de postes.

Chiffre sous-estimé
Le taux de chômage pourrait malgré tout être sous-estimé. Alors que des salariés « en emploi mais pas au travail » auraient dû être comptabilisés comme temporairement sans emploi, selon les recommandations du BLS qui y voit un effet direct des conséquences de la pandémie, cela n’a pas été le cas pour beaucoup d’entre eux, estime l’institut statistique. En retraitant cette donnée, il estime que le taux de chômage serait près de 5 points supérieur, donc proche de 20 %. Le nombre de personnes qui ne recherche plus un emploi et ne sont donc plus considérées comme au chômage a par ailleurs presque doublé en avril, à près de 10 millions.

Le taux d’emploi des plus de 16 ans, déjà très bas aux Etats-Unis, a au total chuté de 8,7 points en un mois pour s’établir à 51,3 %, alors qu’ il était resté supérieur à 58 % lors de la crise financière de 2008. L’enquête réalisée par le BLS auprès des ménages la semaine du 12 avril pour établir le chiffre du chômage est toutefois plus fragile que les précédentes : compte tenu des difficultés à organiser et joindre les foyers, le taux de réponse s’est établi à 70 %, 13 points en deçà du niveau habituel, indique le BLS.

Nouveaux inscrits
La dernière semaine d’avril, 3,2 millions d’Américains ont à nouveau fait une demande d’allocation-chômage, selon les chiffres du Département du travail publiés jeudi , portant à 33,5 millions leur nombre depuis le début de la crise. Le nombre de nouveaux inscrits baisse depuis le pic hebdomadaire à 6,9 millions de nouveaux inscrits enregistré fin mars, mais de grandes entreprises continuent à annoncer des plans massifs de suppressions de postes.

L’explosion du taux de chômage va rapidement avoir des conséquences sur la couverture santé des anciens salariés, qui l’obtiennent normalement en même temps que leur emploi. « Nous estimons qu’avec un taux de chômage de 20 %, environ 25 millions de personnes perdront leur couverture », indique une étude de Urban Institute. Parmi elles, 12 millions pourraient être assurées par le système public Medicaid, et 6 millions pourraient acheter une assurance privée, mais 7 millions de personnes ne seraient plus assurées, prévoit l’institut.

La reprise de l’activité sera progressive
Après le choc brutal enregistré en mars et avril, des Etats américains commencent à lever les restrictions d’activité et de circulation, laissant espérer une accalmie. Parmi les demandes d’allocation figurent des salariés placés en congé sans solde par leur entreprise, qui espèrent encore retrouver leur poste quand l’activité reprendra.

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« Des enquêtes et des annonces d’entreprises indiquent une forte demande pour certains services comme la logistique, la livraison et certains types de vente au détail », note aussi la Réserve fédérale de Cleveland, l’une des branches régionales de la banque centrale américaine. Elle prévoit ainsi que le taux de chômage reflue rapidement, pour atteindre 7,5 % en fin d’année.

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Véronique Le Billon (Bureau de New York)

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