Covid-19 : en France, une triple fracture vaccinale

People wait to receive a dose of a Pfizer/BioNTech Covid-19 vaccine at a vaccination centre set up at the exhibition hall in Nantes, western France, on April 9, 2021. / AFP / LOIC VENANCE

Les données calculées par le géographe de la santé Emmanuel Vigneron mettent en évidence une France divisée sur le plan de la vaccination entre Nord-Ouest et Sud-Est, entre centres urbains et périphéries, ainsi qu’entre communes riches et pauvres.

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C’est une photographie inédite de la France vaccinée contre le Covid-19, et de celle qui ne l’est pas, ou moins. A l’heure où l’Etat s’attelle à durcir les règles du passe sanitaire pour inciter le plus grand nombre à la vaccination, sur fond de reprise épidémique, plusieurs lignes de « fracture » vaccinale traversent le pays.

Un territoire bien vacciné dans l’Ouest et le Nord, en retard dans le Sud-Est ; mieux dans les villes qu’aux périphéries ; plus fortement dans les communes aisées, moins chez les plus défavorisées… En s’appuyant sur les dernières données de l’Assurance-maladie publiées le 19 juillet, Emmanuel Vigneron, géographe de la santé, a calculé un « indice comparatif de la vaccination », à l’échelle des intercommunalités. Et ce, en écartant un biais majeur qui peut parfois constituer « l’arbre qui cache la forêt » : l’effet de l’âge.

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Dans une campagne vaccinale où cette caractéristique, principal facteur de risque face à la maladie, a déterminé l’accès à la vaccination au fil des derniers mois, la composition de chaque territoire, plus ou moins âgé, peut en effet masquer la réalité du niveau de vaccination atteint. « Grâce à cette méthode, on peut voir les phénomènes culturels, sociaux, économiques, qui jouent dans le niveau de vaccination de la population selon les territoires, indépendamment de l’âge », résume le professeur Vigneron.

« Refus de ce qui vient de “Paris” »

L’indice révèle ainsi une France divisée par une diagonale qui part du sud-ouest de l’Occitanie jusqu’à l’est du pays autour de Mulhouse (Haut-Rhin), séparant un Nord et une grande partie de l’ouest du pays bien vaccinés, quand le Sud-Est, au premier rang duquel la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, et une partie du centre du pays accusent un fort retard. « C’est ici un grave défi posé aux politiques vaccinales quand on connaît la recrudescence actuelle de l’épidémie dans les Pyrénées-Orientales, l’Hérault ou sur la Côte d’Azur », pointe M. Vigneron.

Indice de vaccination des intercommunalités* par rapport à la moyenne française, en % au 4 juillet (sur le nombre cumulé de premières doses)

Territoires sous-vaccinés
par rapport à la moyenne française
Moyenne
France
Territoires sur-vaccinés
par rapport à la moyenne française

* sauf pour la Métropole du Grand Paris, la Métropole de Lyon et la métropole Aix-Marseille-Provence (données communales) et Paris, Lyon, Marseille (données à l’arrondissement)

Métropole du Grand Paris

Métropole de Lyon

Marseille

Guadeloupe

Martinique

Guyane

La Réunion

Mayotte

Une opposition est-ouest qui ne suit surtout en rien l’intensité de l’épidémie du Covid-19 des seize derniers mois. Celle-ci a touché de plein fouet le Sud autour de Nice, la Côte d’Azur, Marseille, lors des deuxième et troisième vagues, ou encore le Haut-Rhin dès la première vague, des territoires qui ne se sont pas précipités sur le vaccin, au contraire. A l’inverse, la Bretagne et la Nouvelle-Aquitaine, bien moins éprouvées, figurent parmi les plus vaccinées. La pointe du Finistère-Nord arrive en tête des intercommunalités les plus avancées dans la vaccination, quand les territoires ultramarins de Guyane, Guadeloupe et Martinique ferment le peloton.

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